Politique de la ville

Amiens compte désormais sept Quartiers prioritaires

Situé au sud-ouest d’Amiens, le secteur Elbeuf-Lescouvé a rejoint, en début d’année, la liste des Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Apparus en 2015, les QVP sont définis par un système de quadrillage, appelé carroyage, qui permet de rassembler et d’analyser des données.

Le quartier Elbeuf-Lescouvé rejoint les Quartiers prioritaires de la ville. @Aletheia Press/ DLP
Le quartier Elbeuf-Lescouvé rejoint les Quartiers prioritaires de la ville. @Aletheia Press/ DLP

« On regarde à la fois le nombre de personnes résidant dans le quartier ciblé et le revenu par habitant », résume Guy Penaud, vice-président d’Amiens Métropole en charge de l’Habitat et de la rénovation urbaine.

L’État avait retenu six quartiers, il y a près d’une décennie : Amiens Nord, Étouvie, Salamandre-Marcel Paul, Phileas Lebesgue-Condorcet, les Parcheminiers et Pierre Rollin. En ce début d’année, le secteur Elbeuf-Lescouvé a intégré le dispositif. Une satisfaction pour les élus locaux qui participent au travail de détection mais n’ont pas de pouvoir décisionnaire. « Globalement, le résultat correspond aux échanges que nous avons eus avec les services de l’État », confirme Guy Penaud.

Des associations et des aménagements

La classification en QPV doit faciliter l’arrivée d’associations agissant sur la parentalité, l’insertion professionnelle ou la pratique sportive. Un point intéressant pour Mélisa Bronchart et Addwyn Viollat, respectivement directrice-adjointe et directeur du centre social Elbeuf. « Le tissu associatif est plutôt faible ici », regrettent-ils.

Ils constatent également l’absence d’infrastructures – parcs de jeux, bancs, terrains sportifs – qui permettraient aux familles et aux jeunes de se retrouver. « Il n’y a rien pour eux. Les habitants ont pris l’habitude de se réunir au centre social, mais les conditions d’accueil ne sont vraiment pas optimales », pointent-ils. La difficulté d’accès aux services publics est aussi un vrai problème au quotidien. « Le quartier est enclavé et les bus sont peu nombreux. C’est vraiment compliqué de se déplacer », observe Mélisa Bronchart.

Si des représentants de la Métropole sont venus échanger avec les habitants pour recenser leurs besoins, personne ne sait encore quelles actions seront mises en place pour améliorer la qualité de vie. « Nous sommes en phase de réécriture du Contrat de ville avec l’État, nous visons une signature dans le courant du premier semestre 2024. Nous avons aussi d’ores et déjà organisé une réunion pour permettre aux associations de déposer leur demande de financement », détaille Guy Penaud, conscient de l’urgence à agir.

Le centre social Elbeuf sert aujourd’hui de point de rencontre pour les habitants du quartier. @Aletheia Press/ DLP

L’épineuse question des moyens

Si Amiens Métropole annonce une enveloppe pour tous les Quartiers prioritaires d’un montant de 1,4 million d’euros et que la Région finance certaines actions du Contrat de ville à hauteur de 123 000 euros, reste la question des moyens accordés par l’État. En 2023, ceux-ci s’élevaient à 2,2 millions d’euros. « Il nous a été indiqué que même en cas de nouveau quartier prioritaire, il faudra fonctionner avec des moyens constants. Les associations d’élus ont demandé à l’État de revoir cette position qui n’est pas tenable ! Pour l’instant, c’est en phase d’arbitrage », soupire Guy Penaud.

Même si le dispositif a permis d’engager d’importantes transformations urbaines, notamment à Amiens Nord, les changements liés au classement QPV du quartier Elbeuf-Lescouvé interrogent les acteurs du centre social. « L’argent ne va de toute façon pas pleuvoir », sourient Mélisa Bronchart et Addwyn Viollat, qui préfèrent rester pragmatiques en attendant d’éventuelles bonnes nouvelles.