Amazon investit 7,8 milliards d'euros dans le "cloud" souverain européen en Allemagne

Le géant américain du e-commerce et du numérique Amazon a annoncé mercredi qu'il allait investir, via sa filiale spécialisée dans l'informatique dématérialisée (ou "cloud") AWS, 7,8 milliards d'euros en Allemagne d'ici à 2040, afin...

Le stand d'Amazon Web Services (AWS) au salon ISE de Barcelone, le principal salon mondial de l’audiovisuel et de l’intégration des systèmes, le 31 janvier 2023 © Pau BARRENA
Le stand d'Amazon Web Services (AWS) au salon ISE de Barcelone, le principal salon mondial de l’audiovisuel et de l’intégration des systèmes, le 31 janvier 2023 © Pau BARRENA

Le géant américain du e-commerce et du numérique Amazon a annoncé mercredi qu'il allait investir, via sa filiale spécialisée dans l'informatique dématérialisée (ou "cloud") AWS, 7,8 milliards d'euros en Allemagne d'ici à 2040, afin de soutenir le développement du cloud souverain européen.

Le "cloud souverain européen", tel qu'envisagé par les principaux acteurs du secteur, tous américains, vise à installer sur le territoire de l'Union européenne des serveurs qui pourront accueillir les données sensibles des entreprises, services publics ou particuliers européens, en assurant qu'elles restent bien sous la législation - notamment concernant la protection des données dans l'UE -, plus stricte qu'aux Etats-Unis par exemple.

La question d'un cloud souverain est considérée comme stratégiquement essentielle en Europe, où près de 80% du marché du cloud à destination des services publics est contrôlé par trois groupes américains, AWS, Google et Microsoft, alors que des alternatives européennes peinent à se démarquer.

Mais les Etats comme les entreprises hésitent à y héberger leurs données les plus sensibles, du fait des risques d'accès par des tiers, en particulier par les autorités américaines.

AWS (Amazon Web Services) assure, dans son communiqué, que son cloud souverain européen sera une structure de serveurs indépendante, pour l'Europe, "mise en place pour apporter plus de choix aux organisations du secteur public et industries très réglementées afin de répondre à leurs besoins en terme de souveraineté".

Il doit permettre aux clients d'AWS de "répondre à des exigences strictes en matière d'autonomie opérationnelle et de résidence des données au sein de l'UE, avec des infrastructures totalement locales, dans l'UE, et opérées indépendamment des autres régions".

Infrastructures européennes

"Cet investissement renforce notre engagement à offrir à nos clients l'offre la plus poussée en terme de respect de la souveraineté, de protection des données privées et de l'ensemble des options de sécurité disponibles sur le cloud. Nous investissons fortement afin d'aider à fournir la souveraineté opérationnelle que nos clients demandent", a expliqué le vice-président de la branche "cloud souverain" d'AWS, Max Peterson, cité dans le communiqué.

Il s'agit du second investissement majeur d'AWS au sein de l'UE en moins d'une semaine: l'Elysée s'est félicité dimanche, à l'occasion du sommet Choose France de Versailles, d'un investissement de 1,2 milliard d'euros dans l'Hexagone, également sur l'infrastructure cloud ainsi que l'intelligence artificielle (IA), avec 3.000 emplois direct à la clef.

L'annonce intervient par ailleurs alors que la Commission européenne cherche à aider au développement d'entreprises européennes capables de développer des infrastructures de cloud, afin d'y héberger les données les plus sensibles.

Fin 2023, elle a ainsi annoncé la mise en place d'une enveloppe de 1,2 milliard d'euros de financement public, dans le cadre d'un projet important d'intérêt européen commun (PIIEC), qui "devrait permettre de débloquer 1,4 milliard d'euros d'investissements privés supplémentaires" afin d'aller dans ce sens.

Les PIIEC permettent à plusieurs Etats européens de se regrouper pour financer le développement d'une industrie dans un secteur considéré comme essentiel au niveau européen, tout en respectant les règles européennes en matière de subvention des entreprises.

Celui consacré au cloud regroupe l'Allemagne, l'Espagne, la France, la Hongrie, l'Italie, les Pays-Bas et la Pologne, ainsi que 19 entreprises, dont les opérateurs Orange et Telefonica, le conglomérat Siemens, ainsi que Capgemini, OVH ou Atos.

Face aux difficultés d'Atos, lourdement endetté, le gouvernement français a cependant annoncé fin avril, qu'il engageait les négociations en vue d'acquérir les activités souveraines du groupe.

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