Alimentation au travail : sujet crucial

Le concept de qualité de vie au travail est apparu dans les années 50. Longtemps, il s’en est tenu au poste de travail autour de l’ergonomie ou de la diversité des tâches. Il s’est élargi progressivement, vers une prise de conscience des pouvoirs publics et une dimension plus globale des impacts du travail sur la santé physique et mentale des salariés. Aujourd’hui, il s’agit aussi de renforcer le bien-être psychologique et social des collaborateurs de l’entreprise. Laquelle est désormais attendue et partie prenante des politiques de prévention santé, notamment dans la gestion et le pilotage des risques physiques et psychologiques sur le lieu de travail : accidentologie, addictions, stress, burn-out. Quant à la nutrition, elle fait encore trop rarement partie des sujets prioritaires d’un directeur des ressources humaines ou d’un décideur. Pourtant, elle trouve tout à fait sa place dans le cadre du travail. C’est une évidence, mais sans nourriture, pas d’énergie pour se lever, aller travailler et effectuer les tâches attendues. L’impact de la récente réforme des retraites et l’allongement de la durée de vie professionnelle ajoutent à la nutrition un rôle stratégique dans les politiques de prévention santé, aux côtés des enjeux RH : absentéisme, TMS (Troubles Musculosquelettiques), RPS (Risques Psycho-Sociaux), risques d’accidents de travail, marque employeur, démarche RSE. La nutrition touche à des aspects personnels et culturels, ce qui peut rendre les managers réticents à s’immiscer dans les habitudes alimentaires de leurs salariés. Or, il est tout de même possible pour l’entreprise de faire de la prévention sur les risques nutritionnels au travail. Par exemple, en aidant quotidiennement ses collaborateurs à adapter leur organisation pour anticiper une gamelle équilibrée, surtout quand l’offre alimentaire proche du lieu de travail est limitée. Ou encore en les soutenant à faire les bons choix alimentaires pendant leur pause méridienne, quand ils sont en mobilité ou en déjeuner professionnel. Il faut savoir qu’un salarié sur deux aimerait être mieux dépisté sur les maladies graves ou les facteurs de risques comme le diabète, l’hypertension, le cholestérol.

Attention aux faux amis

Les entreprises sont toujours à la recherche de nouvelles façons d’attirer et de retenir des talents et de satisfaire leurs employés. Parfois, les bases sont négligées et n’ont pas assez d’importance dans une organisation générale. Avoir de bonnes habitudes alimentaires est essentiel pour maintenir un poids santé, de bons niveaux d’énergie, une santé mentale équilibrée. Des études ont montré que le contraire peut affecter la productivité d’une équipe jusqu’à 20 % : aliments contenant trop de sel, de sucre, de graisses saturées. Par conséquent, les maladies chroniques que sont l’obésité, les maladies cardiaques, un taux de cholestérol élevé, un diabète de type 2, l’hypertension artérielle, certains cancers, augmentent l’absentéisme et les coûts collectifs de santé. Certes, les habitudes ne sont pas faciles à changer. L’entreprise, parce qu’elle est une entité de repères et structurante dans notre vivre ensemble, peut jouer un rôle pédagogique moteur. Si la nutrition est importante pour tous, beaucoup de personnes ne suivent pas toujours les directives saines au quotidien par manque de temps, de conseils, de motivation. Beaucoup d’entre nous pensent manger correctement alors que ce n’est pas le cas. Internet et les réseaux sociaux ne nous ont jamais apporté autant d’informations. Mais bien trop d’entre elles sont médiocres et donnent de mauvaises indications, quand elles ne présentent pas de caractère de dangerosité pour notre santé. La majorité des salariés passent environ huit heures au travail. La plupart ont tendance à faire des erreurs alimentaires durant ce laps de temps. Qui ne s’offre pas parfois une barre chocolatée ou un gâteau ? Qui ne boit pas trop de café ? Qui ne mange pas de chips l’après-midi ? Dans une alimentation saine, il n’y a pas de place pour ce type de plaisirs. Des excès mènent à la nervosité, l’irritation, la déshydratation, la diminution des performances mentales, aux maux de tête. Travailler à jeun est compliqué. Quand la faim survient, la restauration rapide ou les distributeurs automatiques sont la solution de facilité. Pourquoi ne pas proposer en entreprise des collations saines à portée de main : noix, fruits, chocolat noir ? De bonnes options pour stimuler l’énergie et le bien-être dans la sphère travail. La nutrition, au carrefour entre vie professionnelle et vie personnelle, peut être placée comme un élément central d’une stratégie d’entreprise. La culture d’entreprise passe par la bonne santé de ses salariés.