Alexianne Gester-Zabé réussit son défi
Alexianne Gester-Zabé a repris en 2012 la société familiale spécialisée dans la peinture. Un itinéraire qui n’a rien d’un long fleuve tranquille pour cette jeune patronne du bâtiment passée par sept ans d’apprentissage.
«Avoir à ses côtés à la fois un entourage solide et des personnes compétentes, savoir déléguer… et ne pas se laisser faire !» Alexianne Gester-Zabé trouve les mots justes pour dessiner son parcours. Elle qui est née en 1986 à Boncourt dans le Pays-Haut poursuit d’abord un cursus d’études dans l’électrotechnique, avec quatre ans d’apprentissage. Un choix qui ne doit rien au hasard : «Je savais que je voulais travailler dans le bâtiment, pas forcément dans l’électricité d’ailleurs. Être à mon compte, j’y ai toujours pensé.» À 22 ans, elle est maman de son 1er enfant. La suite, elle la raconte, avec la sincérité qui la caractérise : «J’ai décidé de me reconvertir. Mon père Patrick tenait une entreprise artisanale de peinture depuis 1981. J’en ai longuement parlé avec lui et ensemble nous avons décidé que je reprendrai l’affaire la dernière année avant sa retraite». Alexianne Gester-Zabé repart à la base, obtient un CAP et un BP de peintre, avec trois nouvelles années d’apprentissage, avant d’être embauchée comme ouvrière qualifiée dans l’entreprise paternelle. Tout fonctionne selon le plan préétabli avec un partage d’expériences lui permettant d’appréhender tant la partie terrain que les domaines administratifs, commerciaux, le contact client. Mais Patrick Zabé connaît soudainement d’importants problèmes de santé, si bien que sa fille se retrouve contrainte d’accélérer le processus de reprise : «Du jour au lendemain, j’ai été projetée chef d’entreprise. Une période délicate car j’attendais à l’époque mon second enfant. Nous avons fait face avec ma mère Sandrine et mes sœurs. Avec les salariés, nous sommes restés soudés pour passer ce cap difficile.»
Être femme dans le bâtiment
Au sortir de sa maternité, Alexianne Gester-Zabé prend pleinement les rênes de l’entreprise. Elle garde confiance en ceux qui travaillaient pour son père, embauche de nouvelles personnes dont un apprenti. À ce propos, elle note : «Si l’apprenti est sérieux et travaille bien, pourquoi s’en séparer ?» La nouvelle patronne concrétise une idée qui lui tenait à cœur : «ouvrir un magasin de vente de peintures, tout en conservant l’activité originelle». En 2014, elle reçoit le 1er prix départemental de la création, reprise d’entreprises au féminin par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Lorraine. Dans une branche qui reste masculine, Alexianne Gester-Zabé a su s’imposer. Mais ce ne fut pas une sinécure : «De plus en plus de femmes travaillent dans le bâtiment. Des préjugés demeurent même si cela s’améliore. Les gens vous acceptent à partir du moment où vous montrez vos compétences. Si j’ai un souci technique, je sais que je peux toujours demander à mon père. Ses conseils sont les bienvenus. Le savoir présent rassure aussi ses plus anciens clients !» L’entreprise balaie un champ géographique de Jarny à Metz et œuvre en isolation, peinture du sol au plafond, en intérieur et extérieur. Dans des journées qui peuvent s’étaler de 7 h à 19 h, Alexianne Gester-Zabé ne ménage pas sa peine entre chantiers, établissements de devis, rendez-vous clientèle. Elle n’en perd pas son sourire : «Entre mon métier, mon rôle d’épouse et de mère, il me faut être super organisée. J’ai la chance d’avoir un compagnon hyper compréhensif et une mère qui reste mon pilier.» De conclure : «Je n’ai pas vu le temps passer. Je me donne à fond. Mais rien n’aurait été possible sans le soutien de mon entourage.» Cette abnégation dans la transmission familiale caractérise bien cette trajectoire empreinte de valeurs. Celles d’une battante assurément.