Alerte rouge aux crues dans le Pas-de-Calais, la patience des habitants à l'épreuve
Une cinquantaine de personnes ont été évacuées mardi dans le Pas-de-Calais, à nouveau en vigilance rouge aux crues, mettant les nerfs des habitants à rude épreuve un mois et demi...
Une cinquantaine de personnes ont été évacuées mardi dans le Pas-de-Calais, à nouveau en vigilance rouge aux crues, mettant les nerfs des habitants à rude épreuve un mois et demi après un épisode de crues historique.
L'Aa, traversant Saint-Omer, doit atteindre des "niveaux exceptionnels (...) dès la soirée" de mardi, prévient Vigicrues, qui classe ce fleuve côtier en rouge et les principaux autres cours d'eau du département en orange.
Le Nord, la Meurthe-et-Moselle et le Finistère ont été placés en vigilance orange aux crues. Ils ont été rejoints dans la soirée mardi par les Ardennes, la Meuse et la Moselle. Des inondations ont touché la Loire-Atlantique, nécessitant le relogement d'une vingtaine de personnes dans ce département, selon la préfecture.
"Nous avons procédé pour la seule journée d'aujourd'hui à près de 50 évacuations", a annoncé le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, lors d'un point-presse. Le département pourrait enregistrer "près de 100 mm de pluie" cumulés en six jours entre samedi dernier et jeudi, a-t-il ajouté.
Des "moyens très conséquents, de pompage en particulier", vont être déployés, par l'intermédiaire notamment de "réquisitions" dans le secteur privé et d'une aide en provenance d'autres Etats européens, a précisé le directeur général de la sécurité civile au ministère de l'Intérieur, Julien Marion.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé sur X avoir donné instruction "de renforcer le dispositif de secours" avec 120 nouveaux sapeurs-pompiers et des militaires de la sécurité civile.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a échangé au téléphone avec les maires de Saint-Omer et de Blendecques pour les assurer de son soutien et de celui de l'Etat, a appris l'AFP auprès de son entourage.
A Quernes dans le Pas-de-Calais, on est "fatigués, ras le bol", lance Josiane Tripper, 63 ans, déjà sinistrée en novembre, et qui se prépare à dormir dans la mairie avec une petite dizaine de personnes.
"On a toujours peur maintenant, dès qu'il pleut on a peur, on vient voir la rivière, même en pleine nuit", explique la sexagénaire dont le mari ramène les sinistrés vers la mairie en tracteur.
A Bourthes, village traversé par l'Aa, Roland Coeugnet, juché sur un tracteur prêté par des voisins, vient récupérer quelques affaires dans sa maison avant d'aller se réfugier chez son fils.
"J'espère que cette fois-ci, ça ne montera pas si haut, parce qu'on a dû refaire des achats" depuis la crue précédente, confie le retraité.
Avec des sols gorgés d'eau, "dès qu'il pleut 30 mm, à chaque fois, on est sous l'eau", ajoute un autre habitant, David Merlot, chauffeur routier.
Pâtures gorgées d'eau
A Rebecques, un camping logeant une cinquantaine de personnes à l'année a été inondé, et 17 personnes mises à l'abri dans une salle des fêtes.
Gaëtane Willot, 49 ans, qui vit au camping avec son mari et ses trois enfants, est assez sereine malgré cette seconde évacuation en quelques semaines, car son mobil home est surélevé par ses roues. "On n'a rien perdu la première fois", explique-elle.
Aux alentours, les pâtures gorgées d'eau débordent sur la route.
Liane, Hem, Canche, Lys... la plupart des cours d'eau du Pas-de-Calais et certains du département du Nord ont été classés en vigilance orange aux crues.
Dans ses prévisions établies à 16H00, Météo-France a classé le Pas-de-Calais en vigilance orange pour pluie-inondation à partir de mercredi 06H00.
En novembre, près de trois semaines d'inondations dans le département ont fait cinq blessés légers et d'importants dégâts, touchant des milliers d'habitations, parfois inondées à plusieurs reprises à quelques jours d'intervalle, mais aussi des exploitations agricoles, commerces et entreprises.
"Les habitants ont peur de revivre le même scénario qu'il y a deux mois", résume Philippe Macrel, adjoint au maire de Neuville-sous-Montreuil où un seul accès restait praticable en voiture mardi.
"Je me retrouve dans la même situation qu'il y a deux mois", constate Thomas Quandalle, éleveur de vaches laitière à Bréxent-Enocq, près de Montreuil-sur-Mer, qui a dû pour la troisième fois depuis début novembre envoyer une cinquantaine de bêtes chez d'autres éleveurs, alors que l'eau envahissait ses étables.
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