Alain Bocquet : “un cadre à la fois ambitieux et évolutif !”

La CAPH clôt la ronde des 22 zones que la Région a définies pour signer le plan local de développement économique. La collaboration voulue en 2010 entre le Conseil régional et ces 22 conseils de gouvernance a pour but de s’épauler mutuellement, de densifier les actions et de renforcer les identités territoriales, facteur d’attractivité et de développement…

Pierre de Saintignon (à gauche) et Alain Bocquet scellent leur union dans le cadre du dernier PLDE à finaliser dans la région après trois ans d’élaboration.
Pierre de Saintignon (à gauche) et Alain Bocquet scellent leur union dans le cadre du dernier PLDE à finaliser dans la région après trois ans d’élaboration.

 

Pierre de Saintignon (à gauche) et Alain Bocquet scellent leur union dans le cadre du dernier PLDE à finaliser dans la région après trois ans d’élaboration.

Pierre de Saintignon (à gauche) et Alain Bocquet scellent leur union dans le cadre du dernier PLDE à finaliser dans la région après trois ans d’élaboration.

C’est fait ! En signant avec Alain Bocquet à Wallers- Arenberg la charte d’engagement du PLDE, Pierre de Saintignon, premier vice-président du Conseil régional chargé des questions économiques, met un terme à deux ans de vadrouille dans la région. Deux ans de travail, de persuasion et d’explications pour nouer un lien fort entre le Conseil régional et 22 territoires qui auront installé leur conseil de gouvernance composé de plusieurs associations et organismes divers qui contribuent tous à la vie économique locale.
En novembre 2009, la machine du PLDE était lancée à Wallers- Arenberg par Francis Berkmans, vice-président de la CAPH chargé du développement économique, et René Dubus, directeur. Tous deux ont piloté les travaux préparatoires avec l’aide du cabinet E21 et les groupes de travail. Le document était ensuite validé par l’intercommunalité hennuyère puis par la Région. Pierre de Saintignon s’est dit impressionné par la puissance de cet EPCI, par l’ “énorme contenu” du PLDE, la diversité des partenaires de la CAPH (par exemple l’Université du Hainaut, la Chambre des métiers et de l’artisanat, et le Conseil de développement) et l’ampleur de la concertation.

Penser à la taille mondiale. Cette signature suivait de quelques jours l’élection présidentielle et le premier vice-président de la Région a tenu à dire quelques mots sur la nouvelle situation : “Le précédent gouvernement ne croyait pas à la décentralisation, aujourd’hui de nouvelles portes s’ouvrent, on voit une force qui se manifeste de nouveau.” Il espère avoir des interlocuteurs qui mettent au coeur du processus plus de jeunes, d’artisans, s’appuyant sur nos pôles d’excellence, et en lien avec l’entreprise, avec la volonté de récupérer les friches industrielles. “On se connaît tous, poursuit-il, mais aujourd’hui on va pouvoir travailler ensemble !” A quelle échelle ? La plus grande possible. Car sur le site internet de la Région, le cabinet de réputation internationale Experian Marketing Services se livre à une analyse stupéfiante à base de données chiffrées qu’ il a longuement recueillies et digérées. Desquelles il ressort que le Nord-Pas-de-Calais élargi à un rayon de 300 km – avec donc Londres, Paris, Bruxelles, Anvers, Amsterdan, Rotterdam et la Ruhr pour ne citer que les principales places économiques de proximité, mais aussi financières et humaines et qui sont des lieux de production, d’échanges et de consommation – peut avoir un énorme impact économique sur les cinq continents. Cette immense zone de chalandise est à 1h30 de TGV de chaque point important de la région Nord-Pas-de-Calais. Sa puissance en termes de consommation est évaluée par le cabinet à 1 900 milliards d’euros, devenant la 1ère en Europe et la 3e dans le monde. “Nous ne sommes déjà plus à l’échelle de la ville de Lille, poursuit Pierre de Saintignon, ni de LMCU, ni de la simple Région. C’est à une échelle plus vaste mais cohérente qu’il faut songer. Nous ne sommes pas cette 3e puissance économique mondiale, mais nous pouvons le devenir !” Il y a donc une continuité dans l’installation des conseils de ces 22 conseils de gouvernance, la Région et une sphère nord-européenne de Londres à Paris et d’Amsterdam à Duisburg, dont Lille est le centre géographique avec son hub autoroutier. C’est d’ailleurs pour cela que le vice-président de la Région insistait à chaque passage dans l’une des 22 zones régionales pour qu’elles se dotent d’une identité forte afin d’être attractives dans la perspective de cette grande zone européenne marchande.

Trois dossiers et un vaste programme en perspective. La “déconstruction” ferroviaire, la fabrique à images dans le cadre du pôle Images régional et le village artisanal du Saubois (Saint-Amand) évoqués par Alain Bocquet ont en écho deux autres projets mentionnés par Pierre de Saintignon : le pacte pour l’avenir et l’emploi des jeunes, puis la plate-forme territoriale. On pourrait y ajouter le thermalisme et le tourisme en général qui ont besoin de dynamisme et d’équipements en attendant que le chantier du Seine Nord démarre enfin la réhabilitation de nombreuses friches industrielles. Avec environ 30 ZA, la CAPH – qui compte 39 communes, courtisée récemment par bien d’autres, 150 000 habitants – jouxte LMCU, la CA Douaisis, Valenciennes Métropole et la CA Cambrésis, sans oublier l’entité de Tournai et de la province du Hainaut belge, membre à part entière de la Région wallonne.

Première des priorités : l’économie. La loi n’a pas eu besoin de placer le développement économique parmi les deux compétences obligatoires des EPCI, la CAPH s’en serait emparée de toute façon puisque 50 projets d’établissements d’entreprises ou de projets d’activité sont traités en revolving par le service de développement économique. Les capacités de programmation sont de 30 M€, et de paiement annuel, de 15. Selon le récent Scot, chaque jour 435 m2 de foncier économique sont commercialisés sur l’ancienne friche. Pour l’instant, plus de 100 entreprises sont installées sur ce territoire qui absorbera en 2014, dans le cadre de la réforme territoriale (sauf modifications étatiques de dernière minute), une autre ZA proche de l’A23 et de la sortie 3, particulièrement dynamique, celle de Sars-et-Rosières, ainsi que l’EPCI de la CCRVS. Enfin, une cinquantaine de projets de PME en dix ans ont été et sont toujours financièrement soutenus, ils ont créé plus de 1 300 emplois. La part des TPE aidées s’élève même à 120 projets aidés pour un montant de 5 M€. La CAPH a enfin contribué à installer une nouvelle BGE spécifique à Denain (avec depuis avril 2012 une couveuse) et s’oriente de plus en plus vers le soutien de projets fédérateurs plutôt que d’implantations d’entreprises, et ce, en raison de leur mobilité due aux aléas du marché.

Réindustrialiser ! Mais le chantier sur lequel, avec la Région, la CAPH veut aujourd’hui travailler en priorité, c’est celui de réindustrialisation du Valenciennois. Les dossiers de Sevelnord, PSA, LME, de la centrale EDF de Bouchain, de GSK à Saint-Amand ou d’Alstom et Valdunes ont marqué les esprits des élus. Ils veulent donc, via ce PLDE, apporter encore plus dans le domaine du crédit finançant les investissements des PME-PMI. Les faibles prévisions de croissance mesurées par le cabinet d’experts Astéres pour 2012 rendent plus urgentes des mesures publiques concernant la résorption du chômage sur la CAPH et la formation professionnelle des jeunes. Pour Alain Bocquet, ce PLDE va pouvoir mutualiser les volontés et les moyens avec la Région, dans les domaines cités plus avant, mais aussi en collant aux évolutions prochaines de la situation économique.
Quant au PLDE de la CAPH, il compte sept grands axes de travail que l’on pourra détailler en allant sur le site internet de cette intercommunalité. Citons aussi une étude de conjoncture à consulter, disant notamment que 730 entreprises, dont 414 en autoentreprenariat, ont vu le jour en 2011 (un peu moins qu’en 2010), avec un taux de création qui reste supérieur en chiffres constants à ceux de la région Nord-Pas-de-Calais, et en particulier dans le commerce et les services.