Initiatives Paysannes
Aisne : le renouvellement des générations et la transmission des fermes au cœur des enjeux de l’agriculture
Un temps d’échange organisé par Initiatives Paysannes, en partenariat avec Géodomia dans l’Aisne, a permis d’évoquer les questions du renouvellement des générations et de la transmission des fermes. Des sujets cruciaux pour l’agriculture et en particulier dans la région Hauts-de-France où le nombre d’exploitations agricoles est en baisse.
Comment transmettre sa ferme ? À qui et dans quelles conditions ? Ces questions sont essentielles dans le domaine de l’agriculture dont l’avenir en dépend en grande partie. L’association Initiatives Paysannes dont le but est précisément d’accompagner la transmission des fermes, leur installation et de sensibiliser aux enjeux de l’agriculture paysanne, organise des temps d’échange comme ici à Géodomia à Merlieux-et-Fouquerolles, près de Laon.
Marie Chesneau, animatrice transmission de l’association, délivre sous forme de quizz des données parlantes sur le sujet à une dizaine de participants qui ont transmis leur exploitation et évoquent leur expérience ou qui cherchent à la transmettre et ont des questionnements. Dans les Hauts-de-France apprend-on, on ne comptait plus en 2020 que 23 463 exploitations agricoles contre 27 311 dix ans plus tôt.
51% des agriculteurs sont susceptibles de prendre leur retraite d’ici dix ans
« Soit les terrains sont partis dans l’agroalimentaire, soit ils ont été dédiés à un autre usage que l’agricole, signale Marie Chesneau. La surface moyenne des fermes s’est dans le même temps réduite, passant de 91 hectares en 2010 à 79 en 2020. » Les chiffres de l’association démontrent aussi que dans le Nord-Pas-de-Calais, il y a davantage de petites fermes qu’en Picardie où les grosses exploitations agricoles sont plus présentes. L’Aisne en particulier compte 4 500 exploitations agricoles en 2020 contre 5 000 en 2010.
L’étude renseigne aussi sur deux données importantes dans le cadre d’une future transmission : l’âge moyen de l’agriculteur dans la région est de 51 ans et 51% d’entre eux sont susceptibles de prendre leur retraite d’ici dix ans. « Quand on pose la question du devenir de leur exploitation dans les trois ans, 28% disent ne pas savoir, 27% disent ne pas envisager de départ immédiat et 31% envisagent de céder leur exploitation, expose Marie Chesneau. Cela veut dire que pour plus de 50% des chefs d’exploitations, cette question n’est pas encore tranchée et cela interroge sur l’avenir de ces terres agricoles. »
Plusieurs films courts sont présentés aux participants et évoquent la transmission des fermes. Les participants s’accordent sur l’importance de conserver ces exploitations sur le territoire mais à qui transmettre ? Bien souvent, cela peut être à un voisin, déjà exploitant agricole. La question d’agrandir les exploitations pour mieux en vivre est posée.
La solution du GFA, le Groupement foncier agricole (GFA), est exposée et peut permettre d’étaler sur plusieurs années le rachat de terres et la pérennisation de ces surfaces agricoles. Pour les jeunes agriculteurs, l’idée d’être doublement actif, c’est-à-dire de conserver une activité et un revenu qui ne dépendent pas de l’exploitation agricole, apparaissent comme une option. Ces propositions suscitent débat et échanges dans la salle. De quoi nourrir sa réflexion pour transmettre sa ferme ou en acheter une.