Airbus maintient son objectif de livraisons malgré les problèmes de fournisseurs
Airbus a promis vendredi de maintenir son objectif de livraisons de 770 avions en 2024 en dépit des problèmes avec ses fournisseurs clés qui mettront, selon l'avionneur européen, encore deux ou trois ans à...
Airbus a promis vendredi de maintenir son objectif de livraisons de 770 avions en 2024 en dépit des problèmes avec ses fournisseurs clés qui mettront, selon l'avionneur européen, encore deux ou trois ans à retrouver leur santé d'avant le Covid.
Christian Scherer, directeur général des avions commerciaux d'Airbus, a reconnu que les derniers chiffres de livraison étaient "décevants" en tentant de rassurer les marchés.
Airbus a livré 50 avions neufs en septembre, un chiffre en faible progression par rapport au mois d'août - généralement creux -, ce qui a inquiété des investisseurs s'interrogeant sur la capacité de l'avionneur à maintenir son objectif, déjà revu à la baisse en juin, à 770 avions contre 800 cette année. Certains ont même avancé qu'Airbus pourrait publier un avertissement avant ses résultats trimestriels attendus le 30 octobre.
"C'est décevant, je l'avoue. On visait un petit peu plus haut", a déclaré Christian Scherer devant l'Association des journalistes de la presse aéronautique (AJPAE).
"La réalité qui se cache derrière n'est pas plus inquiétante que ça. Donc on maintient notre trajectoire", a-t-il assuré.
Maillons faibles
Il a mis le problème de retard dans les livraisons sur le compte des fournisseurs en citant parmi les "maillons faibles" Spirit, qui lui fournit des fuselages et assemble des ailes, et CFM, une coentreprise entre General Electric et Safran Aircraft Engines, l'un des principaux fournisseurs de moteurs.
Spirit, également fournisseur clé de Boeing, avait été gravement affecté lorsque ce dernier avait été contraint de suspendre la production du 737 MAX en raison de problèmes de sécurité. Les problèmes de Spirit ont "des répercussions" sur une chaîne d'approvisionnement d'Airbus qui "est déjà fragile".
Airbus lui apporte son soutien, ayant dépêché des "dizaines" de ses spécialistes sur les deux sites majeurs qui travaillent pour Airbus: à Kingston, en Caroline du Nord et à Belfast, en Irlande du Nord, a fait valoir le responsable.
"Les moteurs de CFM restent sur le chemin critique et je le regrette", a-t-il encore déclaré.
Or, parmi les 10.000 fournisseurs avec lesquels travaille Airbus, "il en suffit d'un qui a un caillou dans la chaussure pour que tout le monde marche moins vite", a-t-il souligné.
Selon une étude confidentielle de la Banque de France révélée début octobre par le magazine Usine Nouvelle, quelque 40 grands sous-traitants aéronautiques qui représentent environ 20% des principaux fournisseurs d'Airbus et de Safran seraient en risque de défaillance.
Marathon après la guerre
"On suit comme le lait sur le feu la santé financière et industrielle de nos fournisseurs. On a des centaines de spécialistes qui sont déployés dans des programmes d'amélioration auprès de nos fournisseurs, là où ils en ont besoin", a souligné Christian Scherer.
Quant à un retour à la stabilité de leur production d'avant le Covid-19, "nous voyons une normale se dessiner en 2027-2028", a-t-il ajouté.
En ce qui le concerne, Airbus tablait initialement sur la livraison de 800 avions cette année, soit un volume proche de celui de 2019, année référence avant que la pandémie de Covid-19 ne torpille le secteur aéronautique. En 2019, le géant industriel avait livré 863 appareils.
Christian Scherer a comparé Airbus à un marathonien qui est en train de courir "le marathon de sa vie", avec un carnet de commandes très solide après "la guerre de Covid" dont Airbus est sorti "victorieux", mais "épuisé".
Les conséquences de la pandémie pèsent toujours sur Airbus qui a vu le départ anticipé à la retraite d'un grand nombre de ses spécialistes. "On a perdu beaucoup de compétence", a regretté M. Scherer. Les embauches ont suivi, mais les jeunes gens "ont besoin de beaucoup de temps" avant de toucher un avion.
Fin septembre, Airbus avait annoncé qu'il allait réorganiser sa production en se concentrant sur les "fondamentaux" pour maintenir la montée en cadence, tout en excluant tout "plan social".
Baptisé LEAD!, "c'est un plan de remise en forme après le Covid" qui prévoit l'abandon des projets non-critiques et le redéploiement des effectifs sur les activités qui constituent "le coeur du métier" d'Airbus, a résumé Christian Scherer.
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