Affaire Jérémie Cohen: le parquet demande le renvoi de deux hommes devant la cour criminelle départementale

Le parquet de Bobigny a demandé début juillet le renvoi de deux hommes devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner et violences en réunion, plus de deux ans après la mort de Jérémie Cohen, jeune homme juif mortellement percuté...

Un tramway passe à Bobigny, le 6 avril 2022, sur les lieux de la mort de Jérémie Cohen, renversé par un tramway le 16 février 2022 © Thomas COEX
Un tramway passe à Bobigny, le 6 avril 2022, sur les lieux de la mort de Jérémie Cohen, renversé par un tramway le 16 février 2022 © Thomas COEX

Le parquet de Bobigny a demandé début juillet le renvoi de deux hommes devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner et violences en réunion, plus de deux ans après la mort de Jérémie Cohen, jeune homme juif mortellement percuté par un tramway, a appris mardi l'AFP auprès du parquet.

Le réquisitoire définitif a été rendu le 3 juillet, a précisé le parquet. 

Le ministère public a demandé un procès pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner", une qualification criminelle, à l'encontre du mis en examen actuellement détenu et pour "violences en réunion" pour le second, libéré sous contrôle judiciaire mais détenu dans une autre affaire.

Il revient désormais au juge d'instruction de décider éventuellement leur renvoi en procès.

Le 16 février 2022 vers 20H00, Jérémie Cohen, 31 ans et porteur d'un handicap léger, traversait les voies ferrées quand il a été percuté par un tramway à Bobigny, juste après avoir été frappé par un groupe.

En arrêt cardio-respiratoire et victime d'un traumatisme crânien, il est décédé à l'hôpital quelques heures après.

Deux mois après les faits, deux hommes de 28 et 24 ans avaient été mis en examen et écroués.

L'affaire avait pris une dimension politique lorsque, quelques jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, le père de la victime avait sollicité Eric Zemmour pour médiatiser le drame.

Le candidat d'extrême droite s'était alors publiquement demandé si Jérémie Cohen était "mort parce que juif".

Mais, un an après les faits, le parquet de Bobigny avait assuré qu'aucun élément n'était venu accréditer le "motif religieux". 

Les deux mis en cause ont admis l'agression mais récusé son caractère antisémite.

D'après leur récit lors de l'instruction, ils ont vu Jérémie Cohen se masturber à côté d'une mère de famille tétanisée avant d'entendre la petite amie de l'un d'eux crier. Elle dit avoir été agressée sexuellement.

Une première altercation survient, durant laquelle les mis en cause assènent plusieurs coups de poing et de pied à Jérémie Cohen, cherchant à le "mettre hors d'état de nuire". Toujours selon leur version, ce dernier se débat, une agrafeuse en main. 

D'après un témoin, ils l'ont frappé alors qu'il était au sol. Ils sont séparés. 

Un second tour de violences éclate peu de temps après. Cette fois-ci Jérémie Cohen est pris à partie par une dizaines de personnes, comme le montre la vidéo filmée par un touriste retrouvée grâce à l'investigation de la famille de la victime, qui ne croyait pas à la thèse initiale de l'accident. 

Désorienté, Jérémie Cohen s'échappe sans être poursuivi, ne voit pas le tram qui arrive à 35 km/h, n'entend pas les cris d'alerte et se fait percuter. 

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