Activité du bâtiment : enfin des éclaircies !
L’année 2015 s’est achevée sur un nouveau recul de l’activité du bâtiment de 3% en volume. Hormis un léger rebond en 2011, il s’agit de la septième année de repli de l’activité. Selon l’Insee, la contribution du secteur du bâtiment à la croissance devrait rester négative pour s’établir à ‑3,2% sur l’ensemble de l’année. En revanche, les mesures gouvernementales favorables aux ménages et à l’investissement public local permettraient un léger rebond en 2016.
En 2015, le logement neuf a poursuivi son recul malgré une réduction en volume moins importante (-3,9%) qu’en 2014 (-11,5%). Les mises en chantier (environ 345 000) enregistrent une réduction de moindre ampleur (-1,9%) que celle de l’activité. Les permis de construire affichent une légère augmentation (+1,6%). La construction individuelle, avec ses 151 725 nouveaux logements, souffre moins qu’en 2014, alors que l’habitat collectif marque une baisse de 2,1%(193 715 unités). Le non-résidentiel chute de 11,3% en volume par rapport à 2014, particulièrement les commerces (-15,3%) et les bâtiments administratifs (-10,4%). Hors locaux agricoles, c’est un recul net de -7,3%, soit 16,9 millions de mètres carrés de surface de plancher qui s’affichent pour les mises en chantier.
L’apathie du marché de l’amélioration-entretien du logement en 2015 (-0,2%) s’explique en partie par la faible perspective de rénovation énergétique, malgré l’instauration du Crédit d’impôt transition énergétique (CITE). L’emploi perd, sur les trois premiers trimestres, près de 30 000 postes (intérim compris) en équivalents temps plein. Toutefois, selon les données de la Banque de France, les entreprises résistent, avec une stabilité des défaillances (-0, 6% sur les dix premiers mois). Cette résistance des entreprises du bâtiment est d’autant plus remarquable que les prix restent très bas et les délais de paiement des clients, longs. Mais cela contribue à la fragilisation de l’appareil de production.
Vers un sursaut de l’activité. Pour 2016, la Fédération française du bâtiment (FFB) évalue le volume de reprise de l’activité à +0,9%. Le logement neuf devrait progresser de 5,5% grâce, entre autres, au maintien de bas taux d’intérêt et à la nouvelle réforme du PTZ+ (prêt à taux zéro) qui va actionner trois leviers : l’augmentation des plafonds, élargissant le socle des ménages éligibles ; la hausse à 40% des quotités de PTZ dans toutes zones ; l’allongement, pour toutes les tranches de revenus, des différés de remboursement (100%).
D’autres instruments vont également entrer en jeu : la prolongation du dispositif Pinel d’incitation à l’investissement locatif privé neuf par une réduction d’impôt significative (comprise entre 12% et 21% du prix du bien) ; l’engagement souple de location sur six, neuf ou douze ans et la possibilité de louer à ses ascendants et descendants. Le CITE, qui permet un abattement de 30% du montant de certaines dépenses de rénovation énergétique dans la résidence principale, a été prolongé d’un an. Alors que la Dotation globale de fonctionnement (DGF) de l’Etat est réduite de 3,7 milliards d’euros pour 2016, la loi de finances prévoit trois mesures d’accompagnement pour en limiter l’impact et soutenir l’investissement public local : l’élargissement de l’éligibilité des dépenses d’amélioration entretien des bâtiments publics au Fonds de compensation de la TVA, l’introduction d’une enveloppe d’un milliard d’euros pour les investissements communaux et intercommunaux, l’augmentation de la dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR).
En 2016, l’augmentation des autorisations de logement est projetée à près de 14% (soit 50 000 permis supplémentaires). Le logement individuel progresserait de 15,2%, plus fortement que le collectif (+12,1%). Compte tenu des délais de production, le logement neuf augmenterait en volume de 5,5% (une première depuis 2011). Mais l’activité dans le non-résidentiel neuf reculerait de 5,3% en volume (hors locaux agricoles). L’amélioration-entretien connaîtra un niveau d’activité limité – de +0,4% – selon la FFB. Malgré la légère reprise envisagée, le secteur du bâtiment restera morose en 2016. Les effectifs devraient rester stables en moyenne annuelle dans le secteur. Par contre, 2017 pourrait être la véritable année de création d’emplois.