Anniversaire

Abbeville : Tout pour l’ouvrier fête ses 100 ans

L’un des commerces de vêtements emblématiques du centre-ville d'Abbeville fête donc son siècle d’existence tout en vivant avec son temps. 35% de son activité est réalisée sur Internet. Les clients aiment acheter ici ce qu’ils ne trouvent pas ailleurs.

Ludovic Lefillatre, le maître des lieux présente un pantalon destiné aux Compagnons du devoir.
Ludovic Lefillatre, le maître des lieux présente un pantalon destiné aux Compagnons du devoir.

"Tout pour l’ouvrier. Maison fondée en 1924", est-il écrit sur la façade. Impossible donc de se tromper. L’enseigne qui se trouve à deux pas de la mairie fête ses 100 ans. Depuis 2010, c’est Ludovic Lefillatre qui gère le magasin, qu’avait repris en 1992 sa mère.

« Ma mère travaillait dans la restauration, raconte-t-il. Elle a su par un agent immobilier que la plus grande boutique d’Abbeville était à vendre et ensuite que c’était ce magasin. Elle avait peur de ne pas obtenir de crédit. Grande chance, sa banque était aussi celle des gérants. Ils ont cherché à céder car ils n’avaient pas d’enfants. À l’époque, il y avait six vendeuses. Au fildu temps, le magasin s'est agrandi. Aujourd’hui, nous sommes trois avec une employée et mon épouse. »

Les fondateurs, la famille Boutin, fabriquaient à l’origine des vêtements de travail (charbonniers, mareyeurs…) à l’étage sous leur propre marque : « On a a retrouvé des ciseaux de coupe à l’étage, poursuit Ludovic Lefillatre. L’immeuble a été bombardé en 40. Après la reconstruction, l’industrialisation des vêtements s’est mise en place. Ils ont commencé à vendre des produits finis portant le nom du magasin. Depuis cinq ans, je fais tisser des pulls à Roanne. Ils portent les étiquettes de l’époque que j’ai fait refaire à l’identique. »

Tout pour l’ouvrier porte la réputation de commercialiser ce qui ne se trouve pas ailleurs.

Encore aujourd’hui, Tout pour l’ouvrier porte la réputation de commercialiser ce qui ne se trouve pas ailleurs. Bonnets de nuit, paire de mitaines, chemises fabriquées en Allemagne portées par des membres de bagad, pantalons à rayures destinés à des tournages de films dont l’action se déroule dans les années 40, blouses d’artiste peintre en lin, longue cape de berger pour épauler les pèlerins en route pour Saint-Jacques de Compostelle, poches à clous, véritable chapeau de cowboy made in US… les exemples sont légion. Et depuis une quinzaine d’années, le gérant s’est mis à la vente sur Internet.

Une cape de berger, destinée notamment à des pèlerins.

Désormais, cela représente 35% de son activité : « J’envoie dans toute l’Europe car certains fabricants refusent de vendre à l’étranger, confie-t-il. Outre des articles très particuliers, je continue de proposer des vêtements professionnels comme des bleu de travail, des chaussures de sécurité, des salopettes pour femmes comme celle que Coluche portait, des ensembles traditionnels des compagnons du devoir, des boxer à taille haute pour les plombiers… Nous nous distinguons par le conseil et la qualité de nos produits. Nous avons aussi un stock important de chapeaux : niçois, provençal, auvergnat, creusois, breton… de casquettes et même de bérets fabriqués en France. Regardez, celui là c’est le même que Che Guevara. »

Car pour perdurer, il lui faut savoir rester au gout du jour en proposant des marques à la mode tout en étant au service des clients : « Nous sommes ouverts du lundi matin au samedi soir, précise-t-il. Nous faisons une courte pause le midi et, encore, nous en profitons pour préparer les colis. Notre boulot c’est vraiment d’être proches des gens, de les conseiller le mieux possible et de leur apporter le produit de qualité qu’ils attendent. J’ai encore huit-neuf ans à faire. Mon but est de réussir à transmettre le magasin à quelqu’un qui sera aussi passionné. »

Tout pour l’ouvrier, c’est aussi des casquettes et des chaussettes.