Abbeville mise sur le collectif pour faire émerger les projets
Depuis plus d’une décennie, Pascal Druel-Pottier occupe le poste stratégique de directeur général des services (DGS) au sein de la mairie d’Abbeville. Il est celui qui complète habilement le duo formé par le maire et le directeur de cabinet de la seconde commune du département après Amiens.

Comment êtes-vous devenu directeur général des services de la mairie d’Abbeville et en quoi consiste cette fonction ?
Je suis entré dans cette collectivité en 1992 en tant qu'agent d'entretien. J'ai passé tous les concours possibles ! Après avoir été adjoint au directeur financier, puis directeur financier, je suis devenu en 2014, Directeur Général des Services. Il s’agit de faire le lien entre les services municipaux et les élus. Je dis souvent que le maire a un bras droit et un bras gauche : le bras droit, c’est le directeur de cabinet ; le bras gauche, le Directeur Général des Services. Il est essentiel que ce trio fonctionne en toute confiance, ce qui est le cas entre Pascal Demarthe, Sébastien Colombel et moi.
À quoi ressemble une journée type en tant que DGS ?
Je commence ma journée par la lecture du courrier reçu en mairie. Je veux tout voir, tout savoir pour avoir une vision globale. C’est la même chose pour les parafeurs : cela me permet de savoir quels arrêtés ont été pris. Ensuite, il y a beaucoup d’imprévus ! Une journée classique n’existe pas… Par exemple, en ce moment, nous craignons beaucoup de nouvelles inondations, j’y consacre donc une partie importante de mon temps. Je suis également les projets en cours, comme le lancement de l’enquête publique relative à la construction du crématorium ou le programme Action Cœur de Ville. Mon rôle couvre des missions très variée.
Votre poste implique la coordination de nombreux agents. Comment abordez-vous la dimension managériale de cette fonction ?
La collectivité compte 310 agents titulaires et une centaine d’autres dans nos sept chantiers d’insertion. La gestion des relations humaines est donc primordiale. Le gros avantage que confère mon expérience c’est que je connais cette collectivité par cœur. Ma porte est toujours ouverte. Les agents savent qu’ils peuvent venir me voir aussi bien pour des questions personnelles que pour des problèmes relationnels. Il est souvent plus facile d’en parler avec le DGS qu’avec son chef de service.
En tant qu’ancien directeur financier, vous êtes aussi très attentif à la question du budget. Quelle est la situation à Abbeville ?
Notre enveloppe annuelle, incluant investissement et fonctionnement, oscille entre 50 et 60 millions d’euros. Beaucoup se plaignent de la baisse des dotations, mais à Abbeville, les recettes sont relativement stables. Nous avons effectivement subi une baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF), mais la dotation de solidarité urbaine (DSU) a, en revanche, augmenté, ce qui nous a permis de préserver un quasi-équilibre financier. Comme toutes les collectivités, nous avons bénéficié d’une hausse de la fiscalité locale directe, notamment de +7,3% en 2023. Toutefois, il faut rester vigilant : ces recettes supplémentaires viennent compenser de nouvelles dépenses. La ville est propre, bien entretenue et nos fournisseurs sont payés en moyenne sous 20 jours, mais nous devons rester prudents. Mon rôle est aussi d’alerter les élus lorsqu’une mesure est trop coûteuse.

Quelles sont ces nouvelles dépenses ?
Lorsque l’État fait des annonces relatives au traitement des fonctionnaires, c’est une excellente nouvelle pour mes collègues, mais il ne faut pas oublier que ce sont les collectivités qui assument cette hausse. Un exemple concret : en 2024, un forfait de mobilité durable a été mis en place. C’est une très bonne initiative pour encourager la mobilité douce, mais cette mesure représente une dépense de 10 000 euros pour la collectivité qui n’est pas compensée.
Malgré ces contraintes, Abbeville porte des projets d’envergure. Quel est leur état d’avancement ?
L’un des engagements sur ce mandat était de réaliser des aires de jeux et des terrains multisports dans tous les quartiers. Cet objectif sera atteint, à l’exception du terrain multisport dans le quartier Rouvroy. Nous poursuivons également les travaux d’enfouissement des réseaux dans la ville. Mais le plus grand projet reste l’extension du Beffroi Musée Boucher de Perthes Manessier. Après la démolition d’une aile du bâtiment actuel, les fouilles archéologiques pourront commencer. La réfection du Beffroi, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, sera également réalisée cette année. Nous nous sommes attelés au montage des dossiers de subvention pour obtenir le plus de financements possibles. D’ailleurs nous avons sollicité un cabinet spécialisé pour rechercher du mécénat culturel. Sur cette opération, estimée entre 24 et 25 millions d’euros, nous espérons lever environ 1 million d’euros auprès de grands mécènes nationaux. Dans un second temps, il y aura aussi la réhabilitation du stade Paul Delique qui est un autre un projet très important et qui est évalué à près de 15 millions d’euros.
Abbeville fait partie depuis 2017 de la communauté d’agglomération Baie de Somme. Comment s’articule votre collaboration avec cet EPCI ?
Les débuts ont été complexes, mais l’arrivée de Nora Ayachi, en tant que Directrice Générale des Services de Baie de Somme Agglomération, a permis d’instaurer une nouvelle dynamique. Aujourd’hui, nous entretenons un dialogue constructif, toujours dans l’intérêt des collectivités, ce qui permet de faire avancer les dossiers sereinement. En dehors des conventions de mutualisation, nous travaillons ensemble sur plusieurs projets, notamment Action Cœur de Ville et la gestion des cours d’eau, qui relève du service GEMAPI. Avec le risque d’inondations actuel, une coordination étroite est essentielle.
Quel regard portez-vous sur cette organisation administrative ?
Depuis une dizaine d’années, nos méthodes de travail ont profondément évolué. Il n’est plus possible, ni souhaitable, de travailler seul. Les échanges avec l’Agglomération, le Département et la Préfecture sont devenus très réguliers. C’est une véritable richesse, car cela permet de mobiliser des compétences complémentaires. Mais cela engendre aussi des contraintes, notamment en ce qui concerne le montage des dossiers de financement, qui deviennent de plus en plus complexes.
Abbeville en chiffres
22 500 habitants
Entre 50 et 60 millions d’euros (investissement et fonctionnement) de budget annuel
310 agents titulaires et une centaine d’agents répartis sur 7 chantiers d’insertion