Abbé Pierre: la commission d'experts indépendants prend forme

La commission d'experts indépendants chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant permis à l'Abbé Pierre, accusé de violences sexuelles, de "ne pas être inquiété", s'est dotée mercredi d'une présidente et débutera ses travaux début...

L'abbé Pierre à Sain-Wandrille-Rançon, le 5 décembre 1987 en Seine-Maritime © Mychele DANIAU
L'abbé Pierre à Sain-Wandrille-Rançon, le 5 décembre 1987 en Seine-Maritime © Mychele DANIAU

La commission d'experts indépendants chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant permis à l'Abbé Pierre, accusé de violences sexuelles, de "ne pas être inquiété", s'est dotée mercredi d'une présidente et débutera ses travaux début 2025 pour une durée de deux ans. 

La sociologue Céline Béraud, directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), sera chargée de présider les travaux de cette instance annoncée en septembre après une série d'accusations de violences sexuelles visant le prêtre décédé en 2007, indiquent Emmaüs France et Emmaüs International dans un communiqué.

L’objectif de cette commission "sera de mettre au jour et d’analyser les mécanismes qui ont permis à l’abbé Pierre de ne pas être inquiété publiquement pendant plus de 70 ans", ajoutent les deux organisations.

"L’une des gageures" sera "de saisir et d’analyser les mécanismes qui ont permis de produire du silence durant plusieurs décennies autour de ces faits très graves et conduit à ce que le prêtre ne soit condamné ni en interne par l'Église ni dénoncé à la justice civile", complète Céline Béraud, autrice de l'ouvrage "Le catholicisme français à l’épreuve des scandales sexuels" (Seuil, 2021).

Ce "travail de vérité" est salué par la Conférence des évêques de France (CEF), qui a réaffirmé mercredi sur X "la disponibilité de l’Église catholique en France pour contribuer à faire toute la lumière sur ces agissements".

Figure iconique en France et fondateur d'Emmaüs, l'Abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, est depuis le mois de juillet visé par une série de témoignages de femmes sur des violences sexuelles commises entre les années 1950 et les années 2000, et pour certaines pouvant relever du viol ou visant des mineures.

Dans la foulée de ces révélations, qui ont provoqué une onde de choc, la Fondation Abbé Pierre a annoncé avoir "initié" des démarches pour changer de nom ainsi que la fermeture définitive du lieu de mémoire dédié à l'Abbé Pierre à Esteville (Seine-Maritime).

"La commission devra autant que possible établir le niveau d’information qu'avait le mouvement sur les agissements de l’Abbé Pierre aux différentes époques de son histoire, et déterminer quelle a été l’attitude des personnes en responsabilité face à ces informations", soulignent Emmaüs France et Emmaüs International. 

La commission disposera "d’un accès complet aux archives" de l’Abbé Pierre et d’Emmaüs International, et pourra organiser "l’audition des personnes de son choix, témoins, expertes, proches ou membres de la famille de l’Abbé Pierre", peut-on encore lire.

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