Abaya à l'école: la France insoumise va saisir le Conseil d'Etat
La France insoumise a annoncé mardi son intention d'attaquer devant le Conseil d'Etat la décision "cruelle" du ministre de l'Education nationale d'interdire le port de l'abaya dans les établissements scolaires, soulignant...
La France insoumise a annoncé mardi son intention d'attaquer devant le Conseil d'Etat la décision "cruelle" du ministre de l'Education nationale d'interdire le port de l'abaya dans les établissements scolaires, soulignant les divisions à gauche sur la laïcité.
Cette interdiction va "se traduire encore une fois par des discriminations à l'égard des jeunes femmes et en particulier des jeunes femmes de confession musulmane et je pense qu'on n'a pas besoin de ça dans notre pays", a déclaré le coordinateur de de LFI Manuel Bompard sur France 2.
La décision de saisir la plus haute juridiction administrative sera soumise au groupe parlementaire de LFI, a-t-il précisé.
"Les autorités religieuses du culte musulman disent que les abayas ne sont pas une tenue religieuse et donc moi, je suis attaché à la défense de la laïcité, (...) je ne vois pas pourquoi il faudrait l'interdire", a-t-il argumenté, en soulignant attendre "autre chose du ministre de l'Éducation nationale que d'aller agiter les peurs et les fantasmes".
- "Boîte de Pandore" -
La décision annoncée dimanche par le ministre de l'Education Gabriel Attal de proscrire en milieu scolaire ces longues robes de tradition moyen-orientale qui se portent au-dessus des vêtements, a été approuvée par la droite et l'extrême droite.
Mais elle est le nouveau symbole des frictions qui traversent la gauche, entre d'un côté les Insoumis qui dénoncent une décision "islamophobe", les écologistes qui condamnent une "stigmatisation", et de l'autre de nombreux élus du Parti socialiste et du Parti communiste, qui approuvent la décision de Gabriel Attal, au nom de la laïcité.
A peine sortis de la polémique autour du rappeur Medine, et alors que les relations ont été tendues dans l'été sur la question d'une liste commune aux Européennes, les partenaires de l'union de gauche expriment une fois encore leurs désaccords.
"Fabien Roussel peut dire ce qu'il veut, moi ce qui m'importe, c'est ce qui est bon pour le pays", a répondu Manuel Bompard à la prise de position du patron du PCF en faveur de l'interdiction de l'abaya, estimant que chercher à règlementer les tenues des femmes revient à ouvrier une "boîte de Pandore".
Défense de la loi de 2004
"Il y a un risque, à travers les mots qu'ils utilisent là, à remettre en question la loi de 2004, et ça, ce serait désastreux", a averti pour sa part sur franceinfo le député socialiste de l'Essonne Jérôme Guedj à propos de la position des Insoumis et des écologistes.
Le texte de 2004, qui proscrit les signes religieux ostensibles à l'école, avait à l'époque permis "d'apaiser, de pacifier les situations", et ce "sans difficulté majeure", a ajouté le parlementaire, très attaché à l'école comme "un espace de neutralité, de construction du libre-arbitre et du jugement pour émanciper les jeunes en formation".
Au PS, qui avait voté à la quasi-unanimité le texte de 2004, ni le chef du parti, Olivier Faure, ni le patron des députés, Boris Vallaud, n'ont pour l'instant commenté la décision de Gabriel Attal, tandis que le leader des insoumis Jean-Luc Mélenchon dénonçait "une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d'un habit féminin".
Sur France Inter, la nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a tenté une position d'équilibre en insistant sur le besoin de "règles claires pour les équipes éducatives". "Dès lors que (l’abaya) c'est considéré comme un signe religieux, évidemment qu'il faut l'interdire, comme les autres, mais le problème de faire sa rentrée politique sur le sujet (comme l'a fait Gabriel Attal, NDLR), c'est que ça instrumentalise le phénomène", a-t-elle argumenté.
"Plus on stigmatise une religion, plus on insiste sur tel ou tel signe religieux, plus on assiste à l'augmentation du phénomène", a-t-elle averti, en mettant en avant son expérience de conseillère principale d'éducation.
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