Économie solidaire
À Terville, le modèle Biocoop milite pour une consommation équitable
Le magasin Biocoop du Linkling à Terville a pris part à la collecte nationale Bio Solidaire du Fonds de Dotation Biocoop. Retour sur cette démarche visant à réduire la précarité alimentaire. À Terville, l’histoire du magasin épouse celle de son gérant, Anthony Piccininno, militant du quotidien. Avec au cœur de l'action, une vraie problématique sociétale : donner accès à une alimentation de qualité aux publics en fragilité sociale.
La troisième Collecte Bio Solidaire s’est déroulée il y a quelques semaines partout en France. Elle est une collecte de produits biologiques dans les magasins Biocoop, donnés par les clients au profit d’une épicerie sociale et solidaire ou d’une association de solidarité alimentaire accompagnant des personnes en situation de précarité. Sa genèse nous resitue en 2017. En région Rhône-Alpes, le Fonds de Dotation Biocoop, le GESRA (Groupement des épiceries sociales et solidaires en Rhône-Alpes-Auvergne) et les magasins Biocoop de l’agglomération lyonnaise lancent l'initiative, essaimée depuis sur tout le territoire national et revenant de manière régulière.
La collecte éco-solidaire
L’édition 2021 a fédéré 386 magasins du réseau Biocoop - soit 50 % du réseau de l’enseigne - et a permis de collecter plus de 106 000 produits. Avec des centaines de bénévoles mobilisés pour l’occasion. Également, un don plus de 100 000 € a été reversé par les magasins Biocoop aux associations partenaires : il correspond au montant de la marge réalisée sur les produits donnés par les clients. Cette chaîne solidaire s’est tissée au cœur des territoires. En Moselle, la Biocoop du Linkling à Terville a organisé une Collecte Bio Solidaire au profit du Collectif Thionvillois d’Action Humanitaire. Soit 221 produits et un don de 229 €.
Une trajectoire ascendante...
À la tête de l’entité Anthony Piccininno. En se lançant dans l’aventure entrepreneuriale, le trentenaire, natif de Metz, a trouvé son Graal. «Je suis aujourd’hui pleinement en accord avec moi-même, mes valeurs», explique-t-il. Son parcours semble de premier abord classique. Il est assurément brillant. Après son lycée à Metz, il intègre l'ICN Business School à Nancy, passe quelque temps à Montréal, travaille comme consultant en performance opérationnelle dans un cabinet au Luxembourg. Anthony Piccininno évolue dans la gestion de l’ensemble des opérations liées à la supply chain, c’est-à-dire dans la maîtrise des flux circulant dans l’entreprise et entre celle-ci et son environnement. Autrement dit les ressources, moyens, méthodes, outils et techniques destinés à piloter le plus efficacement possible la chaîne globale d'approvisionnement et de livraison d'un produit ou service jusqu'au consommateur final. Cet itinéraire qui l’amène dans plusieurs pays d’Europe va alors connaître un brusque virage.
Sans pesticides, sans OGM...
L’envie forte d’être en absolue adéquation avec ses idéaux écologiques et les événements survenant sur le toboggan de la vie sont des facteurs déclencheurs : «J’ai trouvé sur internet le concept de Biocoop. J’ai pris contact, cela correspondait à ce que je recherchais, à l’éthique que je voulais mettre dans mon avenir.» Créé en 2013, le Fonds de Dotation Biocoop repose deux axes : lutte contre la précarité alimentaire et accessibilité de tous à l’alimentation bio, la justice climatique et sociale, Dans les territoires, il soutient les projets allant dans ce sens. À l’été 2020, Anthony Piccininno a ouvert le Biocoop du Linkling à Terville. Un magasin indépendant de quelque 300 m² aux plus de 4 000 références ; toutes sans OGM, sans pesticides, sans ajout de synthèse. Une gamme bio et équitable de produits très large se présente au consommateur avec un fil rouge : travailler avec des producteurs locaux. Anthony Piccininno a à ses côtés cinq collaborateurs. «Ils ont la même sensibilité que moi», ajoute-t-il. Au fil des mois, le magasin a trouvé sa clientèle. Le gérant n’oublie pas son rôle premier : être militant du quotidien. Les mois futurs, il les dessine avec pragmatisme : «pérenniser mon affaire et sortir du mieux possible de la Covid-19.»
Les chiffres de la précarité alimentaire en France :
Récemment, un sondage Ipsos-Secours populaire rapportait que 21 % des français déclarent «ne pas être en mesure de s'offrir une alimentation saine leur permettant de faire trois repas par jour», 27 % «ne pas avoir les moyens financiers de s'acheter quotidiennement des fruits et légumes.» Un français sur deux dont les revenus mensuels sont inférieurs à 1 200 euros indique «avoir des difficultés à payer la cantine de ses enfants» et 48 % estiment avoir des difficultés à se procurer une alimentation variée. Selon la Banque alimentaire, plus de cinq millions de personnes sont concernées par l'aide alimentaire. 17 % d'entre elles ont à leur charge un enfant de moins de 3 ans. Selon les données statistiques de Précarité infantile en France, plus d’un parent défavorisé sur trois déclarent devoir restreindre la quantité de petits pots qu’ils donnent à leurs enfants pour des raisons financières. C’est un parent précaire sur cinq qui réduit souvent cette alimentation chez son jeune enfant. Phénomène amplifié par les effets sociaux de la crise de la Covid-19.