À Scy-Chazelles, les Semaines de l’Europe à la Maison de Robert Schuman

La Journée de l’Europe est célébrée le 9 mai dans l’ensemble des États membres afin de rendre hommage à la date fondatrice que fût le 9 mai 1950. Robert Schuman a présenté ce jour-là sa proposition relative à une organisation de l’Europe : la Déclaration Schuman est considérée comme l’acte de naissance de l’Union européenne. En effet, un appel à la mise en commun des productions françaises et allemandes (elles fournissent le charbon et l’acier) sous une autorité internationale est lancé par Jean Monnet et Robert Schuman lors d’une déclaration historique dans le salon de l’Horloge du Quai d’Orsay. Cette déclaration débouche sur la signature par six États européens - l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas - du Traité de Paris le 18 avril 1951. Ensemble, ils fondent la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), première des institutions européennes qui donnera naissance à ce qu’on appelle à présent l’Union européenne. Chaque année, la Journée de l’Europe est l’occasion d’activités et de festivités qui rapprochent l’Europe de ses citoyens, et ses peuples entre eux. En 2023, les Semaines de l’Europe étendent les célébrations du 9 mai à l’ensemble du mois.

Un programme dense

D’où le programme riche proposé à la Maison Robert Schuman entre le 6 et le 28 mai. Elle s’associe à cet événement en proposant une programmation éclectique (conférences, spectacles, concerts...), ainsi qu’une exposition Robert Schuman et le Pays du Soleil Levant sur l’histoire incroyable de la collection Matsukata, restituée au Japon grâce à l’action du père de l’Europe. Le 8 septembre 1951, la France signe à San Francisco le traité de Paix avec le Japon. C’est alors que Robert Schuman fait la promesse au Premier ministre japonais de lever le séquestre sur une collection d’œuvres d’art exceptionnelle depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : la collection de Kojiro Matsukata. Parmi les œuvres achetées par cet armateur décédé en 1949 : des tableaux de Gauguin, Van Gogh, Manet, Monet, la Porte de l’Enfer de Rodin et ses Bourgeois de Calais… Matsukata avait fait l’acquisition d’œuvres sur le marché de l’art à Londres et à Paris. Il les a laissées en dépôt auprès d’amis dans ces deux villes en raison de droits douaniers importants à payer en cas d’export vers le Japon. La Seconde Guerre mondiale et l’incendie de Londres auront eu raison des œuvres conservées dans cette ville. En 1945, Matsukata se voit confisquer les œuvres gardées en France du fait du statut du Japon devenu l’ennemi des pays occidentaux de par ses positions politiques et militaires durant la guerre. Dès lors et durant près de huit ans, Robert Schuman, tour à tour ministre des Affaires étrangères puis Garde des Sceaux et président de l’Assemblée parlementaire européenne, va prendre ce dossier à bras le corps avec des historiens d’art et conservateurs français et le défendre afin que ces plus de 300 œuvres gagnent le pays du Soleil Levant et permettent la construction par Le Corbusier du musée d’art occidental de Tokyo. L’histoire de ce fonds constitutif du musée tokyoïte est connue par les échanges privés et diplomatiques d’alors. Catalogues d’expositions, correspondances diplomatiques, notes ministérielles, et projet de loi, nous apportent aujourd’hui un éclairage sur les aspects des négociations franco-japonaises menées par Robert Schuman et ses équipes. Le 8 juin 1959, à la veille de l’inauguration du musée, il se voit récompensé par l’Empereur Hiro Hito et le Gouvernement japonais qui lui remettent les insignes de 1ère classe de l’Ordre du Soleil Levant. Cette récompense rare est attribuée à ce Père de l’Europe car, pour reprendre les termes du Premier ministre japonais Shigeru Yoshida : «C’est grâce au seul Schuman que la collection Matsukata vient au Japon.» Le département de la Moselle propose de découvrir cette histoire qui fera le tour du monde durant la décennie des années 1950 et dont les musées français préservent encore aujourd’hui quelques traces… Le commissariat d’exposition est assuré par Maxime Georges Métraux, historien d’art spécialiste du séquestre Matsukata.