Plateforme de compostage micro-industrielle

À Santes, les Alchimistes ont développé une boucle organique et locale

Après une levée de fonds d’1,5 million d’euros en octobre 2022, la plateforme de compostage micro-industrielle suit son cours. Basé à Santes, le site reçoit environ six tonnes de déchets par jour et produit une quinzaine de tonnes de compost chaque mois. Reportage.

Foucauld Watine, co-fondateur des Alchimistes Hauts-de-France. © Aletheia Press/E.Chombart
Foucauld Watine, co-fondateur des Alchimistes Hauts-de-France. © Aletheia Press/E.Chombart

Stopper les incinérations de déchets organiques pour les revaloriser. L’objectif était clair pour Foucauld Watine, le co-fondateur des Alchimistes Hauts-de-France, lorsqu’il a pensé le projet d’une plateforme micro-industrielle pour produire du compost dans la vaste zone du Port de Santes. Un objectif atteint puisqu’aujourd’hui, 15 tonnes de compost ressortent chaque mois de la plateforme. Depuis un an et demi, le site tourne et réceptionne tous les jours près de 6 tonnes de déchets alimentaires. «Nous avons doublé cette quantité en l’espace de 12 mois. Nous sommes sur une croissance à deux chiffres» indique Foucauld Watine.

Mailler le territoire

Une quinzaine de tonnes de compost sort chaque mois de ce site santois. (© Aletheia Press / E.Chombart)

La création de compost prend trois mois et s’établit en sept grandes étapes. «Nous commençons par le tri chez les clients, la collecte, la pesée, le sur-tri, le nettoyage des bacs, le mélange dans une cuve qui peut contenir jusqu’à cinq tonnes, puis le compostage» énumère le co-fondateur. À la sortie, on obtient un compost à la senteur de bois de forêt parfait pour les agriculteurs. 

En ce qui concerne la collecte, elle se fait par échange de bacs. Lorsque le client a rempli sa poubelle, il l’échange contre un vide et les Alchimistes des Hauts-de-France reprennent la pleine pour en revaloriser les déchets. «C’est une boucle organique» souligne Foucauld Watine. Vertueux d’une part et local de l’autre, puisque le site ne travaille qu’avec des clients du territoire, situés dans la Mel, le Douaisis, le Valenciennois, le bassin minier, l’Artois… Ceux qui font confiance à la structure aujourd’hui sont nombreux : restaurateurs, boulangers, mais aussi des écoles et des hôpitaux…

«Nous avons créé un nouvel échelon entre la filière historique du déchet intensif et les filières locales de services partagés. C’est l’entre-deux» relève l’entrepreneur. Les Alchimistes Hauts-de-France ont déjà 4 sites au compteur : Lille, Valenciennes, Santes, et le petit dernier à Roubaix. Ce site vient seulement de démarrer son activité et il sera inauguré en octobre prochain. L’entreprise a vocation à multiplier ses plateformes et ainsi à mailler le territoire.

Favoriser l’insertion

En plus de mettre en place un circuit vertueux, les Alchimistes des Hauts-de-France participent à la création d’emplois. Aujourd’hui, ce sont 23 personnes qui œuvrent pour la production de compost. En 2024, ils seront une trentaine. «Nous avons un plan d’emploi dynamique, puisqu’avec le développement de la structure, il faut que nous maintenions le rythme pour atteindre un seuil de rentabilité, prévient le co-fondateur, avant d’ajouter. Nos collaborateurs sont en grande partie issus d’un dispositif de retour à l’emploi.»

L’objectif de l’entrepreneur pour la suite est limpide : collecter 5 000 tonnes de déchets en 2025. Une ambition qui a du sens puisque dès janvier 2024, la loi AGEC obligera les producteurs à trier leurs biodéchets et à utiliser des engrais naturels. La boucle est bouclée.