À Saint-Jean-de-Folleville, Ecostu’air décarbone

Ces 4 et 5 avril, Ecostu’air a accueilli le public pour révéler ses secrets au cours de l’événement national "Usines ouvertes".

Le site fonctionne 24 h sur 24 et sept jours sur sept. ©Aletheia Press / L.Brémont
Le site fonctionne 24 h sur 24 et sept jours sur sept. ©Aletheia Press / L.Brémont

Ces 4 et 5 avril, la première édition de l’événement national "Usines ouvertes" s’est déroulée partout en France. Une opération séduction à laquelle l’unité de valorisation énergétique Ecostu'air, a participé. Le site, installé à Saint-Jean-de-Folleville, est géré par le Syndicat d’élimination et de valorisation énergétique des déchets de l’estuaire (Sevede), "Nous incitons, depuis longtemps, tous les sites industriels à ouvrir leurs portes", souligne Virginie Carolo-Lutrot, présidente de Caux Seine Agglo et du Sevede, à l’heure d’accueillir une classe de 3e du collège Jean Monet, à Gruchet-le-Valasse.

Faire naître des vocations

S’il s’agit d’expliquer aux jeunes le devenir des déchets, les responsables espèrent également créer des vocations. "C’est en intégrant le monde industriel que vous pourrez participer à la transition écologique" insiste l’élue. Et la visite des lieux a soulevé quelques surprises qui "donneront peut-être une petite étincelle" plus tard. Il faut dire que les dimensions et les volumes avancés sont, le plus souvent, "XXL". Le bâtiment mesure 70 mètres sur 150 mètres et ses deux cheminées culminent à 45 mètres de hauteur.

"Le Sevede regroupe 246 communes, cela représente 480 000 habitants" souligne Hervé Lelièvre, directeur d’Ecostu’air, qui a fêté ses 20 ans l’année dernière. Ce sont ainsi 140 000 tonnes de déchets traités annuellement, mais le site a une capacité de 216 000 tonnes. Sur ce territoire particulièrement étendu, quatre centres de transfert concentrant et compactant les déchets sont situés au Havre, Yvetot, Touques et Fécamp. "En réduisant les volumes des déchets, nous diminuons le nombre de camions sur la route" détaille Hervé Lelièvre.

Le site traite 140 000 tonnes par an de déchets. ©Aletheia Press / L.Brémont

Les deux fours sont en mesure d’incinérer, chacun, 13 tonnes de déchets par heure. À la clé, une production annuelle de 10 000 MWh d’électricité et 300 000 MWh de vapeur. "Cette énergie renouvelable permet de décarboner son activité". Une manne pour les entreprises voisines, dont Tereos qui utilise la chaleur produite par Ecostu’air. "Ecostu’air, a une localisation atypique, en zone industrielle et non en périphérie de ville. Ce qui lui ouvre des opportunités de collaborer avec ses voisins", note le directeur du site.

Décarboner toujours plus

Le site de valorisation des déchets, dans l’optique de décarboner autant que possible, a fait un choix audacieux. "En juin prochain, tous les camions de transport passeront à l’électrique" développe Hervé Lelièvre. Le fruit de trois ans de réflexion. "Nous avons envisagé l’hydrogène, mais il est encore trop tôt", poursuit le responsable. Alors, lors du dernier l’appel d’offres concernant le transport des déchets, un cahier des charges a été rédigé, résolument tourné vers l’électrique. "Nous avons été heureusement surpris du nombre de réponses, avec des solutions moins couteuses que le gasoil", commente le directeur.

En parallèle, "nous avons choisi d’arrêter le transport fluvial qui était adapté il y a 25 ans, mais qui ne l’est plus aujourd’hui, étant donné la petite distance parcourue entre notre site et le Havre". En effet, les étapes de chargement et de déchargement viennent alourdir le bilan carbone de trajets fluviaux courts face à des transports routiers toujours moins polluants. Mais Ecostu’air ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. "Nous participons au programme Socrate" ajoute Hervé Lelièvre. De nouvelles coopérations et des innovations sont donc à attendre dans les prochaines années…

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont