A Mouvaux, Vilogia propulse un quartier dans le futur
Faire du (très) neuf avec du (plutôt) vieillot, c’est l’ambition du bailleur Vilogia, qui, en partenariat avec Rabot Dutilleul, veut transformer une cité-jardin des années 50 en un écoquartier à la pointe de la performance énergétique. Visite guidée.
Nichée à quelques encablures du boulevard de la Marne et de son tramway, la cité-jardin du quartier de l’Escalette, à Mouvaux, est charmante sous le soleil, entre ses briques rouges, ses pelouses au cordeau et ses arbres en fleurs. Un quartier paisible, qui semble figé dans le temps depuis sa construction, dans les années 1950. Mais un bond dans le futur attend cet ensemble de 281 logements, dont les deux tiers appartiennent à Vilogia. Elaboré conjointement par le bailleur et Rabot Dutilleul depuis 2013, le projet «Hep/Step Mouvaux» est lauréat de l’appel à projets «Démonstrateurs industriels pour la ville durable», lancé en 2015 par les ministères de l’Environnement ainsi que du Logement et de l’Habitat durable. Un programme de rénovation très ambitieux, s’inscrivant dans les objectifs de la troisième révolution industrielle, et qui entend mêler innovation technique et sociale pour être le «laboratoire de la ville de 2030», annonce le bailleur. Une nécessité autant écologique qu’économique, le parc du bailleur social ayant bien besoin d’un coup de jeune pour attirer, aussi, une nouvelle génération d’occupants.
«Pour situer la population du quartier, l’ancienneté moyenne au sein du parc Vilogia, c’est 33 ans. Dans 80% des cas, il s’agit de personnes âgées qui vivent seules et donc, même si les surfaces moyennes des logements tournent autour de 65 m², les deux tiers sont sous-occupés, indique Ludovic Rousseau, chef de projet Rev3 chez Vilogia. Il y a donc toute une organisation de l’espace à repenser, on peut très bien imaginer partager une même maison en deux petits appartements, occupés par une personne âgée au rez-de-chaussée et un jeune couple à l’étage.»
Concertation et opposition. Le quartier de l’Escalette est donc appelé à devenir exemplaire en termes de consommation et de production d’énergie, grâce à de nombreux panneaux solaires, mais aussi en termes de développement durable, d’écomobilité et d’économie circulaire, grâce à des liens renforcés entre les occupants des logements. Mais pas de rénovation sans consultation des habitants, les premiers concernés. Et, insiste Ludovic Rousseau, Vilogia a mis sur pied «une vraie concertation, pas seulement pour déterminer quelle espèce on va planter dans les espaces verts». Le projet de Vilogia est d’ailleurs baptisé “Hep”, pour «Habitants à énergie positive». Depuis six mois, des équipes de Vilogia sillonnent le quartier pour informer et rassurer les habitants, et recueillir leurs suggestions et doléances. Mais c’est aussi là que le bât blesse : un tiers des logements du quartier sont détenus par des propriétaires privés, dont beaucoup voient d’un mauvais œil les grands travaux qui s’annoncent. Entre la crainte de certains de voir leur bien déprécié par la proximité de constructions neuves, ou celle de se voir poussés à entreprendre des travaux jugés superflus ou trop coûteux, les propriétaires du quartier font de la résistance et ont déjà à contraint Vilogia à revoir sa copie à plusieurs reprises. Un processus normal, assure le bailleur, qui maintient son cap malgré tout.
40 à 60 M€ de travaux. Un tour dans le quartier laisse entrevoir l’ampleur du projet. Au fil de la visite, il est ainsi question, pèle-mêle, de désamiantage des toitures et possiblement de la voirie, de coffrage des maisons pour une isolation par l’extérieur, d’ajouts de vérandas ou de loggias, de mise en accessibilité des logements, de surélévation de toitures pour créer des pièces en plus… Une incursion dans une maison typique du quartier, avec son minuscule séjour et sa très grande cuisine, son isolation thermique et phonique plus que défaillante, ses papiers-peints défraîchis, achève de convaincre que les logements ne sont plus ni aux normes ni au goût du jour, et que le chantier s’annonce, à l’échelle du quartier, pharaonique. Mais Vilogia se donne les moyens de ses ambitions et table sur un budget entre 40 et 60 millions d’euros pour rénover le quartier. Le prix à payer pour une première, estime le bailleur, qui ne cache pas son intention de faire du quartier de l’Escalette un terrain d’expérimentation et d’y inventer des solutions de rénovations industrialisables, et donc duplicables ensuite, à grande échelle et à moindre coût, ailleurs dans la région ou en France : Vilogia gère un parc de 65 000 logements dans les grandes métropoles françaises.
Lentement, à l’Escalette, le bailleur met sur pied une rotation de l’occupation des logements pour préparer des ensembles inoccupés en vue du lancement de la première phase des travaux, prévue à la fin de 2018. Le chantier devrait s’échelonner jusqu’en 2024.