« Papilles et Camomille » sublime les plantes aromatiques
Valérie Devillaine, productrice bio de plantes aromatiques, s’est installée il y a un an, à Mesnil-Théribus, au sud de Beauvais. Elle confectionne, entre autres, des tisanes.
Depuis plus d’un an, « le jardin des partages » installé à Mesnil-Théribus, géré par une association dédiée au partage de savoir-faire autour du jardinage, accueille une productrice de plantes aromatiques bio. Valérie Devillaine prend soin de 70 espèces différentes qu’elle transforme ensuite en aromates, sels aux plantes, pétales de fleurs… Des produits que l’on retrouve sous sa marque « Papilles et Camomille », un clin d’œil à sa fleur préférée et à son désir d’associer le plaisir gustatif et les bienfaits des plantes. « Je ne bois jamais d’eau pure, car elle n’a aucun goût. Il faut toujours que j’y ajoute des plantes », sourit Valérie Devillaine.
Sur les 9 000 m² du « jardin des partages », l’agricultrice occupe 1 000 m² de plein champ et 125 m² sous la serre tunnel installée par l’association. Les séchoirs, quant à eux, sont abrités dans un container enterré préexistant. Côté irrigation, un système de collecte des eaux de pluie est la seule source d’eau. Des installations et un cadre qui vont comme un gant à Valérie Devillaine, en agriculture bio, qui partage la philosophie de l’association. « Lorsque je me suis lancée, je craignais de ressentir la solitude. Mais ici, j’échange beaucoup avec les bénévoles », se réjouit-elle.
Le délicat séchage
Tilleul, verveine, bleuet, calendula, romarin, sarriette… Poussent ainsi au rythme des saisons, et sont ensuite récoltés avant d’être séchés. Une étape délicate puisqu’il faut jongler avec le temps de séchage. « Selon les conditions météorologiques, pour un romarin, il faut compter deux à trois jours. Pour certains basilics, c’est huit à dix jours », précise Valérie Devillaine. Et pour certaines espèces, très sensibles à la reprise d’humidité, il est hors de question d’ouvrir le séchoir en cours d’opération.
Une fois cette étape passée, Valérie Devillaine travaille à associer les plantes sans perdre de vue le plaisir des papilles. Et ses créations invitent parfois au voyage. Par exemple, pour son infusion « comme à Merknès », Valérie Devillaine a choisi un mélange de menthe marocaine, stévia, calendula et menthe poivrée. Quant aux enfants, ils se régalent avec l’infusion « Pitchoune ». « J’ai fait beaucoup d’essais et j’ai bu beaucoup de tisanes pour mettre au point mes recettes », résume, avec humour, la productrice.
Un parcours de convictions
Derrière la bonne humeur et la joie de Valérie Devillaine se cache un long parcours, nourri de convictions et d’une volonté d’agir. Pendant une vingtaine d’années, elle exerce la profession de journaliste scientifique à Paris. « Avec les années, j’ai eu l’occasion de mesurer les dégâts d’une alimentation ultra transformée, tant chez les consommateurs qu’au niveau environnemental. J’ai voulu faire un pas de côté », poursuit-elle. Elle intègre donc, en tant que rédactrice scientifique, l’ONG Pollinis, qui œuvre à protéger les pollinisateurs. « Mais lutter contre de puissants lobbys est épuisant ». Elle aspire désormais à un autre mode d’action en cultivant, à son échelle, des aliments sains dans le respect de la biodiversité. Pour ce faire, Valérie Devillaine reprend des études, un BPREA fermes agroécologiques.
Un cheminement que ne regrette pas l’agricultrice. « Les plantes m’ont rendu mes efforts. Même si tout n’est pas positif dans cette première année, j’en suis contente. Au début du printemps, j’ai manqué d’eau et les menthes et les ciboulettes en ont souffert. J’espère que cela ira mieux l’année prochaine », résume-t-elle. Valérie Devillaine sait aussi qu’il lui faut être patiente pour que les plantes vivaces donnent leur plein potentiel de production. À l’avenir, elle entend également développer ses points de vente et travailler avec les restaurateurs locaux… De quoi enchanter, de mille façons, les papilles des Isariens !