A Mayotte, le défi de la rentrée scolaire après Chido
Salles de classe aux murs effondrés avec vue imprenable sur le lagon, toitures envolées et sol inondé : écoles, collèges et lycées de Mayotte s'apprêtent à accueillir les enseignants puis les élèves, pour...
Salles de classe aux murs effondrés avec vue imprenable sur le lagon, toitures envolées et sol inondé : écoles, collèges et lycées de Mayotte s'apprêtent à accueillir les enseignants puis les élèves, pour une rentrée scolaire très dégradée après Chido.
A Acoua, dans le nord-ouest de Grande-Terre, la plus grande de l'archipel, le Lycée du Nord a perdu de sa superbe. L'immense établissement qui accueille 2.300 élèves, et dont l'emplacement en hauteur permet de contempler la mer, offre un visage de désolation.
Le cyclone Chido a, le 14 décembre, arraché ses toitures, brisé ses murs, broyé ses clôtures. Des câbles électriques pendent lamentablement, le sol est inondé, le matériel informatique détruit.
"Il n’y a pas encore d’eau, ni d’électricité. L’établissement est détruit à 60, 70%", selon Jonas Salako, un des proviseurs adjoints de cet établissement, interrogé par l'AFP.
Il reste un tiers des 60 salles, "c'est un désastre", se désole-t-il.
"Il y a des bris de verre partout", se désespère Véronique Hummen, professeur documentaliste venue constater les dégâts. Mais "ceux qui ont déblayé ont bien travaillé, tous les bouquins ont été sauvegardés. Je suis contente qu’il y ait des services publics qui fonctionnent, il faut le dire", souligne-t-elle auprès de l'AFP.
A Bandraboua, un peu plus à l'est, Ahmed Assani, directeur de l’école La Rose montre le toit en ruine et les ballots informes d'isolant tombés des faux-plafonds au pied du bâtiment. "Regardez les faux plafonds, il n’y a plus rien, je ne sais pas comment on va faire. Les salles du bas, on peut travailler, mais le haut, (sans isolation), il fait trop chaud", s'inquiète-t-il.
"On va accueillir les enfants le 20 janvier mais on ne sait pas comment on va faire classe", souligne le responsable.
Classes sous tentes
Pour que les 117.000 élèves de l'île retrouvent le chemin de la scolarité, le recteur de Mayotte Jacques Mikulovic a dévoilé mercredi plusieurs mesures envisagées.
Les établissements scolaires du 101e département français ouvriront leurs portes le 13 janvier aux professeurs et personnels pour la rentrée administrative, puis le 20 janvier aux élèves.
Mercredi, à la sortie du Conseil des ministres, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a déclaré que "70% des salles de classe des premier et second degrés devraient être disponibles pour la rentrée", mais qu'il n'y aurait pas de "retour à la normale avant plusieurs semaines".
"Il y a un préalable : qu'on puisse s'assurer de la sécurité" des bâtiments, a averti de son côté M. Mikulovic.
Dans le premier degré, les classes "qui n'étaient pas encore en rotation passeront en rotation" tandis que celles qui l'étaient déjà pourront voir leurs semaines s'allonger jusqu'à six jours, a-t-il poursuivi.
Mais des écoles "ne pourront pas rouvrir", a dévoilé un inspecteur général, évoquant la possibilité "d'écoles sous tentes". "Dans la semaine du 13 au 18, nous validerons les scénarios", a-t-il précisé.
Dans le second degré, les classes à examens (troisième et terminale) "seront priorisées", a affirmé le recteur qui a rappelé que des cours en distanciel seraient disponibles, via le CNED ou encore le programme Lumni sur Mayotte La Première - des enseignements dispensés à la télévision.
Répondant aux rumeurs de départs de professeurs, il a répondu que "1.900 personnels sur 10.000 étaient hors du territoire" à date mais en rappelant que "c'est les vacances scolaires".
Sur les 117.000 élèves, 76 sont toutefois "partis" poursuivre leur scolarité dans l'Hexagone ou à La Réunion, a déploré M. Mikulovic.
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