Environnement

À Marle, Bayer investit dans les biosolutions

Le géant des produits phytosanitaires souhaite porter les biosolutions à plus de 10% de son chiffre d'affaires. Un atelier de conditionnement a vu le jour à Marle, et une plate-forme de dépotage de conteneurs est à venir. Explications.

D’ici cinq ans, les biosolutions devraient représenter 10 à 15% du chiffre d’affaires de Bayer. ©Bayer
D’ici cinq ans, les biosolutions devraient représenter 10 à 15% du chiffre d’affaires de Bayer. ©Bayer

C'est un fait : l'agriculture européenne utilisera de moins en moins de molécules de synthèse pour protéger ses cultures. Alors, les professionnels de l'agrochimie s'y préparent. C'est le cas à Marle, où la multinationale Bayer a choisi d'implanter un atelier dédié aux biosolutions. Un investissement de 6 millions d'euros qui lance pleinement le site industriel dans une nouvelle ère. Les biosolutions, ce sont des produits issus de process naturels et qui, soit stimulent les défenses des plantes (les biostimulants), soit limitent la prolifération des champignons ou des insectes (produits de biocontrôle).

« Pour nous, à Marle, le produit le plus important est un produit de biocontrôle réalisé par fermentation, explique Jean-Marc Pujo, actuel directeur du site axonais. C'est-à-dire qu'on fait proliférer une bactérie qui a une action principalement fongicide. » Un produit qui pourrait séduire par exemple les producteurs de pommes de terre. Néanmoins, la fermentation n'est pas réalisée dans l'Aisne. Le produit arrive tout droit du Mexique (où il a été développé par une start-up rachetée par Bayer). À Marle, il est réceptionné sur trois chaînes de conditionnement pour le passer en contenant de 100 ml à 15 litres.

Sur son site de 30 hectares, Bayer emploie 170 salariés. ©Bayer

Une nouvelle culture

Le site Bayer de Marle est d'ailleurs traditionnellement dédié au conditionnement. « Nous sommes l'un des sites majeurs de la division Product Supply EMEA de Bayer en Europe, explique le directeur du site. Nous comptons 170 salariés et 70 à 80 intérimaires en pleine saison [ndlr, de novembre à mai]. » Ici, 350 types de produits sont conditionnés, de la pipette à l'IBC (1 m3), pour un total de 1 700 références. « Les formats type pour l'Europe, cela reste les contenants de 1,5 et 10 litres », précise Jean-Marc Pujo. Vingt-six lignes de conditionnements sont ainsi réparties sur le site de 30 hectares, qui peut stocker jusqu'à 25 000 palettes.

L'arrivée de l'atelier dédié aux biosolutions a considérablement modifié le fonctionnement du site. Si les ressources humaines ont été transférées depuis les lignes dédiées aux produits de synthèse (dont l'activité ralentit avec les interdictions successives de certaines molécules), une importante acculturation a été nécessaire. « Jusqu'ici, notre politique de sécurité consistait à protéger les personnes des produits. Là c'est le contraire : il faut protéger le produit des bactéries que l'on porte sur soi. » En outre, les biosolutions sont un peu plus fragiles que les produits phytosanitaires classiques. Les conditions de stockage, notamment, doivent éviter leur dégradation. Le nouvel atelier a ainsi été pensé à température contrôlée.

Dépotage de conteneurs en 2025

Pour l'heure, cette nouvelle activité reste malgré tout peu développée. Mais cela ne devrait pas durer. « À l'heure actuelle, les biosolutions représentent 1 à 2% du chiffre d'affaires de Bayer, reconnaît Jean-Marc Pujo. Mais l'objectif c'est qu'elles atteignent 10 à 15% d'ici cinq ans ». Un gap considérable qui devrait spécifiquement passer par la création, dès l'année prochaine, d'un atelier de fermentation en Allemagne. Un site qui alimentera directement l'usine de Marle. Cette dernière va ainsi poursuivre ses investissements afin de disposer d'une station de dépotage de conteneurs maritimes d'ici début 2025. Un investissement supplémentaire de 4,5 millions d'euros.