Basée à Lille
Delubac Banque Judiciaire ne connait pas la crise
Implantée à Lille depuis fin 2021, Delubac Banque Judiciaire accompagne les dirigeants d’entreprise en difficulté en matière de conseil, de fourniture de solutions de monétique et de financements. Corollaire d’une conjoncture régionale qui se détériore, son activité s’inscrit en forte croissance.
Quentin Vandersoupel est un homme occupé. Directeur régional adjoint de l’établissement financier indépendant Delubac & Cie dans les Hauts-de-France, il y est spécifiquement en charge du métier de Banque judiciaire, dont la mission consiste à conseiller et à accompagner les dirigeants d’entreprise en difficulté. Une activité qui, compte tenu d’un environnement économique moins porteur et de l’augmentation continue du nombre de défaillances (voir encadré), enregistre une forte croissance depuis l’ouverture du bureau lillois de la banque, fin 2021. «Après avoir augmenté sensiblement en 2023, notre volume d’affaires s’inscrit en progression d’environ 40% depuis le début de l’année », témoigne-t-il.
Des chefs d’entreprise parfois surpris
Chaque semaine, ce dernier consulte la liste des jugements d’ouverture des procédures collectives. «J’appelle ensuite chacun des dirigeants dont l’entreprise vient d’être placée en redressement judiciaire ou en sauvegarde. Ma démarche vise d’abord à les écouter et à les conseiller en vue de les orienter vers les bons interlocuteurs et, s’ils souhaitent aller plus loin, de les accompagner ensuite. S’étant parfois vu assigner devant le tribunal de commerce par un créancier, il est frappant de constater que certains d’entre eux, au moment de cette prise de contact, n’étaient pas informés de l’ouverture d’une procédure collective les concernant». En avril, ce sont ainsi environ 120 chefs d’entreprises qui ont été joints par Quentin Vandersoupel. Au cours du premier trimestre, près de 450 avaient déjà été contactés. Illustration de la dégradation conjoncturelle en cours, «seulement» 900 l’avaient été sur l’ensemble de 2023.
Des financements souvent assis sur le poste client
Accompagnant actuellement plusieurs centaines de sociétés du Nord, du Pas-de-Calais et l’Aisne, Delubac Banque Judiciaire leur fournit différents services. «Lorsque le dirigeant nous sollicite directement, en amont du placement sous une procédure collective, nous pouvons lui mettre en place les installations monétiques qui vont lui permettre de continuer de percevoir des encaissements et de régler ses fournisseurs. Car il n’est pas rare que leurs partenaires bancaires, face à l’aggravation des difficultés de leurs clients, décident de geler leur compte, ce qui a pour conséquence directe de bloquer toute nouvelle transaction commerciale».
En fonction du besoin en fonds de roulement de l’entreprise, la banque judiciaire peut aussi accorder plusieurs types de financement. «L’objectif n’est absolument pas d’ajouter de l’endettement au surendettement», insiste cependant Quentin Vandersoupel. Le plus souvent, ces concours financiers sont assis sur le poste client. «Il est principalement question d’affacturage et de financement de créances via la cession Dailly», précise-t-il. Fluctuant chaque mois, les montants ainsi apportés par l’établissement peuvent atteindre jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros. Des avances de crédit d’impôt, comme le crédit d’impôt recherche (CIR) et le crédit d’impôt innovation (CII), peuvent également être proposées.
Des recrutements envisagés
Pour son métier de banque judiciaire dans les Hauts-de-France – le bureau lillois comprend parallèlement une activité de «banque des entreprises» (transactions internationales complexes…) –, Delubac & Cie s’appuie aujourd’hui sur trois collaborateurs. Un effectif réduit, qui pourrait grossir dans les prochains mois. «L’objectif serait non seulement de pouvoir traiter davantage de dossiers, de façon qualitative, mais aussi de renforcer notre ancrage dans certains bassins», précise Quentin Vandersoupel. L’Oise, la Somme et l’Aisne font partie des zones ciblées.
Hauts-de-France : les liquidations judiciaires s’enchaînent
Après être remonté à 3 598 (dont 2 723 liquidations judiciaires) en 2022 selon les statistiques du cabinet Altares, contre 2 032 un an plus tôt (et 1 526 LJ), le nombre de défaillances d’entreprise poursuit sa dynamique haussière dans les Hauts-de-France. L’an dernier, celui-ci a en effet bondi de 26,2%, pour s’établir à 4 542 procédures collectives (dont 3 292 LJ). Un total qui pourrait être dépassé en 2024. Entre janvier et mars, 1 244 cas de défaillances (902 LJ) ont encore été enregistrés, un chiffre en progression de 6,1% par rapport au premier trimestre 2023. Le principal dossier traité dans la région sur la période concerne Desmazières (commerce de détail de la chaussure). Liquidée en janvier, la maison mère de Chaussexpo employait 571 salariés et réalisait un chiffre d’affaires annuel d’environ 76 millions d’euros.