Édito

À la gloire de nos pères...

La semaine dernière dans leur documentaire diffusé sur les antennes de France TV le 10 octobre, Fabien Béziat et Hugues Nancy ont relevé le défi de retracer un siècle et demi d’histoire de la classe ouvrière dans leur documentaire «Nous les ouvriers», sur le modèle de «Nous paysans» diffusé en novembre dernier.



À la gloire de nos pères...

Le bleu, une belle couleur celle de l’espoir mais surtout dans nos terres industrielles, un symbole, un étendard de toute une culture, la culture ouvrière ! De génération en génération, des hommes et des femmes ont franchi les portes des usines, des ateliers de production, des laminoirs, des filatures descendus au fond des mines de fer ou de charbon. En bon Lorrain, impossible de ne pas être touché à la vue de ces images où bon nombre ont pu s’identifier en repensant à leurs pères, grands-pères, arrière-grands-pères ayant fait partie de cette classe. 

À côté des mineurs du Nord, des ouvriers de Peugeot de Sochaux ou de Renault à Boulogne-Billancourt, le haut-fourneau couché de feu l’usine sidérurgique de Senelle à Longwy vient nous rappeler un passé pas si lointain à ne surtout jamais oublier. L’industrie, d’hier comme celle d’aujourd’hui, s’affiche comme un socle de développement indispensable. Un emploi industriel équivaut à trois ou quatre emplois induits. Sans industrie, de tout ordre, pas de développement économique des territoires. Sans les ouvriers, pas d’industrie donc pas de création de richesse.

À l’heure de la décarbonation, de la transition écologique, de la réindustrialisation programmée, les quelque cinq millions d’ouvrières et d’ouvriers (moins d’un emploi sur quatre) d’aujourd’hui devraient voir leur nombre augmenter. La culture ouvrière est loin d’être tombée dans l’oubli. Elle ressurgit avec toute sa force et sa fierté. Celui qui a un jour porté un bleu, connu le travail de postes, le sait, le sent au plus profond de lui. Derrière les luttes sociales, les batailles certaines sur les conditions de travail, les fermetures assassines de sites, les acquis sociaux obtenus (et qui profitent aujourd’hui à tous), c’est cette force incontestable, cette dignité radieuse même dans l’adversité qui ressort. Une fraternité à prendre en exemple pour demain, histoire de ne jamais oublier d’où l’on vient.