A la centrale d’EDF à Bouchain, des tubes PRV en cours d’installation
Pièces maîtresses du système de refroidissement de la future centrale à cycle combiné gaz d’EDF, les tuyaux sont fabriqués sur mesure.
La fin des travaux de pose est annoncée pour fin 2014, fait-on savoir chez Montaron, filiale de Colas implantée à Maubeuge, en charge de la pose. A la mi-juillet, les deux conduites parallèles déjà installées se trouvaient à une centaine de mètres de la tour réfrigérante de la centrale thermique EDF de Bouchain, près de Valenciennes. Le niveau où se trouvait l’installation des tuyaux cet été est une étape charnière. La ligne de conduite se trouvant du côté sud est arrivée au point où elle fait une fourche. Hobas, le fabricant allemand de tubes, a dû là encore concevoir une pièce spéciale. «C’est une première pour nous en Europe, explique Etienne Pierrot, ingénieur d’affaires chez Hobas France. C’est une pièce qui permet de diviser le débit en deux de manière symétrique. Ce tube en Y a fait l’objet d’un design spécifique et a été fabriqué avec un moule également spécifique.» Le tube et ses accessoires techniques ont été fabriqués en tenant aussi compte du plan de pose et du plan de blindage de Montaron qui n’est qu’une intervenante parmi la trentaine d’entreprises opérant sur ce chantier.
Ce chantier «hors du commun», c’est celui de la construction de la nouvelle unité de production d’énergie d’EDF avec une technologie nouvelle : le “cycle combiné gaz”. Une technologie plus écologique que la production basée sur l’alimentation au charbon. Elle repose sur des turbines à combustion et à vapeur, chacune équipée de son propre alternateur. En réalité, le projet s’inscrit dans le cadre du programme de modernisation du parc thermique à flamme d’EDF. L’unité de production en construction à Bouchain aura une capacité de 510 mégawatts. De quoi alimenter 600 000 foyers, l’équivalent de Lille et Lyon réunies. Elle remplacera dès 2015 la centrale à charbon située côté sud sur le même site, qui cessera alors de fonctionner «45 ans après de bons et loyaux services».
Six mètres sous terre. Les deux conduites d’eau à installer font une longueur totale d’environ 900 mètres. Elles relient la tour aéroréfrigérante de la nouvelle unité de production au «bloc cuisine», ainsi qu’est appelé le point névralgique de toute la centrale où se trouvent les turbines à combustion et à vapeur. Les conduites constituent le réseau d’amenée et de rejet d’eau du circuit fermé de refroidissement. Chacune est faite de tubes en PRV (polyester renforcé de fibres de verre) mis bout à bout, six mètres sous terre. Tout le réseau n’est pas enterré. A un peu plus de 100 mètres de la tour, la conduite qui se trouve côté sud sort de terre. Le bassin de pompage en béton qui récupère l’eau refroidie par la tour avant de l’envoyer dans le réseau se trouve là. Une canalisation aérienne en acier posée sur des passerelles devra être accordée à des coudes verticaux par l’intermédiaire de brides ainsi que c’est indiqué sur le calepinage, le plan de pose. «Cette partie du réseau doit être aérienne», indique Florent Valvekens, ingénieur chez Montaron. Après les «coudes», cette partie de l’installation est sans doute la plus délicate. «Nous avons des tolérances très faibles, indique Florent Valvekens. Il faut faire très attention à ce niveau. Car, au-delà d’un décalage d’un centimètre, toute l’interface entre les tuyaux enterrés et les tuyaux aériens est faussée. Dans ce cas, soit nous serions obligés de tout démonter, soit le fabricant de tuyaux aériens serait obligé de s’adapter. Ce qui prendrait énormément de temps et surtout coûterait financièrement très cher.»