A Fréthun, bouchées doubles dans le génie climatique

Quatre ans après sa reprise, l’entreprise de génie climatique Bouchez poursuit un développement ambitieux qui tranche avec l’ambiance économique générale morose. Rencontre avec son repreneur et président, Rémi Kozubski, à Fréthun où se développe le groupe.

Rémi Kozubski, président du groupe Bouchez. (@Aletheia Press/MR)
Rémi Kozubski, président du groupe Bouchez. (@Aletheia Press/MR)

«Faut être malin.» C’est l'antienne de Rémi Kozubski : dans le domaine stratégique, du marketing, des ressources humaines, de la gestion, de la productivité. Quand il reprend la petite entreprise fondée par Christophe Bouchez en 2017, la société pèse 4 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie dix personnes dans ses locaux de Fréthun. Le périmètre d’intervention se limite alors à Calais, Dunkerque et Saint-Omer.

Aujourd’hui, l’entreprise Bouchez prend l’allure d’un groupe avec trois autres entités (à Amiens, Lesquin et Schiltigheim, près de Strasbourg), quarante-quatre salariés. Elle dépassera, selon toute vraisemblance, les 11 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021.

Une double problématique

«La reprise s’est faite rapidement, en six ou huit mois. Ça a matché avec Christophe Bouchez tout de suite. Après quinze ans dans un grand groupe concurrent, j’avais fait le tour et je suis passionné. Il faut l’être pour se lancer», raconte, ce Lillois de 39 ans. Ayant travaillé dans un groupe relevant du même domaine d’activité, Rémi Kozubski a aussi une expérience de plombier et chauffagiste : «J'ai un BEP et un bac pro plomberie-chauffagiste.» 

La reprise est adossée à un plan de développement qui doit répondre à une double problématique : la raréfaction des compétences qui s'est accentuée dans les territoires présentant une faible concurrence. Chauffage, plomberie, climatisation et ventilation sont des métiers complexes, dont la ressource humaine est souvent happée par les majors de la profession (Dalkia, Eiffage, Coaxia…). Pourvoyeuses de la taxe d’apprentissage auprès des établissements scolaires, ces métier sont aux premières loges lors des recrutements.

Le siège de l’entreprise, à Fréthun, près de Calais. (@Aletheia Press/MR)

Choyer et oser...

«Intégrer un grand groupe paraît plus attractif pour les jeunes. Nous, on propose autre chose. Mes chargés d’affaires sont issus de grands groupes où ils ont été rincés pendant des années. Chez nous, il y a la proximité. On choie nos salariés», explique le président. Lors de la période Covid, en sus du chômage partiel, la direction de l’entreprise paie ainsi une prime pour compenser la perte du déplacement et du panier : «On a eu une période de stress et quelques nuits blanches, mais la reprise s’est faite en septembre.» 

Associé à trois autres cadres, Rémi Kozubski procède par étape : après Lesquin où il a suivi certains clients, Amiens où la même méthode a été appliquée, il regarde vers l’est et l’ouest pour remplir la carte au nord de Paris. Ses cibles sont recentrées sur les collectivités et les entreprises, «de manière à peu près égale», et non sur la clientèle des particuliers. Sans langue de bois, il argue : «C’est très compliqué le particulier. Soyons francs : les impayés sont très importants et chronophages...»

Bouchez a plus que doublé son activité depuis sa reprise et compte essaimer prochainement. A l’équilibre, l’entreprise doit faire face à un marché qui croît mais qui reste complexe. Les prix bougent peu, les matériaux et la rareté de la ressource humaine font monter les coûts. Mais... «faut être malin».