À Dijon, Son développe le stockage solide de l’hydrogène

La jeune entreprise, spécialisée dans les nano-particules, utilise le borazane pour sa teneur élevée en hydrogène, et utilise ses nano-particules pour aider à la libération de celui-ci. Ingénieux, mais coûteux !

La start-up Son utilise les nano-particules pour favoriser l’extraction de l’hydrogène. © Son SAS
La start-up Son utilise les nano-particules pour favoriser l’extraction de l’hydrogène. © Son SAS

L’hydrogène, considéré comme une alternative énergétique prometteuse, pose un défi majeur en matière de stockage. Sous forme gazeuse, il nécessite des pressions extrêmement élevées, atteignant 700 bars, tandis que sous forme liquide, il doit être maintenu à une température cryogénique de -253°C, ce qui engendre des contraintes techniques et énergétiques considérables. À Bretenière, près de Dijon, la SAS Son explore une alternative innovante en recourant au stockage sous forme solide, une voie encore peu exploitée mais prometteuse.

Au cœur du processus le borazane

L’entreprise s’appuie sur un composé chimique, le borazane (BH₃NH₃), un hydrure complexe contenant environ 20 % d’hydrogène en masse. La libération de l’hydrogène se fait par déshydrogénation thermique ou catalytique, un processus chimique pendant lequel le borazane se décompose. LA start-up Son utilise des nanoparticules magnétiques spécifiques, qui facilitent la réaction et permettent une extraction efficace de la molécule d’hydrogène. Une fois la réaction terminée, ces nanoparticules peuvent être récupérées et réutilisées jusqu’à dix fois, optimisant ainsi le rendement du procédé.

Bien que technologiquement avancée, cette approche présente un obstacle majeur : son coût. "L’inconvénient de cette nouvelle technologie, c'est le prix de revient de l’hydrogène, autour de 5000 € le kilogramme, contre 7 € pour l’hydrogène chimique gris, issu du reformage du gaz naturel. L’essentiel de ce prix est lié à celui du borazane, peu produit, sinon en Chine, en Inde, et aux USA", détaille Jérémy Paris, fondateur de Son.

Des usages de niche

Ce différentiel rend son application peu viable pour des usages grand public ou industriels classiques. Son oriente donc son innovation vers des secteurs de niche, notamment les applications militaires ou les situations d’urgence, où la compacité et la stabilité du stockage solide offrent des avantages stratégiques. "Nous avons des marques d’intérêt de partenaires potentiels dans l’automobile, la défense et le secteur de l’énergie", assure le dirigeant.

La jeune entreprise, qui a généré un chiffre d’affaires d’environ 100 000 € en 2024 et emploie huit personnes, cherche aujourd’hui à accélérer son développement. Une levée de fonds de 1,5 million d’euros est en préparation, dont 500 000 à 600 000 € en equity, afin de financer l’industrialisation de cette technologie et d’attirer des partenaires stratégiques. En repoussant les limites du stockage de l’hydrogène, Son illustre le dynamisme de l’innovation en Bourgogne-Franche-Comté et ambitionne de se positionner comme un acteur clé dans le domaine des matériaux avancés pour l’énergie.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel