À Dijon, l’eau au cœur des préoccupations
En préambule à la journée mondiale de l’eau, les canalisateurs et la FRTP de Bourgogne Franche-Comté organisait une matinée dédiée à la thématique, ce 20 mars. Plusieurs solutions ont été suggérées pour faire face aux extrêmes associés au changement climatique.

D’un côté, des étés qui, régulièrement, mettent les territoires en stress hydrique, de l’autre, des hivers avec de plus en plus d’épisodes d’inondations. Si les collectivités se sont en partie saisies de la gestion des réseaux d’eau potable, elles ont tendance à négliger ceux dédiés aux eaux usées et pluviales selon la profession. C'est dans ce contexte, et à deux jours la journée mondiale de l’eau, que la FRTP (Fédération régionale des travaux publics) de Bourgogne Franche-Comté a organisé des conférences et des ateliers ce 20 mars à Dijon.
"Les réseaux d’assainissement sont renouvelés tous les 200 ans dans la France rurale quand les équipements sont conçus pour durer 50 ans", a notamment souligné Pierre Rampa, président national des canalisateurs. Pour attirer l’attention des entreprises du secteur des canalisations ainsi que des élus locaux, la FRTP régionale et les canalisateurs ont ainsi invité le climatologue Benjamin Pohl, de l’université Bourgogne Europe, à dresser un point de situation et à présenter les tendances à venir. "Le constat global traduit que le réchauffement climatique est dû aux activités humaines. Il impacte les précipitations partout dans le monde."
Le pire, devant nous ?

En faisant un gros plan sur la région, l’expert a précisé que les records de températures actuels se situent au-delà de 42 degrés Celsius quand ils pourraient dépasser les 55 degrés Celsius d’ici 2050. "Il faut aussi ajouter les îlots de chaleur urbains avec une différence de six degrés entre le cœur de Dijon et certaines communes de la métropole." Ce constat aura des conséquences sur l’effet d’évaporation. Le climatologue estime qu’à partir de 2070, cet effet sera supérieur aux précipitations enregistrées tandis que dans le temps, les crues centennales se multiplieront.
"Il faut, à ce titre, mener une réflexion sur la dimension des canalisations." Certains élus n’ont pas manqué d’interroger le spécialiste sur la mise en place de bassins de rétention d’eau pour stocker cette eau ponctuellement en quantité. "On estime à 30 ou 40 % la perte en évaporation. Le meilleur stockage reste les nappes, donc il faut faciliter les infiltrations."
Des idées en action

Un point de vue partagé par Sixtine Paris, d'Epage Seille et affluents, qui s’applique à restaurer le milieu aquatique. "Nous reprenons les anciens méandres, nous re-sinuons les cours d’eau qui sont moins larges et moins profonds. En cas de débordement, cela facilite l’infiltration de l’eau et évite l’inondation des communes." Les nappes ont ensuite la capacité de stocker toute l’eau et de la conserver à une température de 12 degrés toute l’année sans évaporation.
Pour sa part, Antoine Hoareau, vice-président de Dijon métropole en charge de l’eau et l’assainissement, a évoqué deux actions menées. La première repose sur une étude autour des eaux pluviales qui a permis d’établir un état des lieux et de souligner l’importance de maintenir la végétation en surface privée. "D’autre part, nous espérons lancer en 2026 une expérimentation pour enlever les molécules chimiques et plastiques des eaux usées grâce au charbon actif pour rejeter une eau de qualité qui ne présente aucun risque pour la santé."
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert