Stratégie

À Château-Thierry, 3 Axes passe à la vitesse supérieure

Spécialiste de l'usinage de profilés d’aluminium, l'entreprise 3 Axes veut conquérir de nouveaux marchés. Elle investit dans du matériel et réorganise ses flux.

Actuellement 3 Axes usine des pièces jusqu'à 8,5 mètres. Elle souhaite pouvoir aller jusqu'à 14 mètres. ©3 Axes
Actuellement 3 Axes usine des pièces jusqu'à 8,5 mètres. Elle souhaite pouvoir aller jusqu'à 14 mètres. ©3 Axes

« L’objectif, c'est de se projeter sur des longueurs de profilés de plus de dix mètres voire allant jusqu'à 14 mètres. » Luc Larratte, gérant de l'entreprise 3 Axes, a une vision claire de l'avenir. Historiquement positionnée sur le marché du bâtiment, l'entreprise castelthéodoricienne souhaite diversifier son activité. « On ne s'interdit aucun marché, poursuit le dirigeant. La crise sanitaire nous a appris que la diversification sécurisait un peu les choses. » Dans un premier temps, c'est donc aux attentes de l'industrie ferroviaire ou de l'aéronautique que 3 Axes souhaite pouvoir répondre. « Ce sont des marchés que l'on commence déjà à toucher. Mais on aimerait aller plus loin. Cette année, nous allons pour la première fois participer au Salon du Bourget », relève le dirigeant.

Mais pour opérer cette diversification, 3 Axes doit voir plus grand. Usinant jusqu'alors des profilés allant jusqu'à 8,5 mètres, elle doit aujourd'hui pousser les murs, pour aller au-delà. « Cela nécessite des machines plutôt encombrantes », poursuit Luc Larratte, qui souhaite acquérir deux centres d'usinage Haco de plus de 14 mètres. Le site actuel affiche 2 500 m2, quand il en faudrait au minimum 3 000. Faute de foncier disponible, l'idée entrevue avant le Covid d'un nouveau site de production a été écartée. Et c'est donc par l'optimisation que 3 Axes compte arriver à ses fins.

Un million d'euros d'investissement

« Dans un premier temps, on espère pouvoir gagner les 500 m2 qui nous manquent par la réorganisation des flux de production et l'optimisation de l'espace. » Des cobots notamment devraient faire leur apparition dans l'entreprise et participer à l'optimisation des flux, tout en simplifiant le travail de manutention. Outre les machines de grandes longueurs, l'espace libéré devrait aussi permettre de créer une petite surface de stockage de matière première. Même si l'entreprise travaille de la matière fournie par ses clients, « on s'est aperçu que ça devient un service, que de pouvoir avoir une matière première en stock, en suffisance. Et cela leur permet aussi de rationaliser les coûts d'achat. »

L'investissement n'a rien d'anecdotique. Luc Larratte l'estime à un peu moins d'un million d'euros, ce qui reste conséquent pour une entreprise qui dégage un peu moins de deux millions d'euros de chiffre d'affaires annuel. Heureusement, 3 Axes se fait accompagner. La CCI a ainsi soutenu l'étude préalable au projet, qui a permis de pointer les optimisations efficaces. La Région accompagnera aussi l'investissement. « On est à peu près à 10% de cette enveloppe en subventions pures, mais une majoration à l'emploi créé supplémentaire est aussi prévue. On estime entre 50 et 80 000 euros, l'aide à laquelle on peut prétendre. Sans compter le soutien "en support" dont on peut bénéficier aussi. »

Quinze emplois à venir

Un soutien non seulement bienvenu, mais indispensable. « Cela devient l'élément déclenchant. Sans ces aides, le risque à prendre est trop important pour une entreprise », poursuit Luc Larratte. Sur fonds propres, ça devient compliqué de s'engager dans des stratégies de changement d'échelle. » Pourtant, il le sait : l'investissement est essentiel. « Avant le Covid nous avions déclenché pas mal d'investissements qui nous ont permis de rester sur le devant pendant la crise. Sur l’énergie, aussi, on a déjà investi dans ces stratégies là, et ce sont des investissements qui ont été salutaires. » L'avenir dira si cette logique est respectée. Une dizaine d'emplois seront créés dès l'investissement réalisé. Une quinzaine à terme.

Marque employeur et délais de livraison

3 Axes compte une trentaine d'ETP actuellement. Le recrutement de dix voire 15 salariés supplémentaires relève évidemment du challenge. « Pour tout le monde, c'est LE sujet du moment », relève Luc Larratte. Chez 3 Axes, donc on travaille la marque employeur, en développant aussi l'esprit d'une entreprise familiale, dans laquelle discussion et écoute sont de mise. « On essaie de mettre en place, à notre échelle, des stratégies de grands groupes, poursuit le gérant. Cela coûte relativement cher, mais on en voit les bénéfices. » En outre, elle tend à aller vers le "zéro contrat intérimaire" depuis la sortie du Covid, pour ne compter que sur ses propres forces. Un challenge qui suppose de rationaliser les délais de livraison. « Avec le Covid, nos clients se sont habitués à un peu plus de délais, constate Luc Larratte. Et nous nous travaillons en interne pour améliorer nos flux. » L'entreprise est notamment passée à la semaine de quatre jours qui permet de rester ouvert plus longtemps en période chargée, et à l'inverse de libérer les salariés dans les creux de production. Avec, bien sûr des salaires lissés à l'année.