A Bellencontre, innovation sur un site en reconversion

Sous les apparences de l’ancien, marié au contemporain, une prouesse pour deux architectes de Tourcoing et une entreprise de Comines.

Une façade "comme un tissu qu'on vient découper".
Une façade "comme un tissu qu'on vient découper".

La rue de la Fin-de-la-Guerre, dans le quartier Bellencontre à Tourcoing, surplombe le site de l’ancienne usine Paul & Jean Tiberghien dont ne subsistent que des vestiges, une façade de chapelle bien mal intégrée à un programme résidentiel et une ancienne conciergerie d’où sortent trois serpents aux façades alvéolées comme des nids d’abeille, partant à l’escalade de la butte.

Cette dernière réalisation est l’œuvre de deux jeunes architectes, récemment tourquennois mais dont l’agence D’Houndt + Bajart architectes & associés a été créée en 2005 à Mouvaux. Apparemment, il s’agit de l’association d’une vieille construction en brique de 1920 et d’une architecture contemporaine. Apparemment seulement, car, sous la peau de résine qui enveloppe l’extension, se dissimule une ossature bois très ingénieuse qui donne une caractéristique particulière au bâtiment.

Passée la porte, on perçoit de suite l’acoustique particulière qui étouffe les sons parasites et crée une ambiance propice à la lecture. Le corps perçoit aussi une douceur particulière. Nous sommes dans un cocon soigneusement insonorisé et isolé grâce à l’utilisation complète du bois, autant pour la structure que pour l’isolation, les façades et les plafonds.

Les volumes intérieurs bénéficient d’une lumière tamisée par les alvéoles qui sont autant de coups d’œil furtifs et parfois gigognes vers l’extérieur. Tout a été dessiné par les architectes, jusqu’au mobilier et aux motifs de la moquette. Dans un recoin, un auditorium dont les gradins prolongent ceux du jardin extérieur dans une astucieuse façon de rattraper le dénivelé du terrain d’assiette.

 

D.R.

Une façade "comme un tissu qu'on vient découper".

Utilisation du bois. La principale astuce est invisible à l’œil nu. Si l’adjudicataire principal est Spie Batignoles pour le gros œuvre, le béton n’est présent que dans les dalles et les pignons, tout le reste est en bois et a été réalisé par BSM, une entreprise de charpente cominoise à laquelle les architectes ont donné du bois à retordre. Vincent D’Houndt et Bertrand Bajart ont imaginé une structure porteuse composée entièrement de pièces de bois, assemblées par des éléments d’acier, pour former les parois des alvéoles. Tout a été dessiné par ordinateur puis découpé par une entreprise spécialisée, avant d’être assemblé en atelier. Ont été nécessaires 1 000 formes en bois et 20 000 pièces d’acier. Une fois les structures montées, toutes les cavités, sauf celles destinées à devenir des fenêtres, ont été emplies de laine de bois, et enserrées entre deux panneaux de lamellé-collé ; l’interne brut et l’externe recouvert d’une résine tout comme la toiture en panneaux de bois également.

Attentifs à tout dessiner jusqu’aux poteaux qui ne sont pas carrés, les architectes commentent : «C’est comme un voyage, on retient tous les détails.» Un voyage  pour 4,4 M€  et 900 m².