50 millions d’euros apportés par l’État au Calaisis
Le 23 septembre dernier, Matignon a annoncé qu’il répondait favorablement à la demande de dédommagement du maire de Calais, Natacha Bouchart. Celle‑ci avait en effet réclamé 50 millions d’euros afin de compenser le préjudice subi par la ville en raison de la présence d’environ 6 000 migrants sur son territoire : 25 millions attribués à la signature du contrat et une autre tranche de 25 millions quelque temps après.
Plusieurs projets de la municipalité pourraient bénéficier du versement de cette somme, à commencer par le mastodonte Heroic Land, en projet pour 2018 (voir notre édition n°9556 du 20 octobre 2015).
Conséquences néfastes. “L’impact de la pression migratoire sur l’économie est réel, affirme Faustine Maliar, collaboratrice de cabinet de Natacha Bouchart, la sénatrice-maire de Calais. Lorsque le trafic du tunnel sous la Manche est arrêté dans les deux sens pendant des heures ou lorsque le port subit des perturbations, il y a de réelles conséquences sur le plan économique.”
Eurotunnel et le Port de Calais confirment bel et bien cette perte en termes de chiffre d’affaires, même si, pour l’heure, l’un comme l’autre ne souhaitent avancer aucune estimation. “Il existe des transporteurs qui déroutent de Calais pour aller vers les ports belges”, avance Isabelle Fauquet, responsable de la communication du Port de Calais. La société Eurotunnel a pour sa part dû faire des dépenses de sûreté sur son site ; en revanche son chiffre d’affaires au premier semestre 2015 était en progression pour le onzième semestre consécutif. D’autres entrepreneurs locaux confirment. “Lorsque les transports sont bloqués et qu’on doit livrer dans toute l’Europe, les retards de livraison occasionnent des pertes de chiffre d’affaires”, souligne l’un d’entre eux. “Cet argent créera un appel d’air supplémentaire et le territoire ne retrouvera pas son attractivité”, affirme de son côté Françoise Vernalde, conseillère municipale d’opposition FN.
Des points positifs ? L’opposition communiste, quant à elle, “partage les sentiments” du maire concernant les difficultés liées à la situation migratoire, mais met en avant les avantages de la présence des migrants. “Certains commerçants ont vu leur chiffre d’affaires baisser, confirme Jean-Jacques Triquet, premier secrétaire de la section calaisienne du parti communiste. En revanche, d’autres commerces bénéficient de la présence des migrants.” Dans la liste, selon le politique, les magasins de téléphonie, de bricolage et quelques grandes surfaces. Et puis, “ce sont 2 500 repas qui sont distribués chaque jour dans le centre Jules-Ferry (attenant à la fameuse jungle). Il faut bien un fournisseur.” Si la présence de migrants apporte de la valeur, elle crée aussi de l’emploi dans les différentes associations du territoire.
La liste ne s’arrête pas là : “120 CRS ont été appelés sur le territoire du Calaisis. Il faut les nourrir, les loger.” En clair : de l’argent qui est dépensé dans les secteurs de l’hôtellerie (hôtels qui accueillent aussi les passeurs) et de la restauration. Une rentrée d’argent qui, pour les représentants des commerçants de l’hôtellerie et de la restauration, ne compense en rien la perte de chiffres d’affaires. Au total, ce seraient 1 000 emplois et une pertede chiffre d’affaires comprise entre 20 et 30%.
50 millions d’euros, pour quoi faire ? Les 50 millions d’euros débloqués par l’État serviront pour une bonne part à financer une partie du projet Heroic Land. “Les commerçants impactés peuvent déposer un dossier d’aide en mairie”, a aussi annoncé Natacha Bouchart. Pour ce qui est d’un dispositif plus général, cela paraît difficile aux yeux de l’édile… L’avantage du contrat territorial, selon Yann Capet, député de Calais, c’est que la somme affichée peut être dépassée : “Il y a six milliards d’euros émanant de l’Europe pour la région Nord- Pas-de-Calais…” L’argent sera donc un coup d’accélérateur pour les projets en cours, mais servira aussi de soutien aux PME locales ayant perdu du chiffre d’affaires en raison, notamment, des retards de livraisons évoqués plus haut.