Zepeda nie avoir tué Narumi, "une accusation horrible"
Nicolas Zepeda a démenti lundi avoir tué son ex-petite amie Narumi Kurosaki, rejetant "une accusation horrible" dès le début de son interrogatoire devant la...
Nicolas Zepeda a démenti lundi avoir tué son ex-petite amie Narumi Kurosaki, rejetant "une accusation horrible" dès le début de son interrogatoire devant la cour d'assises d'appel à Vesoul.
"J'ai beaucoup attendu ce moment en réalité, malgré la pression, le stress, malgré le fait que c'est une accusation horrible pour quelque chose que je n'ai pas fait", a déclaré le Chilien de 33 ans, qui a été condamné l'an dernier à 28 ans de réclusion pour l'assassinat à Besançon de la jeune étudiante japonaise en 2016, dont le corps n'a jamais été retrouvé.
"Je suis prêt à répondre à vos questions. Surtout, je n'ai plus peur de vous répondre", a lancé l'accusé à la cour en début d'après-midi.
L'interrogatoire aurait dû commencer dans la matinée, mais les avocats de la défense ont obtenu plusieurs suspensions d'audience en réclamant un renvoi du procès, demande refusée par la cour.
Mes Renaud Portejoie et Sylvain Cormier ont invoqué la déposition il y a une semaine et demie d'un enquêteur : les avocats se plaignaient d'avoir reçu la veille seulement "un document de 150 pages" présentant des différences avec la déposition orale de l'enquêteur.
Quelques mensonges
Le policier avait notamment évoqué à la barre son utilisation d'un logiciel détecteur de VPN (système permettant une connexion réseau privée entre des appareils via internet) qui ne figurait ni dans la procédure, ni dans le document adressé en amont.
Ces éléments de géolocalisation sont importants, l'accusé étant soupçonné d'avoir pris le contrôle des comptes numériques de Narumi pour envoyer des messages à sa place et retarder les recherches après sa disparition.
En février, Nicolas Zepeda, fils d'un ancien haut responsable du secteur des télécoms, avait déjà obtenu le renvoi de son procès en appel après être arrivé à l'audience sans avocat.
Depuis le début du procès le 4 décembre, le Chilien a évolué dans sa version, concédant "quelques mensonges" : il a ainsi reconnu s'être volontairement rendu à la résidence universitaire où logeait Narumi à Besançon pour la rencontrer, alors qu'il plaidait jusqu'alors la rencontre fortuite.
Mais sur l'essentiel, c'est-à-dire sa culpabilité dans ce féminicide présumé, il n'a pas bougé d'un iota: il n'a pas assassiné Narumi, en dépit du faisceau d'indices qui lui a valu sa condamnation en première instance.
Accoudé au box, vêtu d'une polaire noire, Nicolas Zepeda n'a pas plus reconnu lundi de responsabilité dans la disparition de Narumi lorsque le président lui a rappelé ses mensonges passés et demandé s'il avait menti sur d'autres points.
"Non, spontanément", aucun autre mensonge ne lui vient à l'esprit, a-t-il répondu dans un bon français appris en prison.
Limites du dossier
Cette brillante étudiante japonaise de 21 ans a disparu le 5 décembre 2016. Son corps n'a jamais été retrouvé. Nicolas Zepeda, qui l'avait rencontrée en 2014 lorsqu'il étudiait l'économie et la gestion d'entreprises au Japon, a rapidement été suspecté.
Pour l'accusation, ce Chilien décrit comme possessif et jaloux n'a pas supporté qu'elle mette fin à leur relation quelques semaines auparavant et l'a tuée en préméditant son acte: venu du Chili jusqu'en France, il a étouffé ou étranglé Narumi dans sa chambre universitaire avant de se débarrasser du corps, selon les conclusions des enquêteurs.
"On a mis à plat" pendant deux semaines "les éléments de la procédure" qu'il faut désormais "soumettre à Nicolas Zepeda" pour qu'il s'explique dessus, a expliqué à l'AFP Renaud Portejoie, qui pointe avec Me Cormier les "limites du dossier".
On ne peut pas "faire comme si les éléments à charge n'existaient pas, je préfère qu'on s'y confronte" afin que M. Zepeda "puisse apporter des éléments de réponse, satisfaisants ou non", a-t-il estimé.
Jeudi, la deuxième semaine de ce procès s'était achevée dans le chaos, après une crise de larmes de l'accusé qui venait d'affirmer avoir été agressé par un surveillant à la prison de Besançon. Sa plainte avait été classée début 2022.
Le verdict pourrait intervenir jeudi.
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