Zepeda bousculé, procès suspendu après un malaise de la mère de Narumi
Le procès en appel de Nicolas Zepeda a été suspendu lundi après un malaise de la mère de sa victime présumée, Narumi Kurosaki, au moment où le Chilien de 33 ans était bousculé par l'accusation et même par son...
Le procès en appel de Nicolas Zepeda a été suspendu lundi après un malaise de la mère de sa victime présumée, Narumi Kurosaki, au moment où le Chilien de 33 ans était bousculé par l'accusation et même par son propre avocat, décidé à ne pas le "ménager".
L'audience reprendra mardi à 09H00, a indiqué le président de la Cour, François Arnaud.
Le malaise de Taeko Kurosaki, mère de l'étudiante japonaise disparue en 2016, est survenu en fin de journée, alors que l'audience s'était considérablement tendue.
L'avocat général Etienne Manteaux avait d'abord sérieusement mis en difficulté l'accusé en le pressant de se justifier après l'audition plus tôt de deux témoins-clés, deux jeunes femmes qui avaient soutenu que le Chilien leur avait demandé d'effacer des messages très gênants pour lui et de leur envoyer la preuve de ces suppressions par des captures d'écran.
Zepeda dans le texte
Face à ses dénégations, l'accusé est confronté à la retranscription d'un échange avec Narumi dans lequel il lui ordonne de supprimer les contacts de trois garçons, dont Arthur del Piccolo, dernier petit ami de l'étudiante et partie civile au procès.
"Ca ne me ressemble pas (...) Je ne sais pas, c'est une traduction. Il faudrait voir l'original", bredouille le Chilien.
"Ah, du Zepeda dans le texte!", s'agace M. Manteaux.
Vient le tour de l'avocat de la défense de se lever. "Mon rôle n'est pas forcément de vous ménager pour vous ménager mais aussi de vous éprouver", lance Renaud Portejoie à son client, condamné à 28 ans de réclusion en première instance et rejugé depuis une semaine pour l'assassinat de son ex-petite amie, qu'il nie.
"Je m'interdis de laisser partir les jurés dans ces conditions", tonne l'avocat, mettant son client en garde : "je ne sais pas si vous prenez la mesure de ce qui s'est passé ce matin et des implications sur votre procédure!"
Dans le box, Nicolas Zepeda le fixe : "croyez-moi, j'aimerais bien avoir des réponses, je fais de mon mieux..."
Pendant une bonne partie de ces échanges, un sanglot monte sur le banc des parties civiles : c'est la mère de Narumi, Taeko, qui finit par s'effondrer dans les bras de ses deux filles. Leur avocate, Sylvie Galley, obtient l'interruption de l'audience.
Moment-clé de cette journée, les témoignages des deux jeunes japonaises avaient auparavant entamé la défense du Chilien.
Megumi Sugisaki, 29 ans, a vécu un mois chez lui à Santiago et brosse à la barre le portrait d'un homme à "facettes", "gentil" et "brillant" mais également "manipulateur" et capable d'importantes "fluctuations émotionnelles".
Point-clé de sa déposition : les demandes de traduction de phrases en japonais qu'il lui adresse, à elle et à une autre Japonaise, Rina Sakamaki.
Elles font partie des éléments mis en avant par l'accusation pour soutenir la culpabilité du Chilien : les proches de Narumi ont en effet reçu plusieurs messages après la disparition de Narumi, le 5 décembre 2016 à Besançon, provenant des comptes de l'étudiante, usurpés selon les enquêteurs par M. Zepeda pour brouiller les pistes et retarder les recherches.
L'accusé nie avoir demandé ces traductions, concédant des échanges sur des points de "grammaire" ou de "syntaxe".
Dans le souvenir de Mme Sugisaki, pas très précis comme elle le reconnaît, ces demandes seraient intervenues en octobre, ce qui laisse planer une possible préméditation, deux mois avant les faits présumés.
Elles tournaient autour d'un "voyage" et d'une "dispute", a-t-elle expliqué.
Biscornues
Le 15 décembre, une dizaine de jours après la disparition, Nicolas Zepeda lui demande d'effacer les échanges numériques relatifs à ces traductions. Megumi s'exécute, malgré cette demande "saugrenue".
Le Chilien a fait des demandes similaires en décembre 2016 à Rina Sakamaki, 30 ans, a soutenu cette dernière en visioconférence depuis le Japon.
Le 11 décembre 2016, il lui a demandé comment rédiger, avec une tournure féminine, la "réponse à une question telle que +vas-tu partir seule ou en groupe?+" ou encore "+j'ai un nouveau petit ami+", a-t-elle détaillé. Et le 15 décembre, le même jour que pour Mme Sugisaki, il lui demande d'effacer ces échanges.
"Je n'ai pas compris ni cru (ses) explications biscornues (...) mais j'ai compris qu'il suffisait de les effacer pour qu'il retrouve sa quiétude", a déclaré la jeune femme.
347F7GQ