Yumain intègre l’intelligence artificielle dans un boîtier autonome
La start-up dijonnaise, spécialisée dans l’intelligence artificielle appliquée à l’image, commercialise son propre matériel. Avantage de celui-ci, il permet les traitements automatisés en autonomie.
L’heure est au changement de business model pour la jeune entreprise dijonnaise Yumain, qui emploie 14 salariés, dont 10 ingénieurs. Celle-ci commercialise désormais son propre boîtier électronique, nommé ECS (Edge Computing Sensor), qui, couplé à une caméra, permet de réaliser des traitements basés sur l’intelligence artificielle, localement. Par exemple, le dispositif peut vérifier, sur un chantier, que chaque employé porte bien son casque de protection et, à défaut, alerter de ce manquement. L’appareil a également fait ses preuves dans une application de haut niveau, la détection de l’usure des pantographes des trains. Celle-ci s’effectue simplement en installant le capteur ECS et sa caméra sur un poteau. « Notre boîtier analyse en temps réel les images, détermine le numéro du train et vérifie les altérations et les déformations des pantographes. En cas d’usure, il alerte les services de maintenance », précise Marc Benoit, directeur général de Yumain.
L’intelligence artificielle qui auto-apprend
Yumain, cofondée en 2011, par Xavier Bruneau et Michel Paindavoine, chercheur à l’Université de Bourgogne, a longtemps été une société de conseils et d’expertise, monnayant son savoir-faire en matière d’intelligence artificielle dans le cadre d’appels à projets ou d’appels d’offres. C’est par ce biais qu’elle a été amenée à travailler sur les pantographes. « Nous disposions d’un savoir-faire de haut niveau, mais nous manquions de possibilités de le proposer à l’industrie. C’est pour répondre à cette difficulté que nous avons décidé de développer nos propres solutions matérielles », note Cédric Renaud, responsable d’affaires chez Yumain. Avec son capteur ECS, et d’autres produits en projet comme une caméra « bio-inspirée », Yumain autonomise son IA. « D’ordinaire, lorsqu’on parle d’intelligence artificielle et d’apprentissage profond, il s’agit de nourrir un réseau de neurones de dizaines de milliers d’images pour que celui-ci soit capable de reconnaître, par exemple, des photos de chat. Notre système lui se contente de quelques centaines d’images pour auto-apprendre. C’est un énorme avantage concurrentiel », assure Marc Benoit. Grâce à cette spécificité, l’IA de Yumain est peu énergivore, et peut donc fonctionner en autonomie, sans avoir besoin d’être connectée au réseau électrique. Là aussi, il s’agit d’un bel avantage en matière de capacités de déploiement. « Nos clients sont les intégrateurs, ceux qui travaillent avec les géants de l’industrie comme Renault et Alstom, mais qui ne disposent pas de compétences en matière d’intelligence artificielle », analyse Marc Benoit. Le changement de business model a négativement impacté le chiffre d’affaires de l’entreprise en 2019, 180 000 €. Il devrait, malgré la Covid-19, s’établir cette année autour de 770 000 €, soit un niveau un peu supérieur à 2018.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel