Yaël Braun-Pivet réélue à la tête de l'Assemblée face à une gauche amère

Yaël Braun-Pivet retrouve le perchoir: onze jours après les législatives, la présidente sortante de l'Assemblée a été réélue grâce à une entente entre la droite et la macronie qui pose peut-être les bases d'une coalition gouvernementale et souligne le mur...

La députée Renaissance Yaël Braun-Pivet réélue à la présidence de l'Assemblée nationale, le 18 juillet 2024 à Paris © Bertrand GUAY
La députée Renaissance Yaël Braun-Pivet réélue à la présidence de l'Assemblée nationale, le 18 juillet 2024 à Paris © Bertrand GUAY

Yaël Braun-Pivet retrouve le perchoir: onze jours après les législatives, la présidente sortante de l'Assemblée a été réélue grâce à une entente entre la droite et la macronie qui pose peut-être les bases d'une coalition gouvernementale et souligne le mur auquel se heurte la gauche au Palais Bourbon.

Au terme d'une journée "historique" et pleine de suspense, qui a vu affluer plus de 500 journalistes au Palais Bourbon,Mme Braun-Piveta été élue au troisième tour avec 220 voix contre le candidat de la gauche André Chassaigne (PCF), 207 voix. Sébastien Chenu (RN) a quasiment fait le plein des suffrages de son camp avec 141 voix.

Face à une "Assemblée plus divisée que jamais", Mme Braun-Pivet a souligné à la tribune la nécessité pour les députés de "rechercher des compromis", d'être "capables de dialoguer, de (s') écouter et d'avancer". "Cette élection m'oblige peut être plus que jamais, plus que celle de 2022", a-t-elle dit.

La députée des Yvelines a bénéficié du report des voix de la candidate Horizons Naïma Moutchou, et surtout du soutien de La Droite républicaine, qui a retiré son candidat Philippe Juvin.

Entre les deuxième et troisième tours, la gauche a retenu son souffle, se reprenant à espérer après le désistement du candidat de Liot Charles de Courson, qui aurait pu lui profiter - en vain.

Auprès de la presse, M. Chassaigne a dénoncé avec virulence un vote "volé" par une "alliance contre nature" entre la macronie et la droite, alors que la gauche est arrivée en tête au second tour des législatives. 

Déni démocratique

"Au prix d’un accord secret avec LR dont nous découvrirons les contreparties, du contournement de la constitution en faisant voter 17 ministres, la candidate de l’Elysée retrouve le perchoir après 3 défaites successives aux européennes et législatives. Summum du déni démocratique", a fustigé sur X le premier secrétaire du PS Olivier Faure dont le camp promet un recours devant le Conseil constitutionnel.

Sébastien Chenu a lui dénoncé une "victoire des combines". "Les Républicains, qui se sont fait élire il y a 15 jours en disant qu'ils étaient l'opposition à Emmanuel Macron, viennent de voter pour Yaël Braun-Pivet", a-t-il dénoncé.

Mais Mme Braun-Pivet veillera "à l'expression de la diversité des sensibilités", a assuré sur X Emmanuel Macron.

Après la défaite du camp présidentiel, arrivé deuxième au soir du second tour des législatives, la députée des Yvelines réalise un coup inespéré, grâce au concours d'une droite elle-même affaiblie.

Le Palais Bourbon bruissait depuis plusieurs jours des rumeurs d'un accord entre la macronie et la droite qui a, selon des sources concordantes, négocié plusieurs postes clés à l'Assemblée pour prix de son ralliement: au minimum, une vice-présidence, la tête de la commission des finances, et un des trois postes de questeur.

En marge du scrutin, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées place de la République à Paris à l'appel notamment de la CGT, "pour mettre l'Assemblée nationale sous surveillance" et demander le "respect" du résultat des élections.

Mais le Nouveau Front populaire s'est heurté sur tous les bancs à un "tout sauf la gauche", selon le mot d'une source macroniste.

L'accord entre la droite et la macronie est-il pour autant l'embryon d'une coalition ? La droite récuse être dans cette logique, mais assume selon son porte-parole Vincent Jeanbrun de vouloir "faire gagner (ses) idées", couchées dans un "pacte législatif" qu'elle propose à la macronie.

Bingo" pour Wauquiez

"Si nous obtenons des postes à responsabilité sans être (dans) l’exécutif, c’est un peu bingo pour nous. Notre ligne, c’est pas de participation à un gouvernement", assurait jeudi matin un proche de Laurent Wauquiez.

Enferrée depuis le 7 juillet dans des discussions pour s'accorder sur le nom d'un candidat commun pour Matignon, la gauche voit elle s'éloigner la perspective d'accéder au pouvoir, au moins dans l'immédiat.

Le président du groupe PS, Boris Vallaud, a cependant promis jeudi soir qu'elle dégainerait "un nom très vite".

Plus tôt dans la journée, Olivier Faure avait appelé les troupes du NFP à organiser un vote entre deux personnalités: Huguette Bello, présidente de La Réunion à laquelle s'oppose le PS, et Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris sur le climat qui n'a pas les faveurs de LFI.

Dans un entretien à l'AFP, cette dernière s'est dite prête à devenir Première ministre, bien décidée à "arracher" des mesures de gauche pour répondre à "l'urgence sociale".

Vendredi, les discussions reprendront pour attribuer les autres postes clés de l'Assemblée, membres du bureau et présidents de commission.

Ces derniers jours, le NFP est revenu à la charge pour appeler à priver l'extrême droite de toutes ces fonctions clés. Le groupe de Marine Le Pen, qui disposait jusqu'ici de deux vice-présidences, crie déjà au déni de démocratie.

Si le groupe présidé par Gabriel Attal affirme ne vouloir voter ni pour un candidat du RN, ni pour un LFI, le MoDem et Horizons sont favorables à une répartition des postes proportionnelle au poids de chaque groupe.

Tout comme Yaël Braun-Pivet qui a rappelé après son élection qu'elle trouvait "sain" que "chaque groupe politique, quel qu'il soit puisse être représenté au Bureau" de l'Assemblée.

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