Territoires
Woippy pionnière en Lorraine du Plan de transformation des zones commerciales
La zone des Deux Fontaines, à Woippy, fait partie des 74 lauréats nationaux du Plan de transformation des zones commerciales. Éclairage sur le dispositif et ses ambitions.
Située au Nord de l'agglomération messine, sur les communes de Metz et de Woippy, la zone de Metz-Deux Fontaines, proche de l'autoroute A31, accueille principalement des entrepôts de stockage, des commerces de gros, quelques entreprises artisanales et un supermarché pour répondre aux besoins des utilisateurs de la zone mais aussi du tissu urbain qui la borde. On y recense quelque 130 entreprises et plus de 2 000 salariés. Elle fait partie des lauréats du Plan de transformation des zones commerciales, annoncés le 29 mars par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation et Guillaume Kasbarian, ministre délégué en charge du Logement.
Une seconde vague lancée
Ce dispositif piloté par la Direction générale des Entreprises (DGE), l’Agence nationale de la Cohésions des territoires (ANCT) et la Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN) a été lancé en septembre 2023. Doté d’une enveloppe initiale de 24 M€ portée à 26 M€ compte tenu des projets retenus, il tend à transformer le modèle des zones commerciales afin de les adapter aux enjeux de notre époque. Après une phase d’instruction des dossiers, 74 projets, répartis sur l’ensemble du territoire, ont été sélectionnés et bénéficieront d’une aide en ingénierie. Ces 74 projets de transformation représentent un potentiel de production de 25 000 nouveaux logements en plus des autres programmes qui pourront se développer au sein de nouveaux quartiers mixtes : une nouvelle offre commerciale plus adaptée, des bureaux, des équipements publics ou des espaces verts. Du fait du succès de l’appel à candidatures, les ministres ont annoncé un abondement supplémentaire pour une seconde vague de candidatures, soit un renfort de 8 M€ supplémentaires en soutien du projet, portant l’enveloppe totale à 34 M€ . Cette seconde vague a été lancée le 29 mars par les ministres qui invitent les porteurs de projets à déposer leur candidature dès le deuxième trimestre 2024.
Des défis à relever
Les zones commerciales, qui s’étendent en France sur plus de 500 millions de m² (soit près de 5 fois la superficie de Paris) et captent près de 72 % des dépenses en magasin des Français, sont confrontées à des défis économiques (évolution des modes de consommation, vieillissement du parc, vacances commerciales, émergences de modèles mixtes), environnementaux (nécessaire accélération de la transition écologique et énergétique du commerce, enjeux paysagers et de biodiversité) territoriaux et sociétaux (nécessaire optimisation du foncier pour pallier la pénurie de logements, recoudre la périphérie et le centre-ville, repenser l’urbanisme et l’architecture de ces espaces) sans précédent. Ce dispositif vise à améliorer l'attractivité de ces territoires et leur intégration dans l’urbanisme et l’architecture communal tout en répondant aux changements d’habitudes de consommation, aux impératifs économiques et aux urgences environnementales actuelles.
Réinventer les zones commerciales
L’appel à candidatures a suscité un grand intérêt. En trois semaines, 112 dossiers ont été déposés et instruits, le triple de ce qui était escompté. Ces projets témoignent d’un engagement fort des acteurs locaux en faveur d’un développement territorial pérenne, tout en exposant des besoins et des degrés de maturité différents. Les candidatures sont réparties de manière homogène sur l'ensemble du territoire national et concernent aussi bien des métropoles que des petites villes de quelques milliers d’habitants. Elles reflètent l’importance de ce dispositif et de son effet mobilisateur sur les investissements des acteurs locaux et nationaux pour réinventer les zones commerciales. Après une phase d’instruction des dossiers, 63 projets ont été sélectionnés et bénéficieront d’une aide en ingénierie, dont 16 bénéficieront également d’une aide pour financer la conduite de projets. Ces aides s’élèveront à 75 000 € de subventions par lauréat pour financer des études préalables et 75 000 € de subventions supplémentaires pour financer la conduite de projet (soit un poste de chef de projet, le recrutement d’un AMO et/ou des actions de concertation), pour un total de 5,7 M€. En outre, parmi les 74 projets sélectionnés, 11 lauréats dont les projets sont plus matures vont être financés au titre du déficit des opérations.
Changement de paradigme
L’État accompagnera financièrement ces porteurs pour réaliser les travaux de requalification de leurs zones commerciales pour un total de 20,3 M€. Ces 11 projets permettront de multiples usages : diversification d’activités, création de logements, renaturation, nouvelles dessertes de transport... La diversité des enjeux traités révèle le changement de philosophie opéré autour de ces zones commerciales, qui ne sont désormais plus uniquement pensées à travers le prisme du commerce, mais intègrent la nécessaire diversification des usages à venir de ces espaces, l’optimisation de gisements fonciers importants, ainsi que toutes les dimensions de l’économie de proximité. Au-delà de l’aide financière apportée aux porteurs de projets, un accompagnement sur mesure et une mise en réseau des porteurs de projets au niveau national seront également proposés grâce à la task-force gouvernementale nouvellement créée. Cette task-force inclut notamment le ministère de l’Économie, via la DGE, et le ministère de la Transition Écologique, via l’ANCT et la DGALN. Un système informatique dédié pour le suivi et le pilotage des projets entre acteurs locaux et l’État est également créé pour l’occasion.