Wizpaper pour remplacer Arjowiggins

Voici trois ans, la décision du groupe Sequana de fermer l’usine Arjowiggins de Wizernes laissait 300 salariés sans emploi et formait une brèche dans le dispositif industriel papetier de la vallée de l’Aa. Après moult atermoiements, une solution, initiée par un industriel local, semble faire son chemin, appuyée par les pouvoirs publics. Le temps presse.

Wizpaper pour remplacer Arjowiggins

En 2014–2015, ce fut le scénario classique des abandons d’unités industrielles : le groupe Sequana, lassé de perdre de l’argent au sein de l’usine Arjowiggins de Wizernes, annonça la fermeture, déclencha le plan dit «de sauvegarde de l’emploi», pour aboutir à la fermeture en juin 2015. Cette décision privait d’emploi trois centaines de salariés. Comme il arrive parfois dans ces circonstances, une poignée d’irréductibles revint, jour après jour, aux portes de l’usine pour entretenir la flamme de l’espoir d’une reprise. Une attitude qui a au moins la vertu d’éviter le vandalisme qui est le lot commun des sites industriels abandonnés.

Une solution locale ?

Depuis trois ans, les projets n’ont pas manqué pour tenter de faire redémarrer la papeterie. Le plus en vue de ces projets fit un flop en 2016. Porté par un ancien directeur de l’usine, adossé à un groupe finlandais, il échoua parce que sans doute trop ambitieux : il ne s’agissait rien de moins que de coupler l’usine audomaroise à celle de Stora Enzo à Corbehem… L’une des causes des échecs rencontrés dans les essais de reprise était constituée par les prétentions du groupe Sequana. A partir de 2017, des liens patiemment tissés dans l’ombre commencèrent à se cristalliser. A l’initiative, Henri Bréban, propriétaire de l’entreprise arquoise Express Packaging qui travaille à la reprise. Sous le nom de Wizpaper, M. Bréban se propose de fabriquer à Wizernes du papier entrant dans la composition du carton ondulé et de travailler à façon dans la découpe pour d’autres industriels. Un projet qui permettrait d’employer assez rapidement 80 personnes, au fur et à mesure de la montée en puissance, pour viser les 120 personnes au bout de trois années d’activité. Et nul doute qu’au moins dans les premiers temps, Express Packaging sera un client important de la nouvelle entité.

Un investissement de 20 millions d’euros

Parmi les liens tissés dans l’ombre figure l’action des élus. Ils appuyèrent le projet Wizpaper et il se murmure qu’ils ne sont pas étrangers à l’assouplissement de l’attitude de Sequana qui accepte de céder l’usine à M. Bréban pour 2,1 millions d’euros. Cette acquisition ainsi que l’ensemble des matériels nécessaires au redémarrage des installations existantes dans un cadre modernisé (outils informatiques de production par exemple) constituent un investissement d’un peu plus de 20 millions d’euros. Le 25 mai dernier, le conseil de la communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer (CAPSO), dans une séance quelque peu solennelle, a voté un crédit de 900 000 euros pour accompagner le projet. Le mardi suivant, le Conseil régional devait en faire de même pour 1,3 million d’euros. Quant à l’Etat, il devrait suivre pour un million d’euros. Un joli message aux partenaires bancaires…

Avant le 30 juin

Concernant ces engagements, le président de la CAPSO, François Decoster, a indiqué qu’ils se situent au plafond que peuvent atteindre les collectivités concernées. Il a aussi constaté que ces efforts «constituent les éléments qui permettent la reprise». Toutefois, la course d’obstacles n’est pas terminée : l’autorisation d’exploiter le site, héritée de l’époque Arjowiggins, expire le 30 juin prochain. Toujours théoriquement possible, la relance de l’activité après cette date serait beaucoup plus malaisée.

M. Decoster (au centre) a présidé la réunion de la CAPSO qui a décidé à l’unanimité de soutenir le projet de M. Bréban.