Wingles : Styrolution innove dans le recyclage du polystyrène
Styrolution se prépare à accueillir une unité de recyclage du polystyrène. Un pilote sera testé en juillet 2022, avec comme objectif 15 000 tonnes par an en 2025. Mais d’ici là, il faut déjà organiser le ramassage du polystyrène usagé.
L’entreprise Styrolution est une des 19 filiales du groupe Ineos, un des mastodontes de l’industrie chimique mondiale. Dans son unité de Wingles, le groupe dirigé par Jim Ratcliffe, aux 20 000 salariés, produit du polystyrène à base d’un produit chimique issu des dérivés du pétrole, appelé le styrène. Chaque année, 100 000 tonnes de ce polystyrène sortent de ses deux lignes de production, pour fabriquer des emballages alimentaires pour la viande, le poisson ou les légumes...
Dans son usine des Hauts-de-France, qui compte 160 salariés et 50 sous-traitants, Styrolution produit aussi du polystyrène expansé pour le compte de la société polonaise Synthos. Là, il s’agit de ces gros boudins blancs que l’on retrouve dans les cartons d’emballage de l’électroménager ou pour l’isolation thermique des maisons. Enfin, le site de Wingles compte une nouvelle chaîne de production, d’un autre plastique appelé ABS, de laquelle 50 000 tonnes sortiront chaque année à partir de 2022. Il entre notamment dans la fabrication des jouets et des tableaux de bord pour l’automobile.
Le pilote industriel recyclera 15 000 tonnes par an
Aujourd’hui, Ineos réfléchit à la meilleure façon de collecter le polystyrène usagé pour ensuite le recycler. «On va récupérer la matière première des pots de yaourt, donne comme exemple Hervé Gibault, directeur de l’usine Styrolution de Wingles. Ensuite, on la réinjectera dans nos unités, afin de refabriquer des granulés qui serviront ensuite à refaire des pots de yaourt. On sera alors dans une économie circulaire parfaite.»
Où en est l’opération ? «Pour le moment, on construit un pilote en Angleterre», détaille Hervé Gibault. Il est élaboré avec la société Recycling Technologies, celle qui a mis au point le procédé chimique de dépolymérisation pour récupérer le styrène. En juillet 2022, ce pilote sera capable de recycler 30 kilogrammes de styrène par heure. «L’étude est finalisée. Ensuite, on va effectuer un tas d’essais pour vérifier son bon fonctionnement. Et si c’est le cas, on installera une unité de démonstration de taille industrielle à Wingles en 2024 et 2025, qui, à terme, traitera 15 000 tonnes de polystyrène par an.»
Faciliter le développement de l’économie circulaire
Enfin, il reste à mettre en place la chaîne de ramassage du polystyrène usagé. «Nous discutons avec les collectivités, les associations facilitant le développement de l’économie circulaire et les entreprises de collecte des déchets», annonce Hervé Gibault. Mais, bien sûr, il faudra aussi que les particuliers et les industriels prennent l’habitude de trier leurs polystyrènes usagés. Dès lors, les déchets de polystyrène suivront leur cours. «On va les trier, séparer les polystyrènes blancs des autres, ceux utilisables en alimentaire des autres», détaille Hervé Gibault. Le blanc fera l’objet d’un recyclage mécanique. «On va le broyer, le fondre, le couper en petits granulés et le remettre sur le marché. Ce projet est aussi à l’étude : si retenu sur le site de Wingles, alors il sera en fonctionnement fin 2023. Le reste ira en recyclage dans un autre type d’unité.»
Et c’est là que le nouveau process
entrera en jeu : « on va le dépolymériser grâce à un procédé
chimique afin d’en récupérer le styrène.» Et en plus, «le
styrène récupéré sera aussi pur que le styrène que l’on reçoit de
l’extérieur». Alors, effectivement, Styrolution entrera de plain-pied
ce jour-là dans l’économie circulaire...