Basé à Bondues, près de Lille
Weenav vogue vers un horizon radieux
Depuis Bondues, la start-up Weenav transforme les bateaux thermiques en électriques. Alors qu'elle n'a pas encore soufflé sa première bougie, la jeune pousse fondée officiellement en avril 2022 compte déjà une participation à l'incontournable CES de Las Vegas et un carnet d'adresses solide aussi bien en France qu'Outre-Atlantique. Avec l'ambition d'atteindre 50 M€ de CA d'ici 5 ans, Weenav annonce un tour de table de 3 M€ cet été. Zoom sur une pépite de la Tech prometteuse.
Ils n'ont que 24 et 25 ans mais déjà toutes les clés en main pour devenir de grands entrepreneurs. Anthony Tartare et Antoine Bouchez, ingénieurs en véhicules intelligents électriques ont uni leurs forces pour créer Weenav dont l'activité consiste à électrifier les bateaux à moteur thermique. Kevin Capendu rejoint très vite l'aventure. «A l'origine, on s'orientait vers le rétrofit (la pratique qui consiste à électrifier un véhicule thermique pour en réduire les émissions de gaz à effet de serre, ndlr) des voitures mais le comité de l'incubateur Cré'Innov où l'on était en pré-création nous a suggéré l'idée du bateau. En moins de 3 semaines, nous avons totalement chaviré» raconte Anthony Tartare, président de la jeune société.
BtoB,
collectivités et particuliers ciblés
Weenav, qui travaille essentiellement en BtoB, cible les bateaux de minimum 10
mètres à savoir les bateaux de plaisance, les bateaux de mini
croisière, les bateaux taxis et les petits yachts (de 10 à 40
mètres) naviguant à la fois en mer, sur les lacs et les voies
d'eau. L'entreprise bonduoise s'adresse également aux collectivités
de plus en plus désireuses de décarboner leur flotte et ne ferme
pas la porte aux particuliers qui souhaitent passer à la
motorisation électrique et pour qui des aides sont octroyées.
La
transformation d'un bateau thermique en électrique suit plusieurs
étapes : «on extraie le réservoir, on rajoute la
batterie, après ça on garde la transmission, on va extraire le
moteur thermique et on va venir y ajouter notre moteur électrique et
notre variateur en s'adaptant à l'ancienne transmission»
détaille Anthony Tartare. Les bateaux peuvent atteindre jusqu'à 7
heures d'autonomie à 5 nœuds (9km/h) et en moyenne 1h30 en 20 nœuds
(35-40 km/h). «L'autonomie va dépendre du modèle du
bateau».
10 mois pour une transformation électrique
A partir de la signature du devis, il faut compter 10 mois. Le premier mois, le moteur thermique est retiré afin de prendre toutes les cotes pour pouvoir adapter le système de Weenav par la suite. «Ensuite, on va lui remettre son moteur thermique, le client peut continuer de naviguer pendant 9 mois, et en attendant, nous effectuons toute son ingénierie, on commande les pièces et enfin le dernier mois, on va retourner sur son bateau pour le transformer».
Il faut compter en moyenne 245 000€ pour
une transformation en embarcation électrique contre 700 000€ en
moyenne pour l'achat d'un bateau neuf. Sur un marché de niche très
peu concurrentiel, Weenav se démarque en se positionnant sur de la
haute puissance : «Au delà de 50 chevaux, il n'y a
pas d'acteur. Et le marché a 6 ans de retard sur la transition
écologique par rapport aux voitures» glisse le jeune
dirigeant.
Vers une navigation intelligente
Outre l'électrification des bateaux, Weenav développe une solution baptisée «Safe Return to Base». Celle-ci récupère tous les vents et courants en temps réel pour adapter au mieux l'autonomie du bateau. «Il faut savoir qu'un bateau à contre courant consomme 3 fois plus qu'un bateau dans le sens du courant. Notre solution permet de réduire de 30% les consommations énergétiques et d'obliger le bateau à rentrer au port et d'éviter toute panne sèche en mer».
Encore en phase de test, cette solution
devrait être intégrée au rétrofit. «L'idée est soit de
vendre à ceux qui ont des bateaux électriques soit de vendre à
ceux qui ont des bateaux thermiques en leur proposant des itinéraires
de routage intelligents. Avec cette solution, on élargit notre
cible» explique Anthony Tartare.
Cap vers le sud
La start-up nordiste rejoindra
prochainement le business pôle de Sophia Antipolis sur la Côte
d'Azur pour développer son application, qui est notamment
co-construite avec son partenaire l'Agence spatiale européenne mais dont la partie R&D reste à Bondues. Fort de son développement
précoce, la jeune pousse recrute des ingénieurs mécanique,
ingénieurs système, des techniciens et un commercial. Pionnier sur
ce marché de niche, Weenav, qui vise 50 M€ de chiffre d'affaires à
horizon 2028 prévoit, pour commencer, une transformation par mois et
ambitionne de multiplier ses devis par deux tous les ans.
Un premier CES qui a porté ses fruits
Les trois associés, tout juste de retour du Nevada et encore un peu jetlagués, ont des étoiles plein les yeux lorsqu'ils reviennent sur leur première expérience au CES (Consumer Electronics Show). «C'était tout simplement fou» résume Antoine Bouchez. «Le CES nous a permis de faire un énorme coup de com. On compte déjà 3 potentiels futurs clients très bien avancés et d'excellents retours d'investisseurs. De plus, on avait transmis nombre de mails aux mairies et ports français, avec notre présence au CES on a reçu énormément de réponses» se réjouit à son tour Anthony Tartare.