Voyage dans le temps avec l’atelier Renaissance, à Buchy
Hubert Huray est plâtrier staffeur à Buchy. Créations et restaurations de corniches, moulures, rosaces et autres décorations forment son quotidien… Il ouvre les portes de son atelier et dévoile les secrets d’un métier qu’il aime passionnément.
Pousser les portes de l’Atelier Renaissance, à Buchy, c’est monter dans une machine à remonter le temps. Aux manettes du voyage, Hubert Huray, plâtrier staffeur, artisan d’art au savoir inépuisable : « Ma passion, c’est la préservation du patrimoine » explique-il. Il dévoile ainsi des métiers souvent méconnus. « A l’origine, il y a la gypserie », précise l’artisan. Un savoir-faire très utilisé dans le passé, notamment au Moyen-Age en France, et qui nécessite de travailler les ornements des bâtiments sur place.
« Le staffeur est né avec une technique française inventée en 1830, poursuit-il. Il crée ou recopie des décors intérieurs dans son atelier en utilisant du plâtre ou des matières plus récentes comme de la résine. » Corniches, moulures, rosaces et autres décorations prennent forme avant d’être installées dans des bâtiments historiques, des maisons anciennes, mais parfois aussi contemporaines. « Enfin, il y a le stucateur qui réalise des imitations de pierre et de marbre ».
Transmettre
Staffeur et stucateur utilisent des moules que collectionne, depuis des années, Hubert Huray dans ses 1 000 mètres carrés d’atelier. « Nous avions 95 mètres carrés en 1995 », glisse, avec amusement, celui qui a été deux fois meilleur ouvrier de France. « Je pourrais les fabriquer moi-même quand j’en ai besoin, mais entre les matériaux et le temps passé, c’est coûteux ». Cessation d’activités, annonces sur le net… les sources d’achat sont multiples. Mais, au-delà de la bonne affaire, il s’agit d’abord d’une transmission.
Dans ce secteur d’activité, « il reste une soixantaine d’entreprises aujourd’hui. Beaucoup ferment ». C’est bien souvent le fruit d’une histoire familiale qui s’achève. Le devenir des moyens de production transmis d’une génération à l’autre revêt alors une valeur symbolique forte. « On s’approprie l’histoire de l’entreprise » explique l’artisan en ouvrant une malle remplie de rabots.
Quatre générations
« La position de la lame a changé avec le temps » poursuit-il en comparant deux outils. Ainsi, ce sont également l’histoire du métier, ses pratiques, ses évolutions que retrouve l’artisan. A ce sujet, « Il existe peu de traces écrites »constate-t-il en sortant, d’une étagère, un moule en souffre datant des années 1800. « Lorsque nous avons ouvert un colis acheté en même temps que celui-là, nous y avons trouvé une feuille de journal datant de la veille de la seconde guerre mondiale » confie-t-il, à titre d’anecdote.
Hubert Huray se procure également des livres anciens sur l’architecture, catalogues répertoriant des modèles de rosaces et autres décors en plâtre pour retrouver les styles d’une époque et d’une région. Il explique, au passage : « Les archives départementales, à Rouen, possèdent le plus ancien document du XVe siècle concernant une corporation de plâtriers ».
Mais, aux yeux de l’artisan d’art, la transmission passe également par la formation. C’est pourquoi, l’atelier accueille, comme souvent, un apprenti. Pour ce qui est de sa succession, Hubert Huray est tranquille, la quatrième génération est prête. Son fils Vincent, meilleur apprenti staffeur de France il y a quelques années, est animé par la même soif d’apprendre. Il suit actuellement une formation de chef d’entreprise. « Ici, il y a plus de diplômes que de personnes » s’amuse l’artisan.
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont