Viols de Mazan: après trois mois de procès, toujours deux lignes de défense
"Leurrés", "trompés", voire "drogués" par Dominique Pelicot: avocat de six accusés au procès des viols de Mazan, Me Guillaume de Palma a défendu mardi "ces hommes ordinaires" qui refusent d'admettre les viols, contrairement...
"Leurrés", "trompés", voire "drogués" par Dominique Pelicot: avocat de six accusés au procès des viols de Mazan, Me Guillaume de Palma a défendu mardi "ces hommes ordinaires" qui refusent d'admettre les viols, contrairement à deux autres accusés du matin.
"Gisèle, les femmes te remercient": à Avignon, où est jugée depuis trois mois cette affaire emblématique des violences sexuelles, les pochoirs représentant Gisèle Pelicot et les messages de soutien s'affichent toujours sur les murs proches du tribunal.
Dans la salle d'audience, où se succèdent les plaidoiries, les lignes de défense des accusés n'ont elles aussi guère varié, comme l'a illustré la journée de mardi. Et la plupart nient toujours les faits.
Cinquante-et-un hommes sont jugés pour viols aggravés ou agression sexuelle sur Gisèle Pelicot, 71 ans, droguée par son désormais ex-mari, Dominique Pelicot, qui recrutait ces inconnus sur internet et les invitait au domicile familial puis photographiait et filmait méticuleusement les actes sexuels.
Parmi ces accusés, âgés de 26 à 74 ans, issus de tous milieux sociaux, qui comparaissent avec Dominique Pelicot, seuls 14 ont reconnu avoir commis un viol puisque la victime était endormie et sédatée et ne leur avait jamais donné son consentement.
C'est le cas de Cédric G., technicien informatique de 50 ans, dont l'avocate Charlotte Bres a souligné mardi matin qu'il "a pris conscience du terme de viol" et "assume totalement sa responsabilité". Acceptant la nécessité pour la cour "d'entrer en condamnation", elle a cependant demandé une peine inférieure aux 16 ans requis par l'accusation, faisant valoir "l'évolution positive" de son client et son rôle moindre par rapport "au chef d'orchestre", Dominique Pelicot.
Même positionnement pour l'avocat de Jean-Luc L., ouvrier de 46 ans: "Même s'il n'a pas la volonté de commettre des faits de viols" quand il se rend deux fois au domicile de Gisèle Pelicot, il a pris conscience de ce qu'il avait fait et "demandé pardon à la victime".
Afin d'alléger la peine de 14 ans de réclusion criminelle requise, Me Jordan Preynet a plaidé pour des circonstances atténuantes liées à la personnalité de l'accusé et à sa volonté de se soigner: "Vous n'allez pas juger seulement le violeur, vous allez juger l'homme qu'il a été, l'homme qu'il sera".
- "Hommes ordinaires" -
Dans l'après-midi, six autres accusés, tous représentés par Me de Palma --Christian L., ex-pompier, Nizar H., sans emploi, Cyril B., routier, Mahdi D., employé dans une société de transport, Adrien L., chef de chantier et Boris M., agent d'une société de transport, ont eux adopté une autre ligne de défense.
"Ils ont été trompés, ils ont été leurrés", par Dominique Pelicot, "le plus grand criminel sexuel du 21e siècle", a lancé l'avocat, très critiqué au début de ce procès, y compris par certains de ses confrères, pour avoir affirmé qu'"il y a viol et viol".
"Au-delà de cette manipulation mentale", Me de Palma a aussi évoqué "une manipulation chimique" pour Christian L. et Nizar H. Confrontés aux vidéos de leurs actes, ils avaient affirmé avoir été drogués.
Niant toute intention de commettre un viol, ses clients maintiennent avoir pensé participer au scenario d'un couple libertin où la femme serait endormie. L'accusation, qui a requis des peines de 12 à 14 ans de prison contre ces six hommes, a pointé elle l'absence évidente de consentement de Mme Pelicot.
Les "50 (accusés) ne se sont pas posé la question (du consentement) ? C'est quoi ces hommes ?", avait aussi lancé au début du procès Gisèle Pelicot.
"Ces hommes, qui font partie du décorum, sont placés ici et là comme des objets, au même niveau que Gisèle Pelicot", dans la chambre où Dominique viole et fait violer son épouse, répond Me de Palma.
"Ce sont des hommes simples, ordinaires, (...) et on vient leur reprocher de ne pas avoir compris la situation en quelques minutes. Non, ils ne venaient pas en connaissance de cause", répète-t-il. Pour lui, malgré les vidéos diffusées à l'audience et les messages retrouvés par les enquêteurs, "le dossier est un désert de preuves".
"Les éléments de personnalité viennent démontrer qu'ils peuvent être innocents, c'est une possibilité", conclut-il, semblant demander un acquittement.
Mercredi, les avocats plaideront entre autres pour deux hommes accusés d'être venus six fois au domicile des Pelicot pour violer Gisèle, inconsciente. Ils risquent les peines parmi les plus lourdes requises, 16 et 17 ans de réclusion criminelle.
La défense a la parole jusqu'au 13 décembre, le verdict est attendu le 20 décembre.
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