Vin: les enchères de Beaune sous les auspices de Thierry Lhermitte mais sans records
La vente des vins des Hospices de Beaune, rendez-vous annuel du luxe et de la charité, a mis fin, dimanche, à sa course effrénée aux records, malgré le parrainage de l'acteur culte Thierry Lhermitte, venu pousser les enchères...
La vente des vins des Hospices de Beaune, rendez-vous annuel du luxe et de la charité, a mis fin, dimanche, à sa course effrénée aux records, malgré le parrainage de l'acteur culte Thierry Lhermitte, venu pousser les enchères face aux plus grands acheteurs du monde entier.
Après des années de frénésie, la 163e édition de la plus ancienne enchère caritative de vins au monde, née en 1849, est revenue à la mesure.
Les recettes totales ont atteint 23,28 millions d'euros (hors frais), loin des 29 millions de l'an dernier, ce qui avait représenté un record historique à plus du double de l'ancien plus-haut de 2018 (14 millions).
C'est que le millésime 2023, s'il est généreux, a fourni moins de fûts qu'en 2022 - 753 contre 817.
"La récolte était très généreuse mais nous avons trié de manière très drastique car tous les raisins n'étaient pas propices", a expliqué Ludivine Griveau, régisseur du domaine viticole des Hospices, qui couvre 60 hectares.
De même, le lot-vedette de la vente, un fût traditionnellement réservé à une cause particulière, a été adjugé pour "seulement" 350.000 euros (hors frais), soit quand même 1.215 euros la bouteille.
L'an dernier, ce fût, alors réservé à la cause des enfants, avait été vendu 810.000 euros.
Cette année, le produit de la vente de cette pièce (comme on appelle un fût en Bourgogne) bénéficie au "bien-vieillir" et sera versé à la Fondation pour la recherche médicale (FRM) et l'Initiative pour la recherche sur la longévité en bonne santé (IRLB).
Les parrains de ces deux associations, Thierry Lhermitte pour la FRM, et Michel Cymes pour l'IRLB, avaient été appelés à venir pousser les enchères de ce fût, appelé "pièce de charité" ou "pièce des présidents".
2e meilleur résultat
Mais le talent d'orateur de Thierry Lhermitte, l'acteur du film fétiche "Les Bronzés", et l'humour potache de Michel Cymes, médecin animateur d'émissions de santé du petit écran, n'ont pas suffi à enfiévrer les grands acheteurs venus tenter de mettre la main sur un prestigieux Pommard, Corton ou autre Meursault.
"J'offre un dîner avec Adriana Karembeu", sa partenaire à l'écran, a même tenté le Dr Cymes, sans réussir à faire se lever les plaquettes numérotées dans la foule des quelque 800 acheteurs d'Europe, d'Amérique et de plus en plus d'Asie.
Le prix moyen de la pièce vendue est lui aussi resté raisonnable, à 30.843 euros, contre 35.980 euros en 2022. De 2018 à 2022, le prix moyen d'une "pièce" avait plus que doublé.
Mais ces chiffres, qui pourraient paraître décevants, représentent quand même un extraordinaire succès: outre le prix de la pièce des présidents, loin des records, les recettes totales sont les deuxièmes meilleures de l'histoire des Hospices et le prix moyen de la pièce vendue le 3e.
Ce qui tend à prouver la permanence de l'enthousiasme des enchérisseurs réunis sous les Halles de la "capitale" des vins de Bourgogne, Beaune (Côte d'Or), face à l'Hôtel-Dieu médiéval aux tuiles vernissées, berceau des Hospices.
"Le vin de Bourgogne, malgré le prix, est toujours au top, c'est le meilleur du monde !", assure à l'AFP Cikuni Taneyama, un Japonais qui en est à ses 5e enchères à Beaune.
"Mondialement, tout le monde aime le bourgogne", renchérit David Hu, Chinois basé à Paris qui importe pour l'Asie.
Alain Suguenot, le maire de Beaune et président des Hospices, a cependant mis en garde contre toute conclusion hâtive. "Non, la vente des Hospices n'est pas le baromètre des prix des bourgognes", a-t-il averti, suggérant que l'absence de records des Hospices ne marquera pas la fin, pourtant tant attendue, de l'actuelle flambée des bourgognes en général.
Les enchères des Hospices ont en effet cette particularité qu'on "vient autant pour les vins que pour la charité", explique le Chinois David Hu.
Les recettes engendrées sont en effet avant tout destinées à la modernisation de l'équipement des quatre hôpitaux et six Ehpad que comptent les Hospices, soit un millier de lits.
L'institut ne reçoit aucune aide de l'État pour ces dépenses, entièrement financées par les vignes confiées en legs et dons à l'établissement depuis sa fondation en 1443.
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