Villers-la-Faye : une tonnellerie à neuf en manque de personnel
En lançant des travaux d’agrandissement en février 2020, les Tonnelleries Meyrieux pensaient que cela ne durerait pas plus de six mois. La crise sanitaire a freiné le projet qui ne s’est achevé qu’en mai 2021 avant d’être finalement inauguré en avril 2022. Si aujourd’hui les ateliers sont totalement opérationnels, il manque des salariés pour répondre aux nombreuses commandes à honorer.
800 000 euros ont été investis par le Groupe Sylvain auquel appartiennent les Tonnelleries Meyrieux depuis 2010. « La famille Sylvain, tonnelier dans le Bordelais, cherchait à intégrer un savoir-faire bourguignon pour son marché export » précise Frédéric Naud, directeur général de la filiale installée à Villers-la-Faye qui exporte 80 % de sa production. Avec un chiffre d’affaires en croissance constante, + 30 % ces cinq dernières années, la tonnellerie est capable de fabriquer 6 000 fûts par an et devrait augmenter ses capacités. Elle a donc engagé un important investissement en février 2020 pour agrandir sa zone de stockage et son atelier pour qu’ils passent chacun de 600 à 1 200 mètres carrés.
« En plus de prolonger le bâtiment, nous avons mis en place un nouveau système de chauffe et d’aspiration, plus efficace, qui réduit les fumées et les risques pour la santé de nos collaborateurs. » Ce nouveau process se veut également plus fonctionnel et rigoureux afin de reproduire le travail plus facilement. « Le client cherche à retrouver le même produit. » Même si la nouvelle ligne de travail devrait permettre aux tonneliers de gagner du temps, Frédéric Naud insiste sur le fait que la démarche a d’abord été guidée par l’envie de faire mieux.
Un problème au quotidien
Les nouveaux équipements visent aussi à augmenter la production pour qu’elle atteigne 10 000 fûts par an. Bien que l’atelier soit opérationnel depuis mai 2021, ralenti par la crise sanitaire, le directeur général doit pourtant refuser des commandes qui ne cessent d’affluer.
« Cela va être une belle année en Bourgogne, il y aura la quantité et la qualité car les vignerons sont au beau fixe, mais on ne peut pas fournir les tonneaux qu’ils voudraient s’ils n’ont pas un peu anticipé les commandes. On déborde d’activité. » note Frédéric Naud.
Les Tonnelleries Meyrieux comptent 12 salariés et recherchent actuellement jusqu’à quatre personnes, que ce soit en tant que manutentionnaire ou tonnelier, sans réussir à trouver. Le manque d’étudiants en formation, en CAP tonnelier, notamment à Beaune, participe de cet état de fait. « Les métiers manuels manquent de notoriété alors que le jeune avec un CAP tonnelier a la garantie du plein emploi. » Côté salaire, un tonnelier débutant peut percevoir 1 700 euros net en moyenne, jusqu’à 2 000 euros au moins s’il est expérimenté.
Un regard sur l’avenir
Le recrutement reste la principale problématique du directeur général qui doit toutefois être vigilant sur un autre sujet, celui de l’approvisionnement en bois. « Nous nous fournissons uniquement en France mais la guerre en Ukraine pourrait avoir des répercussions sur notre marché et créer des tensions. » Le tonnelier s’appuie sur cette matière première indispensable pour produire des tonneaux répondant aux attentes des vignerons. Pour y parvenir, la Tonnellerie Meyrieux opte pour un séchage en cheminée de trois ans. « Notre produit plaît dans sa typicité, il amène de la structure mais ne doit pas surboiser les vins, le bois doit être moins impactant par rapport au vin. »
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert