Patrimoine culturel
Villers-Cotterêts : la Cité internationale de la langue française séduit la secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou
Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État en charge du Développement, de la francophonie et des partenariats internationaux a visité le chantier de la future Cité internationale au château de Villers-Cotterêts, lundi 13 mars, en compagnie de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo. La secrétaire d’État a déclaré voir dans ce lieu destiné à la promotion de la langue française « l’opportunité » d’une ouverture au monde francophone.
Encore quelques semaines à patienter avant l’inauguration officielle et l’ouverture au public de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts mais déjà le lieu historique à vocation culturelle, artistique mais aussi économique séduit les visiteurs, et en particulier la secrétaire d’État, Chrysoula Zacharopoulou, en charge du Développement, de la francophonie et des partenariats, venue lundi sur place, accompagnée de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo. « La volonté politique de faire connaître ce lieu existe, à nous de donner envie aux Français de venir le découvrir », a déclaré Chrysoula Zacharopoulou.
Alors que les artisans des différents corps de métiers sont affairés à achever les travaux de la rénovation du château de François 1er, débutée en 2020, Xavier Bailly, administrateur du château pour le Centre des Monuments nationaux, guide visiteurs et officiels de l’ancien jeu de paume à la chapelle en passant par les différentes cours. Ce lieu historique est présenté comme un espace public à la croisée des chemins, des énergies, celles des chercheurs, des artistes, des touristes, mais aussi des habitants de Villers-Cotterêts.
Les concepteurs de la Cité internationale de la langue française l’ont voulue transversale, ouverte sur l’espace public, insérée dans le territoire et la vie locale. Des espaces culturels et artistiques pour « faire tomber les frontières » diront les deux passionnées de la langue française, Chrysoula Zacharopoul et Louise Mushikiwabo, au cours de la visite et qui ouvrent sur le monde francophone. La langue française perçue comme outil, comme lien entre les communautés au niveau local mais aussi national et surtout international « sinon le projet perdrait de son âme » pour la secrétaire générale de la Francophonie qui confirme la tenue d’un prochain Sommet international de la francophonie en ces lieux.
Appropriation du lieu…
Les hôtes officiels ont ainsi pu découvrir le futur auditorium encore en cours d’aménagement dans l’ancien jeu de paume, un espace modulable d’une capacité de 250 personnes. Passage également par la cour dite des offices, ouverte au public, les habitants pourront traverser le château sans avoir « bourse à délier », indique Xavier Bailly, la liaison permanente entre la ville et le château a été pensée et travaillée en concertation dans le projet de la Cité internationale de la langue française. Un libre accès pour les locaux qui a aussi valeur symbolique d’ouverture au monde. L’autre cour fermée, qu’un « ciel lexical » met à l’abri des intempéries, retient le souffle du visiteur, et celui de la secrétaire d’État en particulier. Symbolisant la diversité, les mots inscrits en lettre majuscules empruntent à la langue française mais aussi aux langues régionales, le mot "wassingue" voisine ainsi avec l’expression "faire palabre".
… et de la langue
Scolaires, habitants, touristes, le public visé est divers et diversifié avec l’objectif de mettre en lien artistes en résidence, entrepreneurs et simples badauds qui seront amenés à se croiser. L’idée est de favoriser les échanges et permettre des coopérations sur des projets autour pourquoi pas, des techniques du langage. L’espace destiné à accueillir les artistes en résidence a été « conçu comme un laboratoire », expliqueront les concepteurs du projet lors de la visite des salles et ateliers encore en chantier avec toujours cette volonté de « sortir des cloisonnements ».
Des partenariats avec les forces culturelles du territoire sont déjà lancés indique Xavier Bailly, mais des contacts sont aussi en cours avec des scènes nationales pour la programmation culturelle. Le lieu porte également un projet de formation à destination des professeurs de français du monde entier, avec actuellement en réflexion, une rencontre autour de « la précarité linguistique, l’enseignement de la langue aux plus humbles ».
Le Département lance un appel à projets
« Le département de l’Aisne sera sous les feux des projecteurs en 2023 et 2024 avec l’ouverture de la Cité internationale de la langue française et l’accueil du Sommet international de la francophonie. Le Conseil départemental s’engage à soutenir les acteurs culturels et éducatifs, de manière active, afin de faire émerger des projets artistiques autour de ces temps forts », a déclaré Nicolas Fricoteaux, président du Conseil départemental, lors de cette visite officielle, annonçant le lancement d’un appel à projets intitulé "Variations autour de la langue française" le 20 mars prochain à l’occasion de la Journée internationale de la francophonie.
Portés par des collectivités territoriales, établissements scolaires, associations et établissements publics sociaux, de santé et culturels, les projets de créations et compositions artistiques, d’action culturelle de valorisation et d’usage de la langue française, l’organisation d’évènementiels autour des usages de la langue française, de la valorisation des langues connexes et apparentées, de coopération internationale autour de la langue française et des valeurs de la francophonie devront avoir lieu sur le territoire axonais.
Paul Rondin a pris ses fonctions de directeur de la Cité internationale de la langue française le 18 janvier dernier. Rencontre.
Picardie La Gazette : Connaissiez-vous l’Aisne, Villers-Cotterêts et son château, avant de prendre vos fonctions de directeur de la Cité internationale de la langue française ?
Paul Rondin : Je connais très bien l’Aisne, mon premier projet professionnel date de 1988, à Villeneuve-sur-Fère et la Maison des Claudel, à l’âge de 18 ans j’ai créé mon premier festival pluridisciplinaire. J’ai une très longue histoire avec l’Aisne, et un attachement très fort pour ce coin du département. J’y ai vécu mes premiers instants fondateurs.
Pourquoi avoir accepté ce poste ?
Mon mandat de directeur délégué du festival d’Avignon s’achevait, j’ai fait deux mandats et j’en suis très heureux. La Cité internationale de la langue française est un des projets les plus hors normes qu’il m’ait été donné de connaître, tout y est inouï, à inventer, inventer un patrimoine exceptionnel rendu au public, en faire un lieu de rencontres, un lieu de fête… j’ai été à la direction de très grandes institutions comme l’Odéon-Théâtre de l’Europe, je me suis dit, qu’est-ce que je peux faire après ? Ce projet là me met à un endroit passionnant, d’apprentissage…
Vous qualifiez la Cité internationale de la langue française de « lieu d’invention » mais aussi « de respiration » ?
La Cité internationale est un espace-temps très particulier… nous sommes là dans un temps long, dans un espace naturel, culturel, touristique… Beaucoup de publics ont aujourd’hui envie de ce temps long, de cette respiration dans une société tellement dense. Je crois profondément que les différents espaces du château vont nous permettre d’en faire un lieu quotidien pour les habitants. L’espace public de la cour des offices est l’espace public qu’il manquait, ce doit être un endroit où les gens viennent quotidiennement, pour un marché aux fleurs, aux arbustes, une brocante, un lieu patrimonial et culturel comme un lieu du quotidien. Les gens doivent s’y sentir chez eux, venir s’y promener, baguenauder, s’y perdre.
Et s’ils ont envie d’aller plus loin, ils peuvent franchir la porte pour découvrir le parcours permanent, venir voir un spectacle… pour l’instant le lieu n’est pas ouvert, il ne faut pas mettre de barrières Le château appartient aujourd’hui à la République, chacun doit pouvoir y faire quelque chose. Il s’agit d’un projet de territoire, nous avons travaillé avec tous ceux qui ont une expérience. C’est mon espoir, que les habitants s’approprient cet espace partagé, qu’il y viennent naturellement, je crois en la force de l’habitude, en la familiarité que nous avons à saisir, en la proximité de tous les instants.