Congrès national des tribunaux de commerce
Vers une nouvelle justice commerciale...
Le Congrès national des tribunaux de commerce s’est tenu les 2 et 3 décembre derniers à Nancy. Prévention des difficultés des entreprises, rôle et place de la justice commerciale dans le paysage judiciaire, perspectives sur la justice économique de demain étaient au programme. La justice consulaire de demain est en marche !
«Tous ensemble nous construirons la justice économique et commerciale de demain !» Le 3 décembre, il est 10 heures au cœur du Centre de congrès Prouvé de Nancy et sur l’écran géant Éric Dupont-Moretti, garde des Sceaux et ministre de la Justice, s’adresse en visio aux juges consulaires de France réunis dans la cité ducale à l’occasion de leur congrès national. Justice économique et commerciale de demain ? Référence faite aux États généraux de Justice lancés mi-octobre et du groupe de travail spécifique à la justice consulaire. Ce groupe de travail devrait rendre ses réflexions au début de l’année prochaine. «La justice commerciale a toute sa place dans la grande famille de la justice», poursuit le garde des Sceaux, «et c’est l’une des plus appréciables car c’est une justice de proximité et son rôle est aujourd’hui essentiel.» Une place certaine mais toujours quasiment à légitimer, notamment, en termes de moyens. «Nous avons perçu cette année, 1 000 € de la part de la chancellerie et nous sommes 24 juges bénévoles. Il est impératif qu’il y ait des budgets pour que nous continuons à fonctionner et exister», rappelle Charles Cunat, le président du Tribunal de commerce de Nancy lors de son discours d’introduction. Une reconnaissance, une légitimité, des étendards de la nouvelle présidente de la Conférence générale des juges consulaires de France, Sonia Arrouas (la présidente du tribunal de commerce d’Évry a été élue fin janvier à la tête des juges consulaires de France).
Vigilance sur la refonte de la carte judiciaire
«Avec la crise que nous traversons, les difficultés des entreprises et notre rôle crucial et primordial en termes de prévention de leurs difficultés, l’ancrage de la justice commerciale dans la grande famille de la justice se confirme. Il faut redonner sa place à la justice consulaire et lui donner l’image emblématique qu’elle mérite», assure la présidente de la Conférence générale des juges consulaires de France devant ses juges et pairs. Une place qui se confirme mais qui se doit d’être de nouveau rappelée surtout dans un contexte où une nouvelle refonte de la carte judiciaire pourrait bien arriver. «Nous serons d’ailleurs très vigilant sur ce qui pourrait être envisagé.» À côté des décisions et jugements rendus en matière de procédures collectives (en forte baisse du fait de la crise sanitaire et des différentes aides mises en œuvre par l’État pour préserver les entreprises), la justice consulaire entend, encore et toujours, abattre la carte des préventions des difficultés des entreprises. Un nouveau guide sur la prévention de ces difficultés vient d’ailleurs être édité. «L’anticipation est la clé pour les entreprises. Les juges consulaires ont tous les moyens pour sauver les entreprises. 80 % des procédures de prévention réussissent. À l’inverse, la même proportion d’entreprises qui entrent en procédure collective terminent en liquidation judiciaire.» Des procédures collectives qui pourraient rapidement s’accélérer dans les mois à venir mais sans le tsunami trop souvent annoncé des défaillances d’entreprises. «Nous ne sommes pas inquiets pour faire face à une accélération prochaine de l’activité. Les juges consulaires sauront faire face», nous assurait quelques instants avant le congrès Sonia Arrouas. Des juges consulaires prêts pour faire face à l’instant T et aujourd’hui en ordre de bataille pour s’inscrire pleinement dans la justice économique de demain.
De guide en guide
Un nouveau guide de la prévention des difficultés des entreprises ! À l’occasion du congrès national des tribunaux de commerce, Sonia Arrouas, la présidente de la Conférence générale des juges consulaires a présenté «un nouvel outil pour faire prendre conscience aux chefs d’entreprise de la nécessité fondamentale de pousser la porte de nos tribunaux avant qu’il ne soit trop tard.» La Conférence générale devrait éditer deux nouveaux guides dans les mois à venir : une nouvelle version du Guide pratique des juges consulaires et un Guide d’auto-évaluation «pour être encore plus performant dans leurs actions.»