Vers une filière lin 100% française ?
Après 18 mois de discussion, l’entreprise de tissage de lin Lemaitre-Demeestere a rejoint le groupe coopératif NatUp, et ce, malgré la crise liée à la Covid-19. Un accord, signé il y a quinze jours, qui fait de la coopérative agricole l’actionnaire majoritaire (65%) du dernier tisseur 100% lin des Hauts-de-France.
«C’est l’assurance d’être adossé à un grand groupe aux larges épaules qui a les moyens de se développer.» Olivier Ducatillion, PDG de l’entreprise de tissage Lemaitre-Demeestere, est ravi. Son entreprise vient de passer dans le giron du grand groupe coopératif normand NatUp. La branche “fibres” de NatUp, principalement présente sur la filière lin dans l’univers du composite, renforce ainsi son activité sur le volet textile et affirme son ambition de développer une filière 100% française.
Une signature sur des valeurs communes
En effet, les deux structures partagent la volonté de contribuer à relocaliser en partie la production textile qui repose aujourd’hui très lourdement sur la Chine. Cela nécessitait de réunir les compétences des producteurs de lin, des experts de la fibre naturelle, du peignage, portées par NatUp, et les compétences du tissage. Or, justement, depuis le rachat en 2008 par Olivier Ducatillion de l’entreprise Lemaitre-Demeestere, celle-ci s’est spécialisée dans le lin et a obtenue quatre labels, dont le label GPV qui garantit entre autres le savoir-faire unique du fabriqué en France.
Pour la coopérative généraliste normande, l’intégration du tisseur nordiste assure ainsi de nouveaux débouchés avec l’apport de 250 clients, parmi lesquels de grands noms de l’ameublement et de la décoration, mais aussi du prêt-à-porter. Olivier Ducatillion résume : «Lemaitre-Demeestere est une sorte de trait d’union entre la filière fibre conçue par NatUp et les clients du lin textile.»
Affronter l’avenir plus sereinement
Mais pas seulement. Pour Patrick Aps, directeur général de NatUp, l’arrivée de Lemaitre-Demeestere dans le groupe conforte l’une de ses activités de diversification. Et c’est là une stratégie clé conduite par la coopérative pour la résilience de son modèle multifilières.
Pour l’entreprise nordiste, qui produit 400 000 mètres de tissu de lin chaque année dans son usine d’Halluin, ce rapprochement est aussi un gage de sécurité. Un moyen d’affronter l’avenir, et notamment les crises, épaulé par un groupe dont le chiffre d’affaires consolidé frise les 1,3 milliard d’euros. Le PDG est conscient : «Le groupe NatUp aura de nouvelles exigences, des changements dans les procédures, au niveau de la sécurité, de l’environnement…» Mais il se sent prêt à relever le défi, sachant que «les deux entreprises sont sur les mêmes longueurs d’ondes». Lemaitre-Demeestere affronte ainsi la crise de la Covid-19 sur des bases positives et solides.