Vers les 25 ans du centre de formation

Les portes ouvertes ont été accompagnées d’une réflexion sur l’évolution des métiers et des techniques de rénovation durable. Une façon de préparer l’anniversaire de la création du centre.

Lors d’une des tables rondes : des stagiaires et un formateur du centre en compagnie de Dominique Delcroix (Réussir en Sambre à Maubeuge) et de Dominique Verdier (professeur de lettres, à la cité scolaire de Fourmies).
Lors d’une des tables rondes : des stagiaires et un formateur du centre en compagnie de Dominique Delcroix (Réussir en Sambre à Maubeuge) et de Dominique Verdier (professeur de lettres, à la cité scolaire de Fourmies).
D.R.

Lors d’une des tables rondes : des stagiaires et un formateur du centre, en compagnie de Dominique Delcroix (Réussir en Sambre à Maubeuge) et de Dominique Verdier (professeur de lettres à la cité scolaire de Fourmies).

 

En mars, le centre des Compagnons de Jeumont (rattaché à la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment) a proposé des portes ouvertes sur ses formations et diplômes. Toutefois, comme à son habitude, le directeur, Michel Lamarque, les a enrichies de temps de réflexion sur les métiers et leurs évolutions. Avec en toile de fond une semaine dédiée à «l’alter et écoconstruction» ou «constructions alternatives».

Il justifie ce choix en rappelant que les professionnels du bâtiment, compagnons ou pas, sont confrontés à de nouvelles réglementations environnementales, à des politiques publiques déclinant le concept de «développement durable» et à la mise en œuvre, parfois délicate, de matériaux et de techniques écologiques et performants en matière d’étanchéité à l’air. La terre-paille, les ballots de paille, le torchis, l’enduit terre sur roseaux ont été ainsi mis à l’honneur, tout comme la construction bois.

 

Dimension transfrontalière. En val de Sambre, le centre de Jeumont est en outre engagé dans le programme européen franco-belge «Re-Emploi» (infos sur www.renovation.durable.eu). Son objectif se résume dans une question : comment concilier le respect du patrimoine bâti ancien et les enjeux contemporains, à la fois énergétiques, environnementaux et de santé ? Depuis 2009, ce programme permet des échanges de stagiaires et de formateurs. «Nous avons un patrimoine architectural ancien commun à rénover», rappelle au passage Michel Lamarque.

 

Débats. A propos des moments de réflexion, organisés sous la forme de conférences-débats, en compagnie de personnes qualifiées (sociologue, philosophe, entrepreneurs, enseignant, représentant de l’économie sociale et solidaire notamment), Michel Lamarque précise qu’ils permettent de peaufiner le projet d’établissement qui, bien sûr, s’inscrit dans l’histoire du savoir-faire des compagnons. Les documents d’annonce des portes ouvertes rappelaient d’ailleurs que le compagnonnage avait été inscrit par l’UNESCO au Patrimoine culturel de l’humanité.

 

Du sens du mot “ouvrier”. Le directeur reconnaît que le contexte est difficile : crise pour les entreprises et, par contrecoup, baisse des effectifs dans les formations, combat pour réhabiliter encore et toujours les métiers dits «manuels» ainsi que l’apprentissage. Lui-même compagnon charpentier et ancien chef d’entreprise, Michel Lamarque déplore que ces métiers ne soient toujours pas sur «un même pied d’égalité que les autres». Sur un ton proche de la colère, il énonce des vérités un peu perdues de vue, à son goût, par le système éducatif : «On a besoin de ‘têtes’ aussi dans ces métiers, et donc d’une exigence dans l’attribution des diplômes. Un diplôme, ça ne se donne pas, ça se gagne. Un bon ouvrier, au sens noble du terme, ce n’est pas seulement un bon exécutant, c’est quelqu’un qui analyse, fait preuve de discernement, prend des initiatives, effectue des va-et-vient entre la théorie et la pratique, et qui sait avoir une vision globale d’un chantier.»

Les compagnons, aime-t-il à répéter, s’emploient, à partir d’apprentis ou de stagiaires, à préparer aussi des cadres. «Ça manque dans nos métiers…»

 

Anniversaire bientôt. En juillet, le centre de Jeumont fêtera les 25 ans de son ouverture dans ces anciens bâtiments industriels rachetés par la commune. A l’époque, Michel Lamarque, responsable de formation charpente à Paris et désireux de revenir dans le Nord, avait cherché à créer un site, le premier au nord de la capitale. Avec l’appui du député-maire de Jeumont de l’époque, Umberto Battist, et du directeur de l’ANPE de Maubeuge, il avait lancé de premières formations avec 18 jeunes… Le programme des festivités se prépare.

Contact : www.jeumont.compagnonsdutourdefrance.org