Baromètre de l'Apec
Vers de nouvelles pratiques managériales
Dans le cadre de la présentation de son dernier baromètre sur les intentions de recrutements des entreprises et de mobilité des cadres, l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) a proposé un éclairage sur les pratiques managériales. Focus sur leur évolution dans un contexte d’incertitude économique et d’accélération des transformations du monde du travail.
Et si la solution venait aussi des managers ? C’est la question que pose l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) suite à la présentation de son baromètre du 4e trimestre sur les intentions de recrutements des entreprises et de mobilité des cadres. Rappelant que 22% des cadres et 42% des moins de 35 ans ont déjà démissionné d’un emploi en CDI dans les deux ans suivant leur prise de poste, au cours des dix dernières années, elle invite ainsi les managers à «soigner la prise de poste pour éviter une démission dans les deux ans».
Une démission qui s’expliquerait pour plus d’un quart par une distorsion entre ce qui a été présenté lors de l’entretien d’embauche et la réalité de leur poste : 28% des cadres qui ont connu une démission précoce jugent ainsi qu’elle est «principalement due à un écart entre la réalité du poste et ce qui a été dit lors du recrutement».
Gestion du collectif et QVT
Les managers en poste sont conscients des enjeux et des nouvelles attentes des cadres, soit reconnaître et valoriser leur travail à 42% – une aspiration qui reste inchangée par rapport à 2019. En outre, ils doivent toujours jouer le rôle de facilitateurs de la production et résoudre les difficultés advenant dans l’activité au quotidien (29%). S’ajoutent à ces attentes fondamentales des demandes amplifiées par la crise sanitaire : instaurer une bonne ambiance de travail (27%, +3 points) et contribuer à la qualité de vie au travail (QVT) (27%, +3 points).
Des attentes d’autant plus grandes avec l’éclatement physique du collectif de travail et une dynamique collective à réinventer. Le télétravail ayant selon les cadres un impact négatif essentiellement sur «le sentiment d’appartenance à un collectif de travail», sur «la qualité de la relation avec les collègues» et sur «la capacité à collaborer avec d’autres membres de l'équipe». Les managers sont de fait de plus en plus appelés à œuvrer pour entretenir la cohésion de leur équipe. Les directions attendant toujours plus qu’ils parviennent à motiver les collaborateurs (27%, +9 pts) et à les fédérer autour d’objectifs communs (28%, +6 points).
Enfin, les managers doivent faire le lien avec les attentes des cadres en termes de rémunération, d’évolution professionnelle et de QVT. «Il apparaît ainsi de plus en plus de la responsabilité des managers de (re)créer de l’élan, à la fois individuel et collectif», résume l’Apec.
Conciliation entre performance et bien-être
Pour y parvenir, les managers souhaitent être formés, notamment sur la conduite du changement (pour quatre managers sur 10), les méthodes collaboratives et d’intelligence collective ; et l’innovation et les nouvelles technologies. Ils aimeraient en outre consacrer plus de temps à certaines tâches, telles que motiver et animer le collectif de travail, assurer la cohésion de l'équipe (40%), participer au développement des compétences des membres de l'équipe (39%), veiller à la santé et contribuer au bien-être des collaborateurs (30%).
Dans les faits, les cadres reconnaissent que les managers ont déjà fait évoluer leurs pratiques, puisque six sur 10 estiment que leur manager leur accorde plus d’autonomie, en instaurant des échanges moins hiérarchiques, plus souples (54%) et un sur deux qu’il fait plus attention à leur équilibre vie privée/vie professionnelle ou orchestre plus de convivialité dans l’équipe. Néanmoins, les cadres attendent de leur manager encore des efforts, principalement en matière de communication (33%) et de reconnaissance (32 %). A leurs yeux, ils doivent demeurer « des experts métier reconnus », tout en devenant «des professionnels du management» dotés de nombreux soft skills indispensables à la gestion d’une équipe et en adéquation avec les attentes des collaborateurs.
Du côté des managers, ces transformations peuvent les confronter à des dilemmes face à des injonctions parfois contradictoires, avec en tête «la difficile conciliation entre performance et bien-être». Viennent ensuite l’équilibre entre l’autonomie et le contrôle et celui entre souplesse et autorité. Cela peut également «accentuer leur sentiment d’être débordés», les managers manquant de temps pour assurer toutes leurs missions avec des tâches vécues comme de plus en plus chronophages. Ainsi, deux tiers des cadres managers interrogés pour l’Apec ont occasionnellement, voire souvent, «la sensation de faire face à une charge de travail insurmontable».
* Les analyses reposent sur l’enquête menée en ligne auprès d’un échantillon de 800 cadres managers, réalisée en mai et juin 2022, par la société Kantar Profiles Network et l’enquête en ligne menée auprès d’un échantillon de 1 000 cadres, réalisée en juillet 2022 par la société Bilendi et sur l’exploitation de l’enquête Emploi de l’Insee de 2020.