Verdict attendu dans le procès du jihadiste Peter Cherif, proche des assaillants de Charlie Hebdo

La cour d'assises spéciale de Paris rend son verdict jeudi soir au procès du jihadiste Peter Cherif, "architecte" de l'attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015 selon l'accusation, qui a requis la...

Peter Cherif lors de son extradition vers la France, à l'aéroport international de Djibouti, le 22 décembre 2018 © -
Peter Cherif lors de son extradition vers la France, à l'aéroport international de Djibouti, le 22 décembre 2018 © -

La cour d'assises spéciale de Paris rend son verdict jeudi soir au procès du jihadiste Peter Cherif, "architecte" de l'attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015 selon l'accusation, qui a requis la réclusion criminelle à perpétuité à son encontre.

A l'issue de près de trois semaines de procès, la cour est partie délibérer en fin de matinée. 

Mercredi, les deux avocats généraux présents au procès ont requis à son encontre la réclusion criminelle à perpétuité, demandant que cette peine soit assortie d'une période de sûreté de 22 ans.

Les conseils de Peter Cherif ont dénoncé dans leurs plaidoiries jeudi matin, un "match truqué".

Pour Me Nabil El Ouchikli, "la finalité" du ministère public, "c'est d'éliminer Peter Cherif, et pour cela nous sommes obligés de (...) le faire condamner par rapport aux attentats" de janvier 2015.

L'accusé de 42 ans est jugé depuis le 16 septembre pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa).

Il lui est reproché d'avoir rejoint les rangs de cette organisation jihadiste et, dans ce cadre, d'avoir participé à la formation de son ami d'enfance Chérif Kouachi à l'attentat commis le 7 janvier 2015 au journal satirique Charlie Hebdo, dans lequel 12 personnes ont été assassinées. L'attaque a été revendiquée par Aqpa.

Il comparaît aussi pour la séquestration en bande organisée en 2011, pendant plus de cinq mois, de trois ressortissants français, membres de l'ONG Triangle génération humanitaire.

Même s'il a usé la plupart du temps de son droit au silence pendant le procès, Peter Cherif a reconnu avoir été l'un des geôliers des trois humanitaires, ayant servi de "traducteur" pour faire l'interface entre les otages et leurs ravisseurs yéménites d'Al-Qaïda. Il a, en revanche, réfuté avoir joué un rôle dans l'attentat de Charlie Hebdo.

Les avocats généraux ont demandé à ce qu'il soit déclaré "coupable" de l'ensemble des charges qui lui sont reprochées, dressant pendant plus de quatre heures le portrait d'un "jihadiste intégral" qui fut "la pierre angulaire de la préparation" de l'attentat de Charlie Hebdo, dont la dangerosité est selon eux toujours "maximale".

Vérité judiciaire

Concernant le volet sur Charlie Hebdo, Me El Ouchikli a observé que son client n'était pas jugé pour "complicité". Selon lui, "le ministère public a avoué qu'il n'avait pas les éléments" en ce sens "et a contourné" la difficulté en l'accusant d'"association de malfaiteurs terroriste criminelle", une infraction très élastique et souvent qualifiée de fourre-tout.

Son confrère, Me Sefen Guez Guez, a fustigé les éléments sur lesquels s'est fondé le ministère public pour démontrer la culpabilité de Peter Cherif - en particulier des notes déclassifiées et des déclarations d'un trafiquant d'armes. "Ca suffit pour construire une vérité judiciaire ?", a-t-il lancé. "Je ne le pense pas".

Les avocats ont tenté de répondre aux multiples critiques sur le silence observé par Peter Cherif pendant les débats.

"Est-ce que ce procès a permis de répondre aux questions des parties civiles?", a demandé Me El Ouchikli. "Peut être que l'une des raisons du silence ou des prises de parole ponctuelles de Peter Cherif, c'est que ces réponses-là, il ne les a pas", a-t-il avancé. 

"Ce qu'il est prêt à assumer, c'est un récit totalement désincarné", mais aux questions factuelles, "il se ferme" et "dès qu'on parle des attentats de 2015, il fuit", avait critiqué mercredi un des deux avocats généraux, Benjamin Chambre.

"Il y a eu de l'incompréhension et de la colère", avait déclaré Me Marie-Laure Barré lors des plaidoiries des avocats de parties civiles.

"Répondre aux questions, ça c'était des actes de compassion. On n'a rien eu, tout était sous contrôle", avait-elle poursuivi. "Cette stratégie, elle est désastreuse, elle fait mal".

Juste avant que la cour ne parte délibérer, Peter Cherif, qui était invité à s'exprimer pour ses derniers mots, a indiqué qu'il n'avait "rien à ajouter".

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