Veolia reconduit pour gérer la distribution d'eau en Ile-de-France

Après bien des péripéties dans la procédure d'appel d'offres, les communes d'Ile-de-France (hors Paris) ont décidé jeudi de confier de nouveau à Veolia pour 12 ans la gestion de l'eau potable de plus de 4 millions de personnes, en dépit...

Après bien des péripéties dans la procédure d'appel d'offres, les communes d'Ile-de-France (hors Paris) ont décidé de confier de nouveau à Veolia pour 12 ans la gestion de l'eau potable de plus de 4 millions de personnes © KENZO TRIBOUILLARD
Après bien des péripéties dans la procédure d'appel d'offres, les communes d'Ile-de-France (hors Paris) ont décidé de confier de nouveau à Veolia pour 12 ans la gestion de l'eau potable de plus de 4 millions de personnes © KENZO TRIBOUILLARD

Après bien des péripéties dans la procédure d'appel d'offres, les communes d'Ile-de-France (hors Paris) ont décidé jeudi de confier de nouveau à Veolia pour 12 ans la gestion de l'eau potable de plus de 4 millions de personnes, en dépit de tentatives du rival Suez de contester cette hégémonie.

"Le comité approuve à la majorité absolue des scrutins exprimés le choix de la société Veolia", a déclaré à l'issue d'un vote à main levée, le président du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) André Santini, aux manettes de cette structure depuis 1983.

Le géant industriel de l'eau (ex-Compagnie générale des eaux) gère le syndicat depuis sa création il y a cent ans.

La procédure d'appel d'offres de ce marché de quatre milliards d'euros a connu son lot de rebondissements, et cela n'est peut-être pas fini : lundi, le Conseil d'Etat étudiera en appel un recours de Suez, qui conteste la décision du Sedif de poursuivre l'appel d'offre après qu'un bug informatique a ce printemps fait atterrir chez Veolia des documents confidentiels.

Le recours de Suez avait été rejeté en première instance.

La signature du contrat est à ce stade suspendue à la décision du Conseil d'Etat.

Jeudi, Suez a simplement réagi au vote en prenant acte, dans l'immédiat.

Les élus du Sedif, réunis à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) dans une des usines du syndicat, ont approuvé à 88 voix pour (3 voix contre, aucune abstention) le choix de la direction et de son président André Santini.

Le Sedif "a reçu deux belles offres, sans doute les plus belles du monde selon nos experts", a déclaré M. Santini, mais, a-t-il souligné à propos de Veolia, "une offre se distingue, présente toutes (les) qualités signalées par nos collaborateurs et conseils".

Celle-ci "présente un net avantage d'un point de vue tarifaire" (la part revenant au délégataire, en l'occurrence Veolia, représentant 20% du prix de l'eau), a expliqué la direction du Sedif.

Cette offre lui est également apparue comme "plus performante" sur le plan technique.

Ces deux critères, parmi les six évalués, pèsent à eux deux 60% de la note donnée par les équipes du Sedif et un expert: au global, l'offre de Veolia obtient la note de 81,19 sur 100, celle de Suez de 69,31 sur 100, selon la présentation de près d'une heure faite par le prestataire chargé d'analyser les deux candidatures.

Projet pharaonique

Le combat pour ce marché, l'un des plus importants du genre en Europe, avait été secoué au printemps par un incident sur la plateforme informatique du Sedif, qui a envoyé chez Veolia des documents destinés à Suez.

La procédure avait alors été gelée plusieurs mois, avant que le Sedif décide en octobre de poursuivre l'instruction des dossiers sur la base des offres reçues avant l'incident.

Suez a alors attaqué en justice, puis été débouté fin novembre par le tribunal administratif de Paris, pour qui la décision du Sedif n'était "pas entachée d'erreur d'appréciation".

Le Conseil d'Etat ne devrait pas se prononcer lundi, mais les préconisations du rapporteur public devraient donner une première indication.

Dina Deffairi-Saissac, conseillère municipale (EELV) de Saint-Ouen et une des rares élues à voter contre le choix de jeudi, a pour sa part dénoncé avant le scrutin "un projet pharaonique".

Car le Sedif porte un projet colossal de transformation de ses usines de traitement de l'eau, qui devront être équipées à l'horizon 2030 d'une technologie dite d'"osmose inversée basse pression" (OIBP) visant à purifier l'eau via un système de membranes.

Ce projet, dont les travaux sont désormais évalués à plus d'un milliard d'euros hors taxe, doit permettre aux communes concernées de bénéficier d'une eau "sans chlore" et "sans calcaire", promet le Sedif.

Ces transformations devraient faire croître la facture d'eau de 36 à 48 euros par an et par foyer, avait souligné le débat public obligatoire, dont les conclusions ont relevé le manque d'informations sur les impacts sanitaires, environnementaux et financiers.

Les détracteurs de ce projet énergivore craignent que les rejets des usines se traduisent par un "report" des pollutions sur les acteurs voisins.

Le Sedif assure que le "concentrat" issu de la filtration, fort en micropolluants et matières organiques, n'ajoutera pas de substances polluantes aux eaux de surface dans lesquelles il sera rejeté.

"La fuite en avant dans le tout-technologique ne répond pas aux enjeux sur la question de la réduction de l'exposition aux pesticides", a pour sa part réagi jeudi Dan Lert, président (EELV) d'Eau de Paris.

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